[XVIII]

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Avachi sur le canapé du séjour en compagnie de ma mère, je déroule chaque story Snapchat chacune à son tour sur mon téléphone et inévitablement, je tombe sur celle de Thislim. J'ai pas cliqueté sur ses snaps depuis de bons mois déjà et quand je m'exécute enfin, je vois apparaître une vidéo dont nous sommes les acteurs principaux, et chanteurs pour le coup vu qu'on improvise un live sur Let Me Hold You de Bow Wow et Omarion, le temps de trois snaps, confortablement assis dans ma voiture.

Je sais que je vais perdre le peu de virilité qu'il me reste à tes yeux en t'avouant ça mais gars, j'ai donné ma vie sur le refrain d'Omarion. Down, like a real friend's supposed to, I'm tryna show you the life of somebody like you should be living ! Oh baby, baby, you can never go wrong if you let me hold you, les yeux fermés, la main sur le coeur.... ah, quel son.
Le truc, c'est que ma voix —encore plus combinée à celle de Thislim— ne donne pas le même rendu que celle de l'ex chanteur des B2K donc fatalement, c'est un désastre auditif mais bon, appelons ça un bon désastre. Un bon désastre parce qu'il me fait bien sourire. Ma banane s'élargit au fur et à mesure de la lecture de l'extrait. Je suis content d'avoir retrouvé cette complicité qu'on entretenait avec Thislim avant la brouille.

Pour ma part, j'me suis pas permis de filmer de snaps hier parce que je n'avais pas prévenu Ligeia de cette petite virée nocturne. J'suis bien conscient qu'aller voir une autre fille à une heure si tardive n'est pas un comportement à adopter lorsqu'on est en couple, et j'aurais certainement pris la mouche si la situation avait été inverse mais si je l'ai pas fait c'est parce que j'avais pas envie qu'elle me prenne la tête inutilement. "Pourquoi tu vas la voir ?", "Ça te tient tant à coeur, pourquoi ?", "Bah pourquoi vous parlez pas au téléphone ?", etcétéra, je les anticipais déjà ces questions. Puis, c'est pas une coutume que je compte perpétuer donc calme, j'ai agi dans l'ombre pour le bien de tous.

« Toi là ! m'interpelle une voix à côté de moi, me sortant de mes pensées »

Je bifurque la tête vers la droite et aperçois ma soeur, Maya, fraîchement débarquée, occupée à me foudroyer du regard. J'sais même pas pourquoi elle me toise de la sorte mais ce qui est sûr c'est que rien ne me retirera ma bonne humeur du jour.

«  Ah ma soeur ! je m'exclame avant de la serrer dans mes bras. Comment vas-tu ma soeurette d'amour ?

Eh mais arrête, tu me fais mal, se plaint-elle en me repoussant

Pédale va, je t'ai même pas serrée fort mon vieux, je me moque en la relâchant

Tu devais passer à la maison hier

Ah ouais ! Mince, j'ai complètement oublié

Salaud, m'insulte-t-elle avant de s'asseoir à côté de moi

Non sérieux, je te jure j'ai oublié, désolé

Pourquoi t'es heureux comme ça aujourd'hui ?

Depuis ce matin, il fait que sourire celui-là, ajoute ma mère. Trop bizarre le gars

Je sais pas, la vie est belle. Il faut sourire de temps en temps, Dieu est grand ! je clame en souriant de plus belle

Wallah t'es chelou toi

Wallah ? répète ma mère en arquant un sourcil »

L'islamophobe, le retour ! Non, en réalité, ma mère a de la famille et des amies de confession musulmane et elle n'a aucun souci avec cette communauté mais comme tout parent pratiquant l'une ou l'autre religion, elle ne veut pas voir ses enfants se convertir.

[I&II] Aissam et les FillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant