65. Les aveux

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Je me dirigeai vers la porte de la chambre qui menait vers le couloir de l'aile A, laissant Orel plongé dans ses rêveries (du moins c'est ce que je pensais). A peine avais-je refermé la porte derrière moi qu'Orel ouvrit de grands yeux laissant transparaitre son malaise. Il resta ainsi, sans bouger, de longues minutes puis se redressa légèrement. Je revins dans la chambre, sans aucune raison, poussée par je-ne-sais-quelle-force-invisible. A mon entrée, Orel prit un air paniqué avant de déglutir comme s'il... Comme s'il avait été témoin de la scène précédente. Avait-il été témoin de ce... De ce baiser? Je restai immobile près de la porte, ne sachant plus trop ce que je devais faire. Faire comme si rien ne s'était passé, histoire de voir s'il en parlerait de lui-même ou lancer la conversation au risque de passer pour un crétin s'il n'avait rien...

-Hum..., Fit Orel en se râclant la gorge et en se passant un main dans sa tignasse brune.

Je déglutis à mon tour avant d'étirer la partie basse de mon visage avec mon pouce et mon index, comme pour masquer mon embarras.

-Tu n'as pas trop mal au crâne, ça va...? Demandai-je pour détendre l'atmosphère.

-Pourquoi tu m'as foncé dedans?

-J'ai entendu le gyrophare des keufs et je crois que... Je crois que j'ai paniqué. Et, euh... J'ai perdu le contrôle du véhicule.

-...

Je me grattai la tête à l'aide de mon index. Cette même main trouva ensuite place sous mon menton.

-Et... Elle...? Questionna Orel avec quelque hésitation.

-Elle... Elle est... Elle est encore vivante aux dernières nouvelles. Par contre...

-Ils sont morts?

Je ne répondis rien, me contentant d'acquiescer en hochant la tête. Encore un autre mensonge. Pourquoi j'avais de nouveau menti...? Je n'en connaissais moi-même même pas la réponse. Je levai les yeux pour observer le visage de mon acolyte. Son regard trahissait sa tristesse. Mais celle-ci sembla s'envoler en deux temps trois mouvements. 

-Et sinon... Pourquoi tu portes une putain de blouse blanche?

Je mis quelque temps avant de répondre car, trop angoissé à l'idée qu'il me questionne sur ce fameux baiser, j'en avais même oublié que j'étais vêtu d'une tenue; inhabituelle. 

-Euh... C'est une excellente question. Mais je pense que ce serait trop long à expliquer... Lançai-je en baissant aussitôt le regard.

-Attends... Tu t'es pas fait coffré par la police, toi...?

-Je pense que... Je pense que je suis... Comme qui dirait: en cavale...

Orel grimaça. Il passa sa main devant son visage pour dégager la mèche qui été tombée devant son œil droit puis ouvrit la bouche pour parler:

-T'es dans une grosse merde alors...? Et comment tu comptes t'en sortir?

-J'en sais rien de rien mon pote... Me forçai-je à articuler avant de m'effondrer sur le lit.

Orel me fixa un moment. D'ordinaire, il m'aurait sans doute donner une tape sur l'épaule pour me consoler mais là, il ne le fit pas. Comme si... Comme s'il était gêné à l'idée que nos corps entre en contact. 

-Laisse-moi un peu de temps, on va trouver la solution... Conclut-il.

Je levai les yeux pour l'observer. Il me fixait de ses yeux marrons foncés. La tension était à son maximum. Ma langue passa sur ma lèvre supérieur sans que je m'en aperçoive. Orel écarquilla les yeux puis détourna le regard. 

-Je rêve ou t'es en train de bander? Me demanda t-il, le regard rivé sur mon bas ventre.

Je me redressai, la tête baissée, honteux.

-Je crois bien que oui... Finis-je par répondre.

-C'est moi qui te fait cet effet...?!

-Si je te dis "oui", il va se passer quoi?

-Putain, t'es pède...?! 

-Et toi, tu l'es...?

-Quoi?! 

-Je t'ai vu te branler en me regardant dormir la dernière fois... Dis-je convaincu de ce que j'avançais.

-T'es con, j'étais en train de penser à Elle... Et, t'étais pas en train de dormir...?

Je me levai du lit, les sourcils froncés, comme si je venais de recevoir une réponse qui ne me convenait guère.  

-Moi aussi, je suis en train de penser à Elle, figure-toi. Arrête de te prendre pour un gars irrésistible. C'est pas parce que ta mèche de cheveux grise te donne un sacré charme que ça me fait de l'effet. Détrompe-toi, m'écriai-je en quittant la pièce.

-De quoi? Ma mèche grise...? Continua Orel avant que la porte ne claque.  

Je commençai à dérailler. J'étais amoureux d'Elle et je voulais la tuer. J'étais pote avec Orel et j'avais des envies de le baiser. Putain, qu'est-ce qui clochait chez moi...? Putain: avoir envie de se taper son pote alors que j'ai jamais été en kiffe sur un homme auparavant... Je soupirai bruyamment en marchant sans but précis le long du couloir. La discussion que je venait d'avoir avec Orel trottait encore dans ma tête jusqu'à ce que mon corps entre en collision avec celui d'une autre personne. Je levai les yeux pour l'insulter lorsque je m'aperçus qu'il s'agissait de la jeune femme blonde. La gamine qui avait appelé les secours. 

-Oh pardon, je... Dit-elle avant de cesser de parler.

Elle venait de se rendre compte de qui j'étais. Et elle était sans doute en train de se demander s'il valait mieux qu'elle reste là, à converser avec moi ou s'il valait mieux qu'elle s'éloigne du fou furieux que j'étais pour appeler la sécurité.

-Tu... Vous...

-Oui, c'est bien moi: Gringe...

Elle s'immobilisa contre le mur. Les lèvres tremblantes. Tremblantes de peur ou de désir?

-Je suis une de vos meilleurs fan, finit-elle par dire, les yeux brillants de mille feux.

-T'en es sûre? 

Elle acquiesça en affichant un sourire timide. Obnubilée par ma personne, elle serait prête à faire n'importe quoi pour me satisfaire. Et à cet instant précis, la seule chose que je souhaitais, c'était que ma trique disparaisse. 

-Si tu es ma meilleure fan comme tu dis, je pense que je dois te montrer à quel point j'en suis reconnaissant: je vais te faire le plus beau des cadeaux... 

Elle me fixait de ses yeux verts, incapables de quitter les miens un seul instant. J'indiquai la chambre la plus proche. Elle ouvrit la porte, hésitante. Je la suivis à la hâte avant de refermer la porte derrière moi. Par chance, la pièce était inoccupée. Je me rapprochai de ma proie. Ma main trouva refuge entre ses cuisses. Sa petite culotte était déjà humide. Mon regard avait suffit à la faire mouiller.  

A.C   [ORELSAN / GRINGE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant