11. La face cachée d'Orel

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Un mois que je n'avais plus aucune nouvelle. Je commençais à en avoir marre de passer mon temps à attendre après lui. A attendre quoi? un sms, un courrier, une visite impromptue... Tout ce qui m'arrivait n'était que la conséquence de mes actes. Je n'aurais jamais dû ouvrir cette putain de porte la dernière fois et le laisser dans le couloir quitte à me mettre tous les voisins à dos. Non, il avait fallu que je me décoince, que je fasse preuve d'audace. Audace de mes ********, la seule chose que j'avais su faire ça avait été de me comporter comme une fille facile et de ruiner mes chances qu'il ne s'intéresse à moi. Mais ce n'était pas la seule connerie que j'avais faite. Sinon ça ne serait pas drôle...: Enervée (ou angoissée au choix) qu'il me prenne pour une conne et qu'il ignore tous mes messages, je lui avais envoyais une bonnes dizaines de messages tantôt dépressifs, tantôt enjoués, tantôt colériques. Et je pense qu'en les lisant, il avait du me prendre pour une cinglée lunatique, dépressive, une obsédée qui n'arrive pas à se dégoter un gars pour avoir sa dose de sexe. Que pouvais-je faire pour qu'il revienne vers moi? L'ignorer? Apparemment, ça ne fonctionner pas non plus vu que ça faisait trois semaines que lui et moi nous ne nous étions pas contactés.

Cette situation me pesait énormément d'autant plus que la St valentin approchait à grands pas et que c'était ma deadline que je m'étais fixée pour qu'Orel soit plus intéressée par moi. Les yeux bloqués sur la pendule, je rêvassais en me demandant ce qu'il pouvait bien être en train de faire en ce moment: était-il bloqué sur son canapé? En pleine baise avec une autre? Dans un bar avec Gringe? Gringe? Et si j'essayais de récolter des infos sur Orel par lui? Seul ombre à l'horizon, je ne possédais pas son numéro de portable et puis il ne ferait que se moquait de moi une fois de plus ou rapporterait tout à Orel.... Mes doigts pianotaient sur mon portable, écrivaient les mêmes lettres plusieurs fois d'affilée: O-R-E-L.

-Oh et puis merde, dis-je à voix haute, les yeux toujours rivés sur mon portable.

Je composai son numéro que je connaissais par coeur. Je savais qu'il ne répondrai pas mais au moins, ça me permettrait d'entendre le son de sa voix via sa messagerie vocale. Le portable sonna, une fois, deux fois, trois fois puis...

-Ouais?

-...

-(raclement de gorge)

Je coupai court à la conversation en raccrochant brusquement, paniquée. ma timidité faisait encore surface (et me pourrissait la vie). Mais mon interlocuteur me rappela immédiatement. Je me sentais assez ridicule comme ça alors qu'importe que je décroche ou non, de toute façon, il allait sûrement m'envoyer chier:

-...

-Ca te prend souvent d'appeler pour raccrocher?

-... Ca te prend souvent de... d'ignorer les gens pendant plus d'une mois sans aucune raison?

-J'avais mes raisons, justement...

-Lesquelles? Demandai-je, curieuse.

-J'aime pas les discussions de ce genre, je déteste me justifier, rendre des comptes. Je prends des décisions et si elles conviennent pas je m'en tape, je trace. D'ailleurs, je comprends pas pourquoi tu reviens encore?

-Pourquoi je reviens ENCORE?! Tu me laisses seule comme ça sans explication et je suis censée faire comme si de rien n'était et passer à autre chose? Donne-moi au moins une explication?

-T'es rien pour moi, juste un jouet avec lequel je fais mumuse. Je veux juste te mettre à genoux, dans tous les sens du terme d'ailleurs. Et tu m'as montré que je peux avoir ce que je veux sans lever le petit doigt. J'ai juste à me pointer chez toi , me mettre sur toi et t'éclater la membrane. Pas besoin de compter les secondes, à peine les pompes enlevées et je jouis dans ta vessie. Et le pire dans tout ça, c'est que t'auras eu les 2min de plaisir que tu attendais depuis que t'as croisé mon regard à l'arrêt de bus mais tu le regretteras la seconde d'après.

-Je suis vraiment rien pour toi? Interrogeai-je en sanglotant.

-Pitié, arrête de chialer comme une gosse et rentre-moi dedans. Insulte-moi, jacasse, fais quelque chose qui me surprenne.

Je fus incapable d'articuler quoique ce soit. Je me contenter de renifler et de pleurer, l'oreille collée à mon portable.

-Putain, t'es con... Dit une voix au loin.

-Allez à plus, finit-il par conclure. Ce soir on se met mal?

-Ouais, j'espère me dégoter des petites putes cette fois...

Je raccrochai. Je me sentais plus bas que terre. Je ne représentais vraiment rien pour lui et il n'avait pas pris de gants pour me le dire. Mais quelque chose ne collait pas: pourquoi avait-il changé d'avis aussi prématurément? Pourquoi était-il si agressif dans ces propos? J'appréciais le Orel arrogant même s'il me tapait sur le système par moment mais là, c'était de la méchanceté gratuite. Et le plus insupportable c'était qu'il me crachait à la figure et prévoyait de se fendre la g***** avec son pote  le soir-même.

D'ordinaire, je me serai mise à broyer du noir toute la journée mais là, c'était différent: je n'avais pas l'intention de me laisser humilier de la sorte et il allait me le payer. Je m'essuyai le visage avec un mouchoir puis m'emparai de mon bullet journal: sur celui-ci, j'écrivis le titre suivant: "Orel target". Ce serait mon point de départ. La suite, pour l'instant, m'était inconnu mais il fallait que je me dépêche de trouver deux-trois idées à mettre en place ce soir. Mais le moment était mal choisi car mon état psychique ne me permettait pas d'avoir les idées claires. La question sur laquelle je devais me pencher en priorité était de savoir dans quel bar ils se rendraient ce soir. Munie de mon téléphone, je cherchais la liste des bars branchés non loin du quartier où je les avais croisé le mois dernier.





A.C   [ORELSAN / GRINGE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant