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Choquée, j'essaye d'étouffer un cri en plaquant une main sur ma bouche. Comment est-elle arrivée là ? N'était-elle pas en prison pour un bout de temps, j'ai juste le temps de me retourner que j'entends Camilla hurler mon nom...

Je ne sais pas où je suis actuellement, ma tête bourdonne et j'ai du mal à penser à autre chose qu'aux yeux de Madison me scrutant. Nous sommes actuellement à l'hôpital où Jayden a été transporté après avoir pris une balle à ma place. Je suis encore dans mes pensées quand Camilla pose une main sur mon épaule me demandant si ça allait. J'essaye en vain de me concentrer pour aligner deux mots, mais aucun son ne sort, je hoche la tête.

Une personne... Deux... Trois... Quatre... Cinq... Je pense entendre des gémissements... Non, ce sont des chuchotements...Oui, c'est ça, doucement mon ouïe me revient, je distingue à ce moment la voix de Camilla bouleversée et la voix apaisante de Leonardo quoi qu'un poil angoissé.

- Mon Dieu, mais qu'est-ce qu'on va faire... Et s'il s'avère que le Lieutenant Donovan est raison, comment va-t-on lui expliquer que Madison s'est évadé de prison ? Commence-t-elle.

- Je ne sais pas Mila, je n'en sais rien, pour l'instant, il faut penser à la sécurité de Lexie, Jayden est gravement blessé et ils ne sont pas très confiant...

- Qu'on dit les médecins ?

- Que la balle a perforé ses poumons et qu'il avait perdu beaucoup de sang, son pronostic vital est engagé. Des agents fédéraux ont été envoyés pour assurer sa protection. J'ai aussi prévenu Raquel pour qu'elle organise un meeting avec Robert et le sénateur de l'État de New-York. Je suis désolé de monopoliser ton assistance, mais Maggy est en vacances...

Pendant qu'il parle avec Camilla, un téléphone se met à sonner. Il y a du bruit, puis je sens une pression dans mes cheveux, je sens qu'on caresse mes joues, une goutte me tombe sur le visage, ce qui me fait ouvrir les yeux immédiatement. Je pose sur le regard rempli de larmes de Camilla.

- J'aimerais tellement être à ta place, si je pouvais prendre toute la souffrance que tu portes en toi... Dieu seul sait combien tu comptes à mes yeux Lex, combien tu as fait pour moi et combien je te suis reconnaissante pour cette vie que tu m'aides à construire.

Comment retenir un sanglot de me prendre ? J'ouvre grand les bras et les larmes qui se sont accumulées sous mes yeux coulent, brûlantes. Elle me sourit à travers ses propres larmes, mais un sourire tellement triste, il est vrai que l'on a traversé beaucoup de choses ensemble, mais trop peu comparé à ce que nous réserve la vie...

Je me souviens comme si c'était hier du jour où je l'ai rencontré. Je faisais ma rentrée dans un énième pensionnat quand elle a débarqué dans ma vie dans un tourbillon de violet et de bleu, un chewing-gum dans le bec et des rangers cloués.

Passé

Cela devait faire dix minutes que j'observais cette fille qui arborait un style plutôt insolite dans un pensionnant de riches enfants - pour la plupart d'entre eux étaient vêtu de Chanel et de Dior -. Son attitude rebelle m'avait laissé perplexe, et ses cheveux, colorés en bleu et violet, semblait coiffé par des pétards, mais ce qui m'avait le plus marqué, c'était son magnifique sourire. Elle ne devait pas avoir plus de 15 ans et elle discutait joyeusement avec une femme, son père, Maître Johnson, sortait une valise rose bonbon du coffre de la RANGE ROVER. Ma mère parlait, mais j'étais trop occupé à essayer de trouver des connaissances à moi que de me soucier de ce qu'elle me disait. La jeune fille s'était saisie de sa valise et était partie sans attendre ses parents. Ma mère soupira et s'avança vers l'entrée du pensionnat, tout en continuant de parler, nous étions accompagnés d'Oliver, le chauffeur, qui écoutait d'une oreille attentive ce qu'elle pouvait vomir, les yeux rivés sur les clefs de la Benz.

- Et par pitié Alexie, ne me fait pas honte, la rentrée dernière, tu as été une vraie pourrie gâtée. Tu as fait ton père frôler la crise cardiaque avec tes idioties...

- C'est vrai que m'envoyer dans un couvent en Espagne seule, sans le sou et complètement pommée dans le trou du cul du monde, c'est sûr que papa devait s'inquiéter. Surtout après la mort de Nelli...

Ma mère m'a décroché la plus belle claque de sa vie. Elle retentit dans le couloir, je n'ai pas pris la peine de notifier ce qu'il venait de se passer. Je l'ai regardée et ai claqué la langue, elle se massait le poignet, furieuse et les larmes lui montèrent aux yeux. Bien fait pour elle, la prochaine fois, elle y pensera à deux fois avant de me frapper. J'empruntai le même chemin que la jeune fille, la joue et le cœur en feu. Je ne remarquai pas l'attroupement qu'il y avait dans le hall du pensionnat et je suis rentrée dans quelqu'un.

- Tu ne peux pas regarder là où tu vois, non ?

- C'est...

Je relevai la tête et je vis, la fille aux cheveux violet et bleu. Elle mastiquait toujours son chewing-gum et haussait un sourcil.

- Ta tête ne m'est pas étrangère... Tu ne serais pas la fille de...

- Alexie Rosemary Watson !!!!!

- Oh merde, mais t'es la fille d'Alfred Watson, le président de Malcolm & Watson ?

- Ouais, c'est bien ça...

- Oh putain, il vient de signer avec mon père. Désolée, moi c'est Camilla Davis Johnson, dit-elle en me tendant la main que je serre.

Ma mère arrive comme une furie, mais se reprend vite quand elle voit qu'il y a du monde. Elle pince mes joues.

- Petite chipie à maman, fait-elle en me pinçant fort. Tu n'écoutes jamais ce que maman a à te dire. Ah la petite Johnson, où est ton père, joli cœur ?

Ledit "Joli Cœur" la regarde de haut en bas en la toisant, elle tapote du pied en mastiquant son chewing-gum, elle finit par faire une bulle et croise les bras.

- Je ne vois pas en quoi savoir où est mon père vous aidera, un conseil Madame Watson, évitez ce fond de teint, il vous va extrêmement mal. Essayez-le Yves Saint-Laurent, enfin bon, c'est mon avis. Sur ceux, je crois qu'il nous appelle Alexie.

Et elle m'a emmené avec elle...

Présent

Je reviens à moi quand je la sens bouger à côté de moi.

- Tu te souviens du jour où l'on s'est rencontré ? Demande-t-elle.

- Oui, comme si c'était hier, je pensais que tu étais complètement fêlée.

- Ah ah ah, j'étais complètement fêlée, mais à cette époque, tu étais aussi fêlée que moi.

- Quoi ? Mais non...

- Ah oui, et le jour où tu as décidé que tu voulais devenir Marilyn Monroe ? Tu as fini avec une jolie couleur jaune poussin.

Ah oui, à cette époque j'étais fêlée et non brisée...


Hurt Me... RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant