[I&II] Aissam et les Filles

[1]

Comme un vendredi soir.
À l'instar de tous lapersonnes actives, le vendredi soir est une libération pour moi. J'me décharge enfin de cette longue semaine particulièrement laborieuse et pour célébrer l'événement, quoi de mieux que de se relaxer dans le noir devant un écran géant avec du maïs soufflé en accompagnement ?

Tu l'as compris, je vais au cinéma ce soir. Mais tu dois te demander avec qui... bah avec moi-même. Qui a dit qu'il fallait être accompagné pour aller se mater un film ? Les gens ont tendance à moquer les gens seuls au cinéma mais je vois pas le mal personnellement. Enfin, bref, c'est pas le débat.
Et puis, pour être honnête, je mens un peu. J'ai un date ce soir.

Bah oui, tu te doutes bien que j'ai passé l'âge d'aller au cinéma en gang. Non, j'ai bel et bien un date dont je ne te dévoilerais pas l'identité. Tout ce que je peux te dire c'est que c'est une jolie fille, très sympathique, bonne vivante et toujours souriante.
La voilà d'ailleurs apparaître dans un attirail de choc dans ma voiture : une combi-short cargo kaki et une paire de talons nu-pieds noire. Un bonbon, je la croquerais bien, tiens.

« Salut bébé

— Depuis tu m'appelles bébé toi, j'suis ton bébé moi ? je ris en la regardant

— Bah oui, mon petit bébé. Mon chou à la crème, ajoute-t-elle en m'attrapant par la mâchoire avant de déposer un bisou sur ma joue

— Alors toi

— Ça va, tu viens du taf ?

— Non, j'ai fait un saut à l'appartement puis j'suis venu

— Mmm d'accord. Alors, on va voir quoi ?

— La Nonne ? je suggère en haussant les épaules

— Eh, j'suis cardiaque moi. Flemme de mourir au cinéma

— Et moi donc ! je la rejoins en éclatant de rire Tu vas me voir sauter d'effroi dans tes bras, j'te dis pas

— Putain, quelle équipe de bras cassés, s'écrie-t-elle en gloussant

— Laisse. Je passe d'abord deuspi prendre les papiers de ma voiture chez ma mère et on y va alors. Je les ai oublié hier

— Ça marche »

Ainsi, je démarre en trombe direction le domicile de la maternelle, du Dadju en fond. Ah ce fameux Dadju, le chouchou des nanas et de ma nana en l'occurence.

Une fois arrivé, je rejoins la maison tandis que mon date patiente dans la voiture et dès que je dépose le premier orteil dans le salon, je découvre ma mère postée derrière la fenêtre donnant sur l'extérieur. Et elle ne daigne même pas se retourner en m'entendant entrer dans le séjour. Elle doit sûrement debiel en apercevant Thislim assise sur ce siège passager.

C'est une blague, calme-toi. Thislim, c'est qui ça même ? J'connais pas cette personne.

«  C'est qui la fille dans ta voiture ? m'interroge ma mère d'entrée de jeu

— T'es sérieuse t'es postée devant ta fenêtre comme une mamie commère ? je me moque

— Bah c'est qui ?

— Une pote ké

— Une pote ? T'es sûr ?

— Oui

— J'aime pas du tout sa gueule

— Oui bon, qui tu aimes toi maman ?