71. Irrésistible...

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Une semaine s'était écoulée. J'avais mis cette histoire de baiser dans un coin de ma tête, espérant ne plus avoir à y penser. Croiser Gringe dans l'appart' ne me posait plus vraiment de problème. Je me comportais comme je le faisais avant toute cette histoire. Du moins, j'essayais. Mais depuis quelques jours, mon esprit ne faisait que de me faire penser à lui. Même lorsque je dormais, je faisais constamment des rêves  chelous. Des rêves dans lesquels, je finissais toujours par me retrouver, à un moment ou un autre, seul, avec Gringe. Et dans ces moments-là, je pouvais sentir cette tension, celle qui, dans la réalité, poussait tout individu à fixer les lèvres de son interlocuteur avec cette irrésistible envie de les lui croquer. 

Je me réveillai en sursaut. Mes lèvres étaient sèches, pâteuses. J'avais refait un rêve du même  genre mais cette fois-ci, j'avais atteint un cran supérieur: j'avais échangé un baiser avec Gringe. Ou plutôt j'avais baisé sa bouche. Savoir que mon pote était homo ou bi n'était pas un problème en soi, c'était devenu un problème uniquement parce que l'objet de tous ses fantasmes, c'était: Moi. J'essayais de penser à autre chose mais la scène me revenait en tête: ses yeux d'un vert profond, proche du brun lorsque l'on se trouvait dans la pénombre, ses lèvres un brin pulpeuses, humides mais pas trop, cet échange de salive maitrisé à la perfection. Je mentirai si je disais que le Gringe de mes rêves embrassait mal. Mais le Gringe de la réalité embrassait-il aussi bien? 

Je m'attendais à ce que ma copine me demande, comme elle en avait pris l'habitude, si mon sommeil n'avait pas été très agité. Mais elle ne le fit pas. Et pour cause: elle n'était pas dans la chambre: elle était sûrement partie faire du shopping avec la meuf de Gringe. Chose qu'elle faisait de plus en plus quotidiennement. Comme si elle essayait de combler un vide. La mort de nos bébés (ou de ceux de Gringe). Gringe avait été vague au sujet de ce qui s'était passé après l'accident. Les multiples blessures qu'un malade mental lui avait infligées étaientt toujours un mystère. La police n'avait pour le moment rien apporté comme preuves. L'affaire avait même peut-être été classée sans suite sans que nous ayons été avertis. Soit, si l'affaire restait en suspens cela signifiait que Gringe n'avait, potentiellement, pas trop de risques à se faire pour l'instant. Les personnes normales auraient coupé les ponts avec lui. Moi, non: j'étais quelqu'un de fidèle. Potes à la vie, à la mort. 

Au vue de tout ce qui s'était passé, Gringe et moi avions décidé de ne pas savoir qui aurait été le père. Je me levai de mon lit pour aller dans la cuisine, histoire de m'hydrater. L'appart' était silencieux. J'étais sûrement seul, avec Musachi. J'ouvris le frigo, attrapai la bouteille de lait qui se trouvait sur l'étagère du haut. Le lait était frais, très rafraichissant. Je remis la bouteille de lait où je l'avais prise puis me dirigeai vers la salle de bain. J'observai mon reflet. Mes yeux étaient cernés, mes cheveux dans tous les sens. J'attrapai ma brosse à dent et le tube de dentifrice. Je me brossai les dents d'un geste ralenti: je repensai une fois encore au rêve que j'avais fait ce matin. Décidément, j'étais plus perturbé que ce que je pensais. Mes dents étaient enfin propres. Je souris exagérément à mon reflet pour en admirer la blancheur. 

Une fois satisfait, j'ôtai mon caleçon à l'aide de mes mains puis pour finir avec mes pieds. Je m'apprêtai à entrer dans la baignoire mais lorsque je tirai légèrement le rideau de douche, j'aperçus un corps dénudé. Mes yeux arrivèrent à la tête du barboteur: il s'agissait de Gringe. Il faisait tellement chaud en cet été qu'il avait pris l'habitude de prendre des bains glacés. En me voyant, Gringe écarquilla les yeux puis se mit debout pour sortir de la baignoire après avoir retiré le bouchon de celle-ci. Cette scène dura assez longtemps pour que mes yeux aient eu le temps d'apercevoir (malgré moi) ses parties intimes. Gringe était un gars musclé certes, mais je n'aurais jamais pensé qu'elles étaient aussi... Grosses. Comment un engin de cette taille pourrait rentrer dans... Putain, pourquoi je pensais à ce genre de chose...

Gringe se trouvait maintenant juste devant moi. Ses cheveux bruns, mouillés, tombés sur son visage et contrastaient avec le vert de ses yeux. Son corps était ruisselant. Je m'écartai de la baignoire pur lui laisser assez de place afin qu'il puisse en sortir. Evidemment, l'écart entre son corps et le mien était si mince que nos corps finirent par s'effleurer. Son corps était humide, froid. Alors que le mien était moite de sueur et brûlant. J'attendis que ses deux pieds touchent la serviette qui se trouvait au sol avant d'entrer dans la baignoire comme pour me réfugier de... Lui, de son corps. Je revoyais ses lèvres humides, collées contre les miennes. Ma langue passa sur toute la longueur de ma lèvre supérieure. Je revins à moi, me rendant compte que ma bite était toute droite. Je passai la tête à travers le rideau en tenant ma respiration : Gringe était toujours dans la salle de bain, nu, en train de coiffer ses cheveux avec du gel. 

Je me redissimulai dans la baignoire, adossé contre le mur carrelé. Ma main droite vint s'enrouler autour de ma verge. J'avais la respiration coupée. Je ne voulais pas le faire. Du moins, ma raison ne voulait pas que je le fasse, me renvoyant des signaux de dégout. Mais mon Moi intérieur me poussait à me soulager et à soulager cette partie de moi qui ne semblait pas être insensible à Son corps. Je fermai les yeux, commençant à faire danser ma main lentement le long de ma bite. Je commençai à me détendre. J'accélérai la cadence, ne me rendant pas compte que ma respiration suivait... Je me mordis la lèvre inférieur pour ne pas laisser échapper de soupir. Lorsque j'ouvris les yeux, je m'aperçus que Gringe était là, face à moi, légèrement en biais, en train d'essuyer ses joues, qu'ils avaient sans doute rasées légèrement, avec sa serviette de bain. Ses yeux étaient fixes, me dévisageaient. Aucun doute sur le fait qu'il avait vu toute la scène...

A.C   [ORELSAN / GRINGE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant