Chapitre 14

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   - On commence quand et par quoi ?

Je relève la tête de mon téléphone.

   - Pardon ?

   - Par quoi on commence pour récupérer Darina ? demande Darryl d'un air impatient.

Je le regarde, décontenancé. Je ne pensais pas qu'il en reparlerai tout de suite.

   - Euh... Je ne sais pas.

Il tapote des doigts sur la table basse et regarde fixement son portable, comme s'il pouvait lui être d'une quelconque aide.

   - Je peux appeler Layla ?

   - Bah oui, pourquoi tu me demandes ?

   - Non mais je veux dire, est-ce que je peux l'appeler pour qu'on monte un plan ?

Je le fixe à mon tour, décontenancé.

   - Tu sais, c'est les vacances de Noël...

   - Arrête de dire de la merde, Darius. Tu sais mieux que moi qu'elle n'a pas de famille à part sa mère.

Je hausse les épaules.

   - Ça n'empêche pas qu'elle ai envie d'être tranquille pendant les vacances. Sans un con pour l'emmerder.

   - Je ne pense pas qu'elle te prenne pour un con.

Je hausse de nouveau les épaules.

   - Est-ce que tu as vraiment envie de la voir ?

Quelle question. Bien sûr que j'ai envie de la voir. J'ai aussi envie de l'embrasser et de la prendre dans mes bras.

   - Oui. Mais je ne sais pas si elle, elle a envie de me voir. Elle a passé sa journée à m'éviter, hier.

   - Moi je suis sûr que si.

Avant que je n'ai pu protester, il prend son téléphone et cherche quelques secondes, pour finalement mettre le son.

   - Oui, chéri ?

   - Layla ! J'ai quelque chose de super à te proposer. On va caser Darius et Darina ensemble.

J'entends des cris hystériques provenir du téléphone.

   - C'est une super idée ! Finit-elle par dire, après s'être calmée.

   - Avant ça, il faut qu'on t'explique deux trois trucs. Tu peux venir à l'appartement, là ?

   - C'est faisable. Je suis là dans dix minutes.

   - À tout de suite.

Il raccroche, un sourire espiègle aux lèvres, alors que j'ai juste eu l'impression d'avoir assisté à un spectacle sur ma vie, où je n'avais aucun pouvoir sur la suite des évènements.

   - Tu ne peux pas te défiler, là.

   - Tu vas dire à Layla ce qui s'est passé ?

   - Non, mieux que ça. TU vas lui dire.

Je soupire. Je ne me sens vraiment pas de lui raconter tout. J'ai un minimum le temps de me préparer psychologiquement avant qu'elle ne vienne, c'est déjà ça. Sauf que quand elle arrive, je ne suis toujours pas prêt. Darryl va lui ouvrir, lui dit bonjour et quand ils reviennent, je me sens particulièrement nerveux, pour une raison que j'ignore.

   - Darius ! Dit-elle en se laissant tomber sur le canapé. Qu'est-ce qu'il se passe ?

Je reste muet. Je n'ai pas du tout envie d'en parler.

   - Allez, si tu veux la récupérer, il faut bien que tu lui racontes, pour qu'elle puisse nous aider, m'incite Darryl.

   - J'ai pas trop envie, marmonnai-je dans ma barbe - enfin, c'est une métaphore, je n'ai pas de barbe.

   - Darius.

   - Darryl.

   - Putain, t'es chiant.

   - J'ai jamais dit le contraire.

Il lâche un long soupir, puis dit d'une voix qu'il se veut menaçante :

   - Si tu ne lui dis pas, c'est moi qui le fais.

   - Bah vas-y.

   - S'il te plaît, Darius, j'ai vraiment envie de savoir, moi !

Ils me supplient, me menacent et me supplient encore pendant dix minutes avant que je ne cède, parce que je n'ai pas la force de résister plus longtemps.

   - D'accord, d'accord. Bon, alors. C'était jeudi soir, on était en train de finir l'exposé d'histoire... et je sais plus vraiment comment, mais on s'est retrouvé à quelques centimètres l'un de l'autre. Et quand j'allai l'embrasser, elle s'est barré.

Je fais une pause, le temps de digérer ce que je viens de prononcer à voix haute.

   - Elle s'est barrée ? Comme ça ? Demande Layla avec étonnement.

Je hoche la tête avec tristesse. Comme une sorte de nostalgie s'empare de moi, même si ce n'était qu'il y a deux jours.

   - Ensuite ?

   - Ensuite... Je l'ai suivit. Dans la rue. Elle s'était cachée dans une ruelle. Et... Elle m'a dit qu'elle était désolée, elle m'a embrassé, elle s' est re-excusée, et puis on s'est vraiment embrassé, genre longtemps. Après, elle a dit... Elle a dit que ce n'était pas une bonne idée.

C'est là que je me suis rendu compte que j'avais les larmes aux yeux. Alors que j'étais juste en train de raconter un des baisers les plus géniaux de la vie. Suivi d'un rejet total.

   - Sérieusement ?! S'écrie soudain Layla. Mais comment elle peut faire ça ?

Je hausse les épaules, me contraignant au silence, car je risque sans doute de pleurer si j'ouvre une nouvelle fois ma bouche.

   - Vous n'avez pas mangé ensemble ce midi ?

Je tourne la tête de droite à gauche.

   - Vous vous êtes parlé ?

Je réitère le mouvement de tête.

   - Elle t'as ignoré, en gros. J'irai bien lui toucher deux mots sur son comportement, moi.

Je secoue vivement la tête. Il ne faut surtout pas qu'elle lui parle de ça. Il faut que ce soit moi qui le fasse.

   - Bon, il faut absolument que tu lui parles avant Noël, sinon ça va te gâcher les vacances.

   - Le problème...commençai-je d'une voix étranglée, c'est qu'elle ne voudra certainement pas me parler.

   - Elle n'aura pas vraiment le choix, si tu vas directement chez elle.

Je la dévisage en silence.

   - Je ne peux décemment pas me pointer chez elle pour lui imposer une conversation qu'aucun de nous ne veut avoir, surtout pendant les fêtes de fin d'années.

   - Si. On va faire ça.

   - Je vais faire ça.

   - Ouais, enfin, t'as compris, quoi.

J'approuve et tourne la tête vers Darryl, resté silencieux depuis le début du débat entre Layla et moi.

   - Qu'est-ce que tu en penses ?

En fait, c'est assez stupide de lui demander ça, il sera toujours du côté de sa copine, quoi qu'il arrive.

   - Tu devrais faire ça.

Je me retourne vers Layla, qui me regarde d'un air de dire "Tu vois, j'avais raison".

   - Tu vas quand, chez elle ?

   - Demain. C'est dimanche, et sa mère sera sans doute là-bas, comme ça, elle ne pourra pas me jeter dehors.

   - Ok. Tu m'appelleras, hein ?

La MystérieuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant