Chapitre XII : Contrepartie et Tutti Quanti - Partie 4

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  Jack

Ça y est, c'est le moment. J'ai tout enregistré. Ça fait vingt ans que j'attends cet instant. Je ne sais pas ce qu'ils foutent en bas, mais ils se font attendre. Torres est incapable de surveiller ses arrières au vu du nombre de raïs de coke qu'il a dû s'enfiler avant de venir réciter la tirade de sa vie. Je ne pensais pas que Léa allait tenir aussi bien le coup après toutes ces vérités sur sa naissance. Je m'étais préparé à ce que José balance ses obscénités comme une poignée de graines, mais pas avec si peu de filtres. Profitant que toute son équipe se galvanise de leur succès, je fais en sorte de pouvoir parler à Mark discrètement.

— Tu as entendu le code ? lui chuchoté-je.

— Oui, « petite biscotte ». La cavalerie arrive ?

— Exact, mon grand, dans quelques secondes. Merci d'être toujours avec moi, Mark.

— Et ce n'est pas fini, me répond mon ami avec la détermination que je lui connais.

Il s'enquiert de la santé de Léa, alors que mes enfants et mon pire ennemi fêtent leur victoire, devant nous, sans aucune gêne, aucune peur. Torres a toujours été malin sur la durée et dès que l'affaire prend une tournure à sa convenance, il lâche du lest. J'ai même cru, à un moment, qu'il ne se laisserait pas avoir aussi facilement. Le faire sortir du trou où il était caché depuis près de vingt ans n'a pas été chose simple. Je vais donner le coup de grâce à cet affront, qu'on en finisse. Léa ne doit pas subir toute cette pression plus longtemps.

— Alors, Jack, prêt ? me demande Kaleb avec une once d'ironie dans sa voix.

— À quoi veux-tu qu'il soit prêt ? Il doit être au bout de sa vie, répond Torres à ma place. On va sortir d'ici et les faire tous exploser avec cet hôtel de merde ! On en reconstruira un plus beau avec le fric de l'assurance !

Torres titube en ricanant, complètement shooté. Il me fait pitié. La porte de mon bureau tombe après quelques coups bien mesurés.

— FBI ! Posez vos armes !!!!!

Et voilà. Ces quelques mots signifient la fin du cauchemar. Le plus beau des tableaux s'offre à moi. Kaleb tient Torres et ses compères en joue, alors que Mark délivre Léa de ses liens, la prend dans ses bras pour la protéger. Mon fils redevient enfin lui-même. L'équipe qui met les menottes à José est en place dans l'hôtel depuis six mois. J'observe Léa qui est totalement surprise de voir Jim mettre à terre sans le moindre mal un des gorilles de son drogué de père. Je ne m'entoure que des meilleurs. Mark en fait partie. Mais il était indispensable qu'il en sache le moins possible pour l'être encore plus. Mon souci du moment avant de faire quoi que ce soit d'autre, c'est de savoir comment se sent ma fille après tout ce qu'il vient de se passer. Je l'observe traverser la pièce à grandes enjambées, très sûre d'elle. Je suis surpris de ce comportement si peu opportun à la situation qu'elle en train de vivre. Trahir sa famille n'est pas chose facile, et je suis prêt à tout pour la retrouver et qu'elle se sorte au mieux de cette période qui a dû être affreuse à vivre pour elle.

— Comment as-tu pu croire une seule seconde que j'épouserais un type comme toi ? débite Nyna en rejoignant Torres qui, lui, est dans une bien mauvaise posture.

— Nyna, interviens-je surpris et inquiet de ce que je viens d'entendre. Je...

— Papa, je t'en prie, laisse-moi lui parler, me coupe-t-elle, déterminée.

Je ne l'ai jamais vue ainsi. Elle arbore un visage fort et lisse. Elle a troqué son masque triste pour un faciès étonnamment serein, comme si elle était fière du devoir accompli. Elle s'accroupit devant José et lui montre une photo.

LITTLE RUSK (Petite Biscotte)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant