C'est un bel après midi. Il fait chaud, le soleil rayonne, on est en famille... Tout le monde est réuni, et rares sont les moments de ce genre. On se promène sur la plage, on discute, on rit... Le sable chaud nous brûle les pieds mais qu'importe, on profite et c'est le principal ! Des enfants aux mains potelées s'amusent avec leurs cerfs volants. Il y en a de toutes les couleurs, qui s'éloignent dans les airs. Des couples marchent main dans la main, lunettes de soleil visées sur le nez... Des adolescents courent dans tous les sens après des ballons multicolors, les cheveux en bataille... Soudain, ma petite sœur Clara s'écrie :
- <<Maman, maman, il y a Valérie, je peux aller jouer avec elle ?
- Clara, on allait goûter là !
- Mais s'il te plaîîîîîît !
- Bon aller vas-y !>>
Ma sœur court à la rencontre de son amie que j'aperçois sur un terrain de beach volley. On continue de marcher tranquillement, tout en discutant du barbecue prévu ce soir. Ma mère et ma tante veulent le faire sur la terrasse avec vue sur la mer, mon père et mon oncle veulent le faire sous le barnum... Après dix minutes de débat, il est dit qu'on le fera avec les voisins sous leur grande pergola. Il nous ont appelé il y a quelques minutes pour nous inviter. Je les laisse à leur barbecue et continue d'observer tous ces corps en maillots de bain. J'aperçois une mamie sous son parasol qui découpe un melon. Deux petites filles qui creusent un trou dans le sable pour être au frais. Je vois au loin quelques grosses bouées aux allures de licornes et de dauphins. Il y a également beaucoup de surfers, qui fendent les vagues sur leur planche. Le ciel s'assombrit, le soleil joue à cache cache on dirait... Quelques instants plus tard, c'est au tour de mon frère Mathis de nous quitter, il a retrouvé un copain d'enfance et ils vont s'essayer au badminton. Je me retrouve donc avec pour seule compagnie mon cousin Paul, pendant que nos parents décident de l'endroit où goûter.
- <<Ça me fait plaisir de te revoir Annie !
- Moi aussi Paul, ça fait tellement longtemps...
- Avec mon travail c'est compliqué de partir en vacances...
- Oui je comprends !
- Ça te dis d'aller faire un tour sur le port tout à l'heure ?
- Oh euh... Vas-y si tu veux, moi ça ne me tente pas !
- T'es sûre ?
- Oui oui, ne t'inquiète pas !>>
On découvre un petit restaurant tout mignon avec une terrasse en bois et les adultes décident de s'y installer. Ma mère commande une Pèche Melba, mon père et mon oncle une Dame Blanche, et ma tante un smoothie ananas/passion.
- <<Tu prends quoi ma chérie ?>> Me demande ma mère.
- <<Oh euh je ne sais pas trop...
- Ils font des jus d'hibiscus et des smoothie aux légumes si tu veux !
- Bof... Je ne sais pas.
- Tu adores ça pourtant !
- J'ai pas trop envie là...
- Rhoooo décide-toi bon sang ! La serveuse attends !>> M'ordone mon père à bout de patience.
- <<Laissez tomber je ne prends rien.
- Tu es sûre ?>> S'inquiète ma tante.
- <<Oui oui, j'ai pas faim de toute façon...>>
Quelques secondes plus tard, ils passent à autre chose et entament une discution animée. Paul revient nous voir après s'être arrêté au glacier à côté. Il a prit une glace en cornet à la framboise. Il nous adresse un signe de la main puis s'en va en dirrection du port.
Je le regarde s'éloigner puis mon regard tombe sur la mer. J'ai envie de plonger dedans, pourtant je n'ai jamais aimé nager. J'étais celle qui mettait 20 minutes pour faire deux longueurs à la piscine et qui détestait le maître nageur. Je regarde le ciel démunit de soleil. De gros nuages s'en sont emparés. Le vent se lève et des frissons apparaissent sur mes bras. Je passe la main frénétiquement sur ma peau pour me réchauffer puis essaye de me concentrer sur ce que disent mes parents. Rien à faire, mon esprit revient toujours à la mer. Je profite d'un moment où tous on la tête tournée et je quitte discrètement le restaurant. Une fois sur le sable, je slalome entre les serviettes éponges et les parasols à la recherche d'une petite place pour mes vêtements et mes tongs. Je tombe sur une famille qui replie sa tente Queshua et m'empresse de déposer mes affaires quand on ils se lèvent pour partir. Une fois en maillot je cours vers la mer comme si ma vie en dépendait. Je suis comme attirée par ce milieu qui m'était encore inconnu avant ce matin quand je suis arrivée à Biarriz. Les paroles de mon père me reviennent en mémoire "Tu es sûre que ça va ma puce ? En ce moment tu reste souvent dans ton coin, tu ne vas pas t'amuser avec les autres..." En y repensant, c'est vrai, il a raison. Je ne sais pas pourquoi, je n'ai plus envie de rien, je préfère rester seule. Et puis tout m'énerve sans raison particulière ! Enfin, ça finira bien par passer... Je m'arrête face à cette étendue bleue et laisse l'eau me chatouiller les pieds. Elle est fraîche pour un mois d'août, pourtant des centaines de personnes s'amusent dedans. Ce doit être moi, après tout je n'y ai jamais mis les pieds ! Je regarde autour de moi et me lance, je fonce dans l'eau qui me congèle les jambes mais je continue d'avancer, comme aimantée à l'horizon. Quelques gouttes de pluie tombent sur ma tête, le vent souffle un peu. Je dois bien avouer que j'ai froid, immergée jusqu'à la taille dans cette eau qui me paraît glaciale. Le soleil a complètement disparu, seuls de gros nuages gris occupent le ciel. Je songe... Clara et Mathis ont dû rejoindre les parents à cette heure ci... Je m'avance un peu plus puis pique une tête et plonge dans l'eau. Les vagues sont puissantes, elles m'entraînent toujours plus loin. Je jette un œil sur la plage : impossible de distinguer précisément la couleur des parasols. Où ai-je mis mes affaires ? Bof, je les retrouveraient tout à l'heure... Je me débrouille comme je peux en alternant la nage de la grenouille et un crawl plus ou moins maîtrisé... La pluie s'intensifie, elle est froide et le vent n'arrange rien. Là où je suis je ne vois plus de nageurs. J'aperçois un surfer au loin qui se rapproche de la plage. Un sacré paquet de personne est sorti de l'eau, il n'y a presque plus personne ! Maman et papa ne doivent même pas s'être aperçus que je suis partie, ils étaient tellement occupés à rire et à discuter... J'ai froid, mes membres s'engourdissent et je m'épuise. La nage n'a jamais été mon fort... Mais je continue, méloignant toujours plus et encaissant des vagues de plus en plus fortes. Soudain, je reviens à la raison : que fais-je dans l'eau alors que j'en ai une peur bleue ? Je m'affole et essaye tant bien que mal de faire demi-tour pour retourner sur la plage mais il m'est maintenant impossible de bouger. Ma jambe me fait terriblement mal, je suis prise d'une crampe et je m'immobilise. J'ai à peine le temps de voir une énorme vague m'arriver droit dessus qu'elle s'écrase sur moi me faisant boire la tasse. Je crie et essaye de remonter à la surface mais rien à faire : je suis comme aspirée vers le fond. Pourtant, ma panique s'estompe un peu... Je repense à cette journée qui avait si bien commencé, à notre petit déjeuner pris sur la terrasse, l'air iodé nous chatouillant les narines, à notre balade sur le sable. Puis je repense au ciel qui s'est assombri, à ma sœur, à mon frère qui sont partis s'amuser. Pourquoi je ne pouvais pas partir avec eux pour moi aussi m'amuser ? Pourquoi je reste seule depuis une semaine ? Je repense à ce bar où je ne me sentais pas à ma place. Autour de moi règne un silence envoûtant, l'eau salée au goût infernal... Une sorte d'enveloppe me prends dans ses bras. Je me sens enfin à ma place, chez moi. Tout deviens flou, je ferme les yeux.
Je me noie.
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Immersion Totale Dans Mon Monde
PoetryPetits poèmes comme ça, textes, citations, juste histoire de ! Je les ai dans ma tête mais je voudrais vous les partager. Vous allez donc découvrir en partie ce qui se trame dans mon cerveau. Je vous laisse découvrir ce que ça donne !