LITTLE RUSK (Petite Biscotte)

Chapitre XII : Contrepartie et tutti quanti - Partie 2

Mark

Deux ou trois rides se sont certainement rajoutées sur mon front le temps de faire le chemin en suivant Jack pour atteindre son bureau. Ma petite escapade à Quantico n'a rien donné. Cependant, je sais exactement par où commencer. Au moment où il ferme la porte, je le saisis par le col, sans lui faire le moindre mal, et je le soulève pour qu'il ne touche plus terre. Cette technique d'intimidation est indolore, c'est Jack qui me l'a apprise. En fait, elle permet à celui qui la détient de faire parler son interlocuteur sans qu'il puisse lui échapper. Tout à fait mon intérêt.

— Repose-moi, petit. Ce n'est pas le moment, m'ordonne Jack le plus calmement du monde.

— Ce n'est pas toi qui décides, vieux. Je veux la vérité.

— Je ne m'enfuirais pas, repose-moi je te dis, répète mon ami. Je sais qu'il est temps que je te dise tout.

Même si je suis curieux de connaître les raisons pour lesquelles je suis ici, je ne me laisse pas berner. Il est très fort à ce petit jeu-là. Il va falloir qu'il réponde à deux ou trois questions avant toutes choses.

— Pourquoi Léa est-elle en danger ? commencé-je.

— Pourquoi t'intéresses-tu tant à elle ?

— Ne réponds pas à une question par une autre. Alors ? insisté-je.

— Léa est en situation difficile depuis toujours. Seulement, auparavant je pouvais la protéger. Aujourd'hui, c'est plus difficile.

— Explique-toi, demandé-je en fronçant les sourcils. Je n'ai pas besoin d'énigme, je crois que le temps presse. Est-ce lié à son adoption ? L'autre jour, tu avais commencé à en parler, continue !

— Je ne peux pas tout te raconter, s'obstine mon mentor.

— Si, tu me le dois. Je veux connaître toute la vérité. Torres...

— Quoi Torres ? demande Jack, stressé. Repose-moi, il faut que tu me dises tout ce que tu sais sur lui.

J'abdique en détectant une sorte de détresse dans son regard. Presque de la peur. Je n'avais jamais décelé ce genre d'émotion chez lui.

— Il faut que tu mettes toutes les cartes sur la table, Jack. C'est toi qui m'as mis en danger l'autre nuit. Torres te connaît bien, et même très bien. Pourquoi ne m'en as-tu pas informé dès le début ? Ou au moins à mon arrivée ? Et sais-tu quelque chose au sujet de Kaleb ?

— Parce que ça fait trop longtemps que dure toute cette histoire, murmure-t-il comme pour lui-même.

— Explique-moi ? m'énervé-je de plus belle.

Il se frotte la nuque et se sert un verre. Il hésite à tout me dévoiler.

— Tu sais que tu peux me faire confiance, reprends-je. Je peux t'aider.

— Je sais, là n'est pas la question. Je suis bien trop impliqué dans cette affaire. Je ne suis plus en mesure de la gérer seul. Vingt ans que je me mine !

Il frappe le mur face à son bureau du poing.

— Calme-toi, Jack dis-je en m'approchant de lui déconcerté par l'état de mon ami. On va trouver une...

Un cri de peur coupe net notre importante conversation. Le temps de sortir nos armes et la porte du bureau s'ouvre violemment, laissant apparaître Léa maintenue fermement par les cheveux par une armoire à glace que je pense reconnaître et tentant de se débattre à tout prix. Les suivent de très près Torres et... Kaleb.