31. Pris en otage

171 9 16
                                    

Je me levai de la chaise sur laquelle j'étais assis, me précipitant dans la chambre de Gringe. La lumière était allumée ce qui me permettait de voir les deux silhouettes en mouvements. Pour le moment, il n'y avait rien de passionnant. Gringe et ma pseudo  petite amie étaient assis sur le bord du lit et discutaient. Ce fût ainsi pendant une bonne vingtaine de minutes.

-Tellement nul à chier le programme... Soupirai-je, m'enfilant deux-trois pop-corn accompagné d'une gorgée de soda.

Gringe affichait un air serein. Il était certainement en train d'essayer de l'attendrir avec son ton posé. "Dommage que je n'ai pas la bande son", pensais-je d'un air dégouté. Je repartis dans le salon récupérer un paquet de fraises Tagada.  "Putain, le coup de baiser", repensai-je, en envoyant valser une petite  fraise dans les airs par un claquement de doigts que je rattrapai avec ma bouche. Lorsque je revins dans la chambre, les choses commençaient à se mettre en place: Gringe était en plein échange de salive, en train de tenter de la faire basculer sur le dos petit à petit. Mais, je-ne-sais-pour-quelle-raison, Gringe s'arrêta brusquement et quitta la pièce, laissant notre meuf seule sur le lit. Je mâchai plus lentement ce qui se trouvait dans ma bouche comme tenu en haleine par ce qui se passait sous mes yeux. Pourquoi avait-il quitté la pièce? C'était vraiment la pire des choses à faire si l'on souhaitait ken... Ma copine se passait les doigts dans sa longue chevelure brune, d'un geste assez sensuel ce qui me coupa la respiration quelques seconde.

-Mais qu'est-ce qui me prend, putain, me dis-je à moi-même en me donnant une tape sur la tête.

Mon portable se mit à vibrer: c'était Gringe. Il se demandait où étaient les capotes...

Je lisais le message, amusé. Tenté de lui répondre "Dans ton cul". Mais je me retins, imaginant qu'il était bien assez en stress comme ça. Je visualisai mon appartement, essayant de me rappeler où est-ce que je les avais mise quand je me souvins que j'avais utilisé la dernière la semaine dernière.

Moi: "Y'en a plus"

Je posai toutes mes cochonneries sur le lit, fouillant chaque recoin de l'appartement de Gringe, dans l'optique de le sortir de cette mauvaise passe. Au bout de quelques minutes, je finis par en trouver dans derrière une pile de dvd. J'envoyai aussitôt un sms à Gringe pour le prévenir que j'allais me pointer.

Moi: "Je viens..."

Je dévalai l'escalier en trombe, traversai la rue qui séparait nos deux immeubles puis m'engouffrai dans le couloir. Je ralentis ma course lorsque j'arrivai sur le palier, à quelques mètre de ma porte. Mon oreille était collée contre celle-ci mais aucun bruit ne me parvenait.  Je baissai donc la poignée et entrouvris lentement la porte pour éviter qu'elle ne grince. Une fois à l'intérieur, je repoussai la porte sans la refermer complètement. je jetai un coup d'oeil à gauche puis à droite: personne n'était dans les parages. J'entrepris de m'aventurer dans le couloir. Ce fut à ce moment-là, je croisai Gringe qui s'éloigna vers le salon pour que nous puissions nous parler sans qu'elle nous entende.

-Tiens, lui dis-je en lui tendant les potes-ca.

-Putain, heureusement que t'es là... Chuchota t-il.

Des bruits de pas se firent entendre. C'était elle qui s'approchait pour rejoindre Gringe. Affolé, je sautai derrière le canapé, me retrouvant ainsi à plat ventre.

-C'était quoi ce bruit? Demanda t-elle en regardant autour d'elle.

Gringe se gratta la tête, cogitant à trouver rapidement une idée.

-Pourquoi est-ce que tu as ouvert la porte?

-C'est... Pour le chat. Y'avait le chat qui miaulait devant la porte.... Mentit-il.

Au même instant, Musachi entra dans l'appartement. Gringe baissa la tête en grimaçant.

-Ah, tu as deux chats alors...? Il est trop mignon! Dit-elle en s'accroupissant  pour le caresser pendant que Gringe alla refermer la porte d'entrée.

Je tentai de me relevai pour trouver une autre cachette avant qu'elle ne m'aperçoive mais elle se remit debout au même moment. Je m'accroupis rapidement. Ma respiration s'accélérait de plus en plus. Alors que je me demandais comment je pourrais bien me sortir de ce pétrin, mes yeux s'arrêtèrent sur le cache-yeux qu'il m'arrivait de mettre pour dormir tranquillement pendant que Gringe matait la télé ou l'écran du pc... Je le saisi et levai le bras en gesticulant de gauche à droite pour attirer l'attention de Gringe, qui, dès qu'il me vit, s'empressa de me l'arracher des mains, le tout, toute en discrétion...

-Je me suis dis qu'on pourrait mettre un peu de piment dans tout ça... Affirma t-il en lui montant le cache-yeux.

Encore une référence au piment? Décidément, il en mettait à toutes les sauces du piment... Heureusement que j'étais pas une meuf, sinon il serait capable de m'en foutre dans le c**. La dernière syllabe s'envola dans mes pensées, lorsque je vis Gringe et sa... Et ma pseudo copine quittaient enfin le salon. Il était moins une pensai-je en sortant de derrière le canapé, me dirigeant vers la porte d'entrée pour partir. Mais, manque de bol, les clefs n'étaient plus dans la serrures. "Le con", pensai-je: "il a gardé les clefs sur lui". Je regardai autour de moi, cherchant un autre moyen pour sortir mais à part les fenêtres, je ne voyais pas d'autre issue. "Trois étages... Je vais quand même pas me casser une jambe pour Gringe...". Je réfléchissais du mieux que je pouvais pour trouver une solution. A part dans la baignoire ou sous le lit, il y avait pas trente-six mille solutions...

-Va pour le lit, chuchotai-je à Musachi en le prenant dans les bras comme s'il pouvait comprendre ce que je lui disais.

Sur la pointe des pieds, j'avançais lentement mais sûrement vers la chambre. Une fois à deux pas de celle-ci, je jetai un oeil à travers l'embrasure de la porte. Gringe était toujours habillé, et était en train de "grimper" sur elle. Elle, qui, étendue sur le dos, avait les yeux bandés par le cache-yeux. J'entrai dans la pièce sombre en retenant ma respiration. Musachi se mit à miauler.  Je me figeai sur place."Et merde" pensai-je, l'imaginant entrain de retirer son cache-yeux.

-Ah, le chat! S'exclama Gringe en se relevant du lit, me fixant d'un air interrogateur.

Pour qu'il comprenne dans quelle situation je me trouvais, je fis un geste de la main en mimant la rotation d'une clé ans une serrure. Il se tâta les poches et me fit comprendre qu'ils ne les avait pas sur lui. Ma pseudo copine commençait à s'impatienter. Gringe se raidit sur place puis eut la même idée que moi: il souleva un coin de couette pour que je puisse ramper sous le lit. Je me hissai sous le cadre du lit. Musachi me rejoint en remuant la queue. Je tentai de le chasser mais il refusait de me lâcher les basks...

A.C   [ORELSAN / GRINGE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant