Cigarette et cendrier

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Je repérai facilement la propriété et m'y engagea, manquant de défoncer le portail en voulant aller trop vite. Mais pas le temps de tergiverser et de demander à quelqu'un de m'ouvrir ! J'empoignai le portail et le poussai de toute mes forces avec un petit coup de pouce magique. Je rentrai dans la Bugatti et fonçai vers la maison. Il fallait passer le stupide mais magnifique jardin pour arriver devant l'entrée. En deux temps trois mouvements, je fus sur le palier et posai la main sur la poignée, mais la porte s'ouvrit à la volée sur un Lucifer passablement agacé et inquiet. Ne voulant pas perdre de temps à écouter ses remarques, je le bousculai et entrai dans l'immense palace en hurlant :

- Jay ? On s'en va immédiatement ! Jay !

- Comment ça vous y allez ? Demanda Lucifer.

- Raphaël est de retour, et il est au Kentucky en ce moment même et je n'ai pas envie de le croiser, surtout qu'il doit être très en colère pour ce que je lui ai fait il y a...

- Deux semaines, compléta le Démon.

- Quoi ?! Deux semaines ? J'ai dormi pendant DEUX semaines ? Mais vous n'avez pas pensé à me réveiller avant, bande d'idiots ?

- T'en avais besoin !

- Mes fesses ouais ! J'aurais très bien pu tenir !

- Tu étais dans un état critique ! A deux doigts de disparaître !

- J'aurais survécu !

- Mais tu serais en Enfer, Mayra ! Et de là bas tu ne peux pas aider Jay ! Tu n'aurais jamais été au courant de ce qu'il aurait pu lui arriver ! Et le temps qui s'écoule là bas n'est pas le même qu'à la surface, tu le sais. Arrête de faire ton héroïne !

- Un jour ici, correspond à deux là bas,  fis-je contrainte d'accepter que Lucifer ait raison, où est Jay ? Nous devons partir sur le champ.

- Ouais je sais. Satan a une maison à Chicago, tu devrais y aller pour éviter Raphaël.

- Bonne idée, il faut qu'on arrive au Manoir avant que Raphaël ne mette en pièce le petit humain qu'est Jay.

- Le Manoir ? Mais il est à l'autre bout de la planète !

- Londres n'est pas le bout de la planète ! J'aurais dit Sydney ok, mais quand même ! (Il fit une moue boudeuse) oh arrête ! Bon où est Jay ?

- Il... (Lucifer détourna le regard et déclara) il est dans la salle d'entraînement.

Ah bon ? Pensais-je, comme s'il en avait vraiment besoin.

Lucifer m'expliqua que Jay voulait améliorer ses techniques et j'hochai la tête. Alors que je m'avancais dans le séjour, je remarquai un cendrier posé négligemment sur la table basse, une cigarette grillée posée dessus, à côté d'autres mégots. Maintenant que j'y pensais, ça sentait la cigarette.

- Tu fumes ? Demandais-je à Lucifer, ne quittant pas le cendrier des yeux.

- Euh... (Je me tournai vers lui, il avait soudainement le visage livide) oui, c'est moi qui fume. Qui d'autre de toute façon hein ? Et puis c'est...euhm... relaxant, ça me fait du bien !

J'haussai un sourcil. Quelque chose ne tournai pas rond.

- On dirait que tu mens, fis-je.

- Hein ? Oh non non ! C'est moi je t'assure !

- Mouais...

Il prit le cendrier et jeta les mégots dans la poubelle, comme si c'était des pièces à conviction. Si ça se trouve je me faisait des idées. Pourquoi Lucifer me mentirait-il ? Il peut très bien fumer.

- Il faut que Jay sache se battre contre les autres surnaturels, dis-je.

- Comment ? Il n'a aucun pouvoir !

- On peut lui en fournir, avec la Pierre d'Obsidienne.

La Pierre est une sorte de gros diamant contenant non seulement un pouvoir hors norme, beaucoup plus puissant que moi seule, mais elle peut aussi décupler les pouvoirs déjà existants de son possesseur. Ce qui le rend quasiment invincible. Je dis bien quasiment, puisque si je m'unie avec Dieu, nos pouvoirs combinés pourront l'arrêter.

- Elle est introuvable depuis des lustres ! Et puis c'est notre ennemi suprême qui l'a cachée ! Des Anges la protègent ! C'est se jeter dans la gueule du loup ! Contredit Lucifer

- C'est ça le plan, les crétins emplumés ne s'attendent pas à ce qu'on aille sur leur terrain, on jouera d'un effet de surprise et si Jay arrive à s'emparer de la Pierre...

- Il pourra facilement détruire Raphaël.

- Complètement et il ne pourra pas revenir à la vie.

- Réfléchis aux conséquences ! Ils t'en voudront ! Et ça déclenchera une Guerre Céleste ! Avec les pauvres Mortels au milieu qui n'ont rien demandé !

- Je sais, mais Jay ne peut pas rester en tant que... homme en détresse ! Il sait se défendre mais ne peut rien faire contre ces piafs angéliques !  Il faut mettre fin à la violence de Raphaël !

- Tu sais ça ne me dérangerait pas que tu fasse une guerre contre eux, ça fait longtemps que je n'ai pas botté le cul d'un Ange ! Mais les humains n'ont rien demandé !

Je réfléchis. J'étais peut être allée trop vite. Il avait raison. Encore.

- Écoute, reprit-il, emmène le au Manoir et tu verras après.

J'hochai la tête et me dirigeai dans la salle d'entraînement. Mais je tournai complètement en rond dans le palace. J'étais partie bille en tête et je n'ai pas pensé à demander où elle était. J'entendis soudainement des bruits de combats. Je regardais dans toutes les directions pour savoir d'où venait le bruit. Il me mènerait à Jay et cette putain de salle. Je repris ma route, en le suivant. Droite, gauche, descends les escaliers... Et je me trouvais devant une immense salle au sous-sol. Des machines de musculation, un ring, un sac de frappe, un tapis pour les arts martiaux, et trois casiers pour se changer.

Dos à moi, vers le sac de frappe, Jay buvait de l'eau, une serviette sur les épaules. Il ne l'avait peut-être pas vue.  Et en vérité, je n'avais pas envie de briser le silence. Puis comment devrais-je faire ? Salut désolée de te déranger, ne me pose pas de questions sur ma fugue et je voulais te dire que nous partons pour éviter de croiser le piaf qui veut ta peau, Raphaël tu te souviens ?  Non ça ne faisait absolument pas. Alors, que je pris une grande inspiration pour parler, il se jeta sur le sac de frappe et le roua de coups. Bon, j'aurais dû mal à le faire entendre cette fois ci. Je remarquai seulement maintenant, qu'il a eu le temps de se faire une teinture, ses cheveux chatins étaient désormais noirs. En plus, je ne puis m'empêcher de contempler son dos musclé parfaitement moulé par ce t-shirt... Ah ! Arrête ! Putain mais Qu'est-ce qu'il m'arrive de penser ça bordel ? Il faut que je me reprenne. Je descendis les dernières marches et hélai son prénom. Il se retourna, essoufflé et me toisa de la tête aux pieds. S'il-te-plaît ne pose pas de questions...

- Ah ! qu'est-ce que tu as foutu, putain ?

Et merde.

 La Mort Où les histoires vivent. Découvrez maintenant