72. Désir OU dégoût?

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Je sentais mon cœur battre à tout rompre dans ma poitrine. Malgré tout, j'essayais de faire comme si cela ne m'atteignait pas. Il fallait que je reste de marbre, que je conserve ce sentiment de puissance que je détenais à cet instant même, entre mes mains. Je me retournai lentement pour remettre ma serviette sur l'étendoir mural. Et, pour me donner quelques secondes supplémentaires [pour me calmer, calmer mes palpitations]. Un sourire se dessina sur mon visage lorsque j'imaginai que mon pote était sûrement en train de m'observer, d'observer mes fesses musclées, de couleur dorée. Cette histoire devait l'avoir sacrément travaillé. En même temps, quand j'y repensais, il avait bel et bien failli m'embrasser la dernière fois. Je pense qu'il avais changé d'avis à la dernière minute car ma meuf était là. C'était compréhensible: Orel avait toujours était attiré à cent pour cent par les petites chiennes. Moi aussi d'ailleurs, même si parfois, je m'étais surpris entrain de mater sa bouille d'ange avec insistance, sans qu'il s'en aperçoive. Abblaye m'avait vanné à ce sujet une fois ou deux mais je n'avais pas chercher à creuser davantage la question.

Je me retournai dans l'autre sens. Orel avait tourné la tête, il ne me regardait plus, il fixait le mur carrelé qui se trouvait face à lui. Que fallait-il que je fasse? Faire comme si je n'avais rien vu? Le questionner? Ou tenter quelque chose? Si je choisissais de feindre l'ignorance, cela signifiait que je repoussais une fois encore le "problème" et aussi que je ne me comportais pas en bon pote: sous-entendu que je laisserais délibérément mon pote en pleine "frustration sexuelle".... Si je commençais à lui taper la discute, c'était à deux tranchants: faire monter le thermomètre ou faire retomber le soufflé... La troisième solution m'apparaissait comme étant la meilleure. Encore fallait-il qu'il ne se rebiffe pas une fois encore...

-Ca va... Demandai-je, non sans hésitation.

-Hum...

-...

-Comme un gars qui vient de se faire prendre en flag... Précisa-t-il sans tourner la tête.

Je restai silencieux avant  de reprendre le fil de la conversation.

-Tu... Tu pensais à qui...?

-... Putain, t'es con ou je dois te faire un dessin...?

-Je crois bien que je suis con... Répondis-je en me grattant l'arrière de la tête, mes lèvres pulpeuses formant une demi lune. 

Orel, c'était tellement le gars qui est peu sûr de lui et qui peut passer du sérieux à l'ironie en un claquement de doigts que j'étais incapable de dire si, à cet instant précis, il essayait de me faire comprendre qu'il était juste entrain de penser à sa meuf ou si il venait de m'avouer qu'il... pensait à moi. Mais il était évident que je ne pourrai pas lui demander de m'en dire davantage au risque qu'il s'enferme dans son mutisme habituel dès lors qu'il se sent mal à l'aise. J'inspirai profondément puis les poings serrés (pour me donner plus de courage), je m'avançai vers lui. Il tourna enfin la tête vers moi, l'air paniqué. Son corps se redressa, ses mains se crispèrent. Ses yeux, devinrent aussi ronds que des soucoupes. J'enjambai la baignoire. Je me trouvais maintenant à moins d'un mètre de lui. Orel faisait vaciller ses pupilles dans tous les sens: l'angoisse montait en lui, c'était une évidence.

-Qu'est-ce que tu veux...? Demandai-je en continuant à le regarder droit dans les yeux.

Il ne répondit pas. Fallait-il que je le rassure ou que je passe à table? Je m'étais positionné face à lui, mes deux poings de chaque côté de son visage. 

-C'est-à-dire...?

-Tu te fous de ma gueule?! Dis-je en revenant sur mes pas, agacé.

-Non... Reste... S'empressa t-il de dire, d'une voix presque inaudible en attrapant mon poignet.

Je me remis donc devant lui, entourant son visage de mes deux grandes mains. Ma respiration s'accéléra d'un coup. Ses lèvres roses, pincées étaient là, à quelques millimètres des miennes. Il suffisait que je me décale un peu pour les toucher. Orel passa sa langue sur celles-ci, par réflexe. Il en avait envie, je le sentais au plus profond de moi. Sa respiration était entrecoupée et il avait reprit cette habitude qu'il avait d'avaler sa salive en plissant légèrement les yeux . Preuve de sa gêne ou de sa culpabilité [au choix]. J'avançai ma tête pour enfin pouvoir goûter au fruit sacré me demandant si ces lèvres auraient un goût plutôt sucré ou salé. Orel bascula par réflexe sa tête en arrière; encore un mécanisme de défense inconscient. 

-Laisse-toi aller... Chuchotai-je au creux de son oreille.

J'agrippai plus fermement ses cheveux brun-gris puis me lançai, enfin. Mes lèvres effleurèrent les siennes. Il tremblait de tous ses membres. Ce n'était sans doute pas le moment de s'essayer à un jeu de langue. Un baise plein de sensualité, sans coup de langue ferait l'affaire, pour l'instant. Il me repoussa légèrement en plaquant ses mains tremblantes contre mes plaques d'abdos. Sa peur reprenait le dessus. 

-Calme-toi, chuchotai-je pour l'apaiser.

Il retira ses mains, les laissant planer dans les airs, à mi-chemin entre mon nombril et mes pecs. A tout moment, il pourrait être pris par cette sensation de dégoût, cette épée de Damoclès qui l'empêchait de vivre pleinement ce premier moment d'intimité. Je pinçai une deuxième fois sa lèvre inférieure entre mes lèvres. Il referma sa bouche en cul de poule sur les miennes comme pour me signifier qu'il souhaitait prolonger le baiser. Il était mal à l'aise, ne pouvant s'empêcher de faire dodeliner sa tête à chaque fois que je tentais de d'attraper ses lèvres. Ca en aurait agacer plus  d'un mais moi, ça m'excitait un peu plus. Ma queue pointa le bout de son museau contre son aine. Ce qui le mit en stress complet d'un seul coup. 

Ses mains reprirent place contre mes abdos, sa tête se dégagea. Je ne voulais pas rester sur ma faim, j'en voulais plus. Je calai mes deux mains à nouveau autour de son visage.

-Non... Me dit-il en me poussant, affichant un air dégouté, le regard dans le vide. 

-Gringe...? Appela une voix.

Je restai silencieux, cherchant le regard d'Orel. La voix prononça une deuxième fois mon pseudo. 

-J'arrive, dis-je en sortant de la baignoire, me rendant bien compte qu'Orel avait sa dose d'émotions  pour la journée.

A.C   [ORELSAN / GRINGE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant