Chapitre III : Mission superflue - Partie 2

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Partie 2 

Léa

Je ne sais pas comment j'ai fait pour remonter dans la chambre aussi vite. Je crois avoir rarement été aussi énervée contre quelqu'un de toute ma vie. Sérieusement, Mark m'horripile. Il veut tout contrôler et tout le temps. Un patron quoi. Je ne sais pas pourquoi je suis surprise en fait, les hommes comme lui, je les connais. Avides de pouvoir, ils croient que le monde leur appartient et qu'ils peuvent décider de ce qui est bien ou non à la place des autres.

Je pensais qu'il pouvait peut-être être différent, mais finalement ce n'était qu'un leurre. Un homme d'affaires le jour, et quelqu'un de plus accessible la nuit, mais je me suis bien fourvoyée. Monsieur Vauhgn n'est qu'un petit merdeux, uniquement intéressé par le fait qu'il a toujours raison. Comme ça m'exaspère !

Bref, peu m'importe son avis, j'irai travailler aujourd'hui. Je ne vais pas continuer à me laisser abattre. Je n'ai même pas déballé mes affaires depuis mon arrivée ici. Après une fouille approfondie dans l'espoir de retrouver ma broche peut être dissimulée à l'intérieur de ma valise, j'en sors une jupe crayon blanche ainsi qu'un chemisier rose pâle et je file tout de suite sous la douche. J'essaie de me remémorer où j'aurais pu fourrer mon bijou, sans succès. Je m'applique ensuite à me coiffer correctement, mais surtout à me maquiller habilement de telle façon qu'on ne remarque ni mes cernes ni les traces de fatigue qui marquent mon visage. Je chasse de mes pensées la perte de mon précieux souvenir, je saisis mon sac à main, un dernier coup d'œil à mon reflet dans le miroir immense à l'entrée de la chambre et je me glisse dans l'ascenseur.

Une fois en bas, j'aperçois Jack un peu plus loin en train de discuter avec Mark. Je fais en sorte de les éviter soigneusement et me dirige vers la boutique.

— Alors princesse, comment tu te sens ?

— Jim ! crié-je en sautant presque dans les bras de mon ami.

— Tu ne veux pas te reposer un peu plus ?

— Non, j'en ai marre de végéter ! J'ai besoin d'action et la boutique est le meilleur moyen pour me faire oublier tout ça, réponds-je avec enthousiasme.

— Hum...

— Je ne te demande pas ton approbation papy ! dis-je en riant.

— Alors ça, je suis au courant ! Tu as vraiment une tête de bois par moments ! Et je ne vais pas me battre avec toi, mais...

— Mais tu m'auras prévenue, oui je sais ! le coupé-je avec une pointe d'agacement dans la voix. Ça va aller, ne t'en fais pas. Et je ne relève pas ton expression de derrière les fagots, parce que sinon ça voudrait dire que j'encourage tes inepties littéraires ! ajouté-je en lui assénant une petite tape sur l'épaule pour le rassurer et changer de sujet.

— Bon, ça y est, c'est ouvert, dit Jim l'air tourmenté, sans relever ma blague. Tu es sûre que ça ira ?

— Mais oui ! Tu sais que tu es mignon quand tu t'inquiètes ?

— Arrête un peu, appelle-moi si besoin, je ne suis pas loin, dit-il en s'éloignant.

— Merci ! À plus papy !

Ça y est, je suis seule au milieu du magasin, il est tout juste huit heures trente. Je ne sais pas trop par quoi commencer. Je prends conscience que j'ai perdu tous mes repères alors que ça ne fait que deux jours que je ne suis pas venue travailler, le temps du week-end quoi.

Durant une demi-heure, j'arrive à m'occuper un peu, mais je tourne en rond. Je plie, je déplie et replie les mêmes vêtements, perdue dans mes pensées. D'habitude, je sais exactement quoi faire et à quel moment. Mais cette fois-ci, mon rituel de chaque matin ravive des souvenirs de la journée de vendredi, celle où tout a basculé.

LITTLE RUSK (Petite Biscotte)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant