[I&II] Aissam et les Filles

[XXXI]

"Aissam tacala ! Viens ! SAM !". Du souffle à en revendre la petite dame, elle braille mon nom sans relâche et c'est quelque chose qui m'horripile. Déjà, s'il y a quelque chose que je déteste c'est qu'on gueule mon nom plusieurs fois d'affilée. C'est véritablement stressant d'entendre son nom répété comme ça ; ça me hérisse le poil et me fait saigner mes tympans. Mais bon, j'suis pas en position de faire le beau parce que si ma mère monte et découvre la Thislim enfoui sous mes draps, c'est la fin de mon temps de vie sur terre donc je garde mon bec clos et obtempère.

Je traverse le salon en boxer, le phallus toujours pointu, et remarque la porte d'entrée ouverte, quelques sacs de courses posées devant le seuil de celle-ci. Devant la maison, la droums de la maternelle à l'arrêt pendant qu'elle débarque des tonnes de sachets de courses.

«  Tacala, aide-moi avec les courses ! m'enjoint-elle la tête dans le coffre avant de me dévisager. Et pourquoi t'es tout nue ? Il est midi, tu viens de te réveiller ?

— Qu'est-ce que tu fais ici ? je lui demande le plus sereinement possible

— Qu'est-ce que j'fais ici ? C'est pas ma maison par hasard ?

— Mais tu devais rentrer demain, non ?

— Bah je rentre aujourd'hui. Pourquoi y a deux verres là ? me questionne-t-elle en déposant quelques courses au salon avant de me dévisager. T'étais avec une fille ou quoi ?

— Toujours me suspecter toi, c'est aberrant, je joue la comédie en haussant les sourcils

— J'espère que c'est une égyptienne au moins, rit-elle

— Ouais voilà, Ayrton est égyptienne

— Tu dégoûtes, j'te jure. Bon, j'arrive. Tu me ranges tout s'il te plait, je vais au Makro rapidement

— Oh mais repose-toi un peu. T'aimes trop bouger toi

— Si j'fais pas de courses, qui va les faire ? Toi peut-être ?

— Certainement pas

— Alors laisse-moi trop bouger en paix, lâche-t-elle en sortant de la maison »

Ma mère ? Une hyperactive. Elle a ce constant besoin de se déplacer même quand ça n'a pas lieu d'être mais bon, qui va l'en empêcher ? Cours Forrest, cours à tes courses, personne ne te retient. Va-t-en et ne reviens plus!

Dans tous les cas, je ne pense pas qu'elle serait rentrer dans ma chambre si elle était restée. Il faut dire qu'elle ne met les pieds là-bas que très rarement étant donné que c'est situé au grenier. Quelle mère monte au grenier, dis-moi un peu ? Le problème aurait donc été la sortie de Thislim mais on n'y a pas fait face, super.

Je regagne alors ma chambre et y trouve Thislim allongée sur le lit, occupée sur son téléphone. Instagram sûrement vu qu'elle rigole seule devant son écran. Je sais pas où elle trouve cette serennité que je me suis moi-même efforcé de feindre devant ma mère. Si les rôles avaient été inversés, je serais en plein stress entrain d'essayer de trouver une cachette. Elle, non, elle est occupée à glousser devant son mobile, face à des memes certainement comme à l'accoutumée. Thislim sans ses memes c'est pas Thislim.

«  C'est réglé, je lui annonce en me recouchant sur le lit

— Tu mens comme un arracheur de dents, je vais commencer à me méfier de toi, lance-t-elle les yeux rivés sur son gsm

— Je te mentirais jamais à toi ma douce, jamais

— Garde tes disquettes »