Elestreÿa : l'Assemblée

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Guelai tira sa chaise, les pieds grinçant sur le sol carrelé. Il soupira, posant ses yeux sur l'assiette froide.

Il n'osait pas débuter la conversation, cependant, il allait bien falloir. Prenant une grande aspiration, ce qui fit penser à Attara que quelque chose de grave s'était produit, la faisant se raidir comme la corde d'un arc que l'on tire à son maximum ; Guelai expira et releva la tête sur sa sœur, d'un air bien décidé.

Décidé à lui faire face.

Mais par où commencer ?

Il lui servit un piètre sourire, tendre et triste à la fois.

- J'ai fait envoyer un nouveau parchemin à Antarson, tout à l'heure. »

Attara, curieuse, leva ses sourcils et ses grands yeux marron sur Guelai.

- A quel propos ? »

Il leva une main, lui intimant de patienter.

Le Roi préférait commencer ses explications par le tout début, en douceur. Le but n'était pas de faire passer la pilule plus facilement ou encore retarder l'affrontement qui, il en était persuadé, aurait lieu ; non, le but était de lui expliquer, de l'amener à comprendre sa proposition.

- Ce matin, des éclaireurs venant de la frontière et des gardes envoyés depuis la citadelle de Serde, sont arrivés au palais. Les deux groupes avaient des informations très importantes à me communiquer, au point de demander une audience avec moi, en personne. »

Attara, stupéfaite, buvait les paroles de son frère.

La royauté de Tarian avait toujours tenu à répondre positivement à ce genre de requêtes plutôt que de déléguer ces entrevues à ses conseillers ; mais jamais sans une première rencontre avec ces derniers.

« Je les ai donc reçus le plus vite possible. C'est la raison principale pour laquelle je ne t'y ai pas convié. » Guelai marqua une brève pause amusée. « Tu dormais, qui plus est. »

A la mention du terme principale, Attara fronça des sourcils : ce n'était donc pas la seule raison. Quelque chose lui disait qu'elle allait devoir être patiente et le laisser terminer sa tirade pour en connaître la seconde.

« Lors de cette entrevue privée, j'ai appris des choses peu reluisantes... de nouveaux événements se sont ajoutés dans le feu de la guerre qui nous enchaîne à Deras. »

En y repensant, Guelai ferma le poing et le frappa sur la table, faisant vibrer la vaisselle. Attara sursauta et eût un hoquet.

Le mutisme du Roi s'était mué en colère, et surtout en frustration.

Pendant qu'il était là, à chercher des solutions qu'il ne trouvait pas, il perdait la guerre et ses hommes.

Attara aurait voulu se lever et serrer son frère le plus fort possible contre elle, mais depuis des mois, elle n'en était plus capable.

« Adalrik a bien passé la frontière, mais non sans encombre... Il a été pris pour cible et a subi une tentative d'assassinat. Heureusement il n'a rien. » Guelai souffla de soulagement en mentionnant cela à sa sœur. « A l'heure qu'il est, il avance aux côtés d'un groupe de marchands antartsiens qui se dirigent vers la capitale d'Antartsia.

- Cela m'a l'air d'être une plutôt bonne nouvelle ? » se risqua Attara pour apaiser son frère.

- C'en est une, mais elle ne compense pas les suivantes. Pardonne-moi Attara... »