J'étais tellement pétrifiée par le combat et par les évènements que j'en ai oublié le minuscule bracelet.
- Isis, je retourne à la clairière. Je retrouverai le bracelet mais je ne reviendrai pas. Je veux que vous oubliiez tous que vous m'avez connue.Je fais demi-tour mais elle m'attrape le bras :
- Si tu n'as pas réussi à convaincre mon frère de te laisser tomber, tu n'as aucune chance de me convaincre moi. Nous irons ensemble. Et tu reviendras.
Je souris mais dégage son bras :
- Hors de question de te mettre en danger !
- Je suppose que tu lui avais dit la même chose.
- Oui...
- Je viens avec toi.
Je ne réponds pas et continue d'avancer.
- Avec ou sans toi, nous risquons nos vies à chaque instant. Nous sommes des Méridians !
- Et je suis une princesse fugitive recherchée partout. Isis, je dois y aller... seule.
- Tu n'y arriveras pas avant eux si tu y va à pied. Ils ont laissé toutes leurs armes sur place, ils vont revenir les chercher dès qu'ils auront averti la population !
- Je ...
- Monte.
Je sais que je n'arriverai pas à la convaincre. Je suis faible, elle est forte.
Elle me tend une main, que je prends. Et je monte derrière elle : chevaucher l'énorme prédateur qu'est l'ours me procure une impression de supériorité. Impression qui s'envole aussitôt quand je réalise que je ne contrôle aucun de ses mouvements. La chaleur qui se dégage de sa fourrure m'apaise légèrement. Isis s'écrie :
- Nous serons de retour avant que les soldats atteignent le camp !
Et elle lance l'ours.
J'ai à peine le temps d'entendre les protestations d'Elia et les questions d'Oren que nous sommes déjà hors de portée de leurs voix. Galoper sur un ours est beaucoup plus agréable que sur un cerf. Ses foulées lentes et identiques contrastent avec les bonds désordonnés et irréguliers des animaux aux bois impressionnants.
- Isis, je voulais savoir pourquoi tu n'as pas demandé aux ours de venir nous aider pendant le combat ? Je veux dire avant qu'Elia se fasse blesser.
Je hurle presque pour me faire entendre. J'ai beau être tout près d'elle, la vitesse à laquelle l'ours se déplace est impressionnante pour une si grosse masse, et il faut que je crie pour me faire entendre.
- Les animaux ne sont pas responsables de ce que font les hommes. Je ne veux pas les faire se battre, alors que rien n'est de leur faute. De toute façon ils ne se battent que lorsque je suis en danger où en détresse, jamais parce qu'on leur donne des ordres.
Elle considère vraiment les animaux comme ses égaux... Personne ne pensait de cette manière, là-bas, au château.
De toutes manières, personne n'osait dire ce qu'il pensait.
Nous n'avons pas mis longtemps avant de retrouver le lieu du combat. Rien n'est différent depuis que nous l'avons quitté. Personne n'est venu en notre absence. Je descends précipitamment, ou plutôt tombe de notre monture à fourrure, et m'approche de l'endroit où les soldats mangeaient, méfiante, aux aguets. Je commence à fouiller dans l'herbe, cherchant à tout prix un éclat argenté. Puis je le trouve.
Par terre, un médaillon git, à moitié plié. Il manque la chaîne mais aucun risque que je sois identifiée à cause de ça.
- C'est bon ! Je l'ai !
Je me précipite vers Isis. Puis me fige. Des cliquetis d'armes.
Les soldats reviennent, et visiblement avec de nouvelles montures. J'accélère l'allure. Je vais aussi vite que possible. L'ours s'approche de moi. Je m'appuie sur ses flancs et prends la main d'Isis. Je m'assois derrière elle à l'instant où le tout premier soldat nous aperçoit :
- Elles sont encore là ! Dépêchez-vous !
Alors l'ours bondit en direction du camp. Je me raccroche de justesse à mon amie. Si j'étais tombée, j'aurais sûrement été capturée. Une chance déjà qu'aucun soldat ne m'ait reconnue, la poussière terreuse accumulée cette nuit sur mon visage en est sûrement la seule raison. Ainsi que mes cheveux libres... et l'absence de maquillage. Et cette posture de bête sauvage de j'ai adoptée.
En fait, je crois que la "Jade" qu'ils auraient pu reconnaître est morte.
J'entends les soldats hurler et leurs montures claquer du bec. La course-poursuite a commencé.
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Valandia. T1_Maudite
FantasyTOME 2 ABANDONNÉ « Le sang... le sang partout. Le sang dans ses yeux, le sang sur mes mains. Partout. » J'ouvre les yeux. La sueur colle à tous les pores de ma peau. Cauchemar. Ce n'était qu'un cauchemar. Puis je me rappelle de la date d'aujourd...