[XLIII]

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Durant les neuf heures de vol qui sépare Bruxelles de l'île antillaise, Aissam et moi ne nous sommes adressé que cinq ou six mots à tout casser. J'ai, de mon coté, passé mon temps à écouter de la musique en tentant, en vain, de trouver le sommeil tandis que Sam a pour sa part somnoler les trois quart du temps.

La tension était plus que palpable entre nous ; entre la gueule que je tirais et la sienne, on aurait été classé ex-aequo si on participait à un concours de bouderie. Moi qui voulais enterrer la hache de guerre pendant ce voyage, somme toute, il ne démarre pas sous les meilleurs auspices mais j'espère sincèrement que toutes ces histoires finiront par s'affaisser d'elles-mêmes.

M'enfin, passons. Une fois l'aéroport de Punta Cana quitté, la première chose que nous faisons est de se rendre à l'agence Europcar située dans celui-ci pour récupérer les clés de la voiture qu'on a louée pour ce séjour : une Aston Martin Vantage décapotable rouge. Ouais, on a essayé de mettre le paquet pour ce voyage, notamment avec le logement qu'on a réservé : un magnifique penthouse avec piscine et jacuzzi privé. Reste plus qu'à espérer que l'appartement soit à la hauteur de nos attentes.

Cette escapade, on la prépare depuis juin passé. C'est donc la consécration de notre privation de vacances à deux cet été et ce serait dommage de gâcher tout ça à cause de conneries pareilles. Je pense à faire le premier pas pour apaiser les tensions mais pour l'instant, on arrive à l'agence immobilière pour récupérer les clés de l'appartement. Seulement, coup de théâtre, on nous dit qu'on est censé arriver sur les lieux demain matin. Comment ça ?

« Ne supone que no debes llegar hoy. Mira aqui, ya hay dos personas, nous dit l'agent en nous montrant son calendrier (— Vous n'étiez pas censés arriver aujourd'hui. Regardez, j'ai déjà des locataires là-bas)

Pero tengo une reserva para hoy, insiste Aissam l'air agacé (— Mais j'ai réservé pour aujourd'hui)

Cúal es su nombre ? (— C'est quoi encore votre nom ?)

Mallat Aissam

Sí ! confirme l'agent. Esta planeado para mañana ! (— oui ! C'est planifié pour demain)

No, he reservado para el veintisiete de diciembre hasta el nueve de enero. Tengo el mensajo (— Non ! J'ai réservé pour le vingt-sept décembre jusqu'au neuf janvier. J'ai l'e-mail)

Entonces a ver el mensajo. Al menos esta ecrito el veintiocho aqui (— Alors montre le mail. En tout cas, ici c'est marqué le vingt-huit)

Pero has cometido un error. Espere, te mostrare el e-mail ahora (— mais vous avez fait une erreur. Attendez, je vous montre le mail maintenant) »

Il sort son téléphone de sa poche et commence à défiler dans sa boite mail en injuriant l'agent en français. Première galère de vacances, voilà. De toute façon, j'ai la scoumoune moi, il ne faut pas partir en vacances avec moi parce qu'à tout moment, au moins une galère arrive.
Et pour le coup, la galère est réelle parce qu'en checkant le mail de réservation, on se rend compte qu'Aissam a bien réservé le penthouse pour demain et non aujourd'hui. Il fallait que le ciel me la fasse celle-là, vraiment. Je suis à sept mille kilomètres de chez moi, épuisée et frappée par un soleil de trente degrés et j'ai pas de logement.

[I&II] Aissam et les FillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant