Alliance

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Je voulu briser le pare-brise pour que je puisse m'en échapper mais ma portière percuta un tronc d'arbre et la voiture tourna sur elle-même un instant, avant de retrouver un équilibre tout en continuant de dévaler la pente, plus rapidement cette fois.

Alors je tapai plus violemment sur le pare-brise mais il ne faisait que se fissurer.

Ne pas utiliser tes pouvoirs, me dis-je, calmes-toi ou Raphaël te retrouveras, fais autrement.

Je me contorsionnai et arrivai à donner des coups de pieds. Le pare-brise s'enleva et j'étais sur le point de me redresser lorsque la voiture percuta un autre tronc d'arbre et tourna une nouvelle fois sur elle-même. Je fus éjectée violemment contre le siège passager. Des éclats de verre restant me griffèrent le visage. Un se planta dans mon cou et du sang noir s'échappa de la plaie. Je serrai les dents et j'arrachai le bout de verre. Le liquide continua de couler le long de mon cou. Il y eut un troisième choc qui déforma complètement la portière conducteur. Heureusement que j'étais  du côté passager sinon ma jambe serait restée coincée. La voiture sembla se stabiliser et s'arrêter contre l'arbre sur lequel elle a tapé. Je me redressai et regardai les alentours. Les vitres étaient brisées, les portes déformées, la voiture était stationnée contre deux troncs d'arbres. Je soufflai et sorti par le pare-brise. Lorsque je fus sortie, je fis l'état de mes blessures. J'avais des écorchures sans gravité, mais celle qui me préoccupait était la plaie de mon cou. Le sang s'écoulait toujours, tâchant mon débardeur et elle n'avait pas l'air de vouloir se refermer maintenant. Le fait que j'utilise moins mes pouvoirs doit affaiblir mon système immunitaire inhumain. Je grimaçai en sentant un bout de verre encore incrusté dans ma peau. Je voulu l'enlever mais il était beaucoup trop profond et trop petit.

- Encore vivante ?

Je me relevai vers mon interlocuteur et vis un Ange léviter au-dessus de ma tête. Je serrai la mâchoire et grognai. Serait-ce des sbires à Raphaël ? L'Ange se posa au sol, en levant ses mains au ciel. Il était blond comme tous les Anges, et c'était sûrement un soldat vu la carrure qu'il avait. Pourtant, il n'avait pas l'air menaçant.

- Je ne suis pas votre ennemi, déclara-t-il.

- Ah bon ? Ironisais-je, excusez-moi mais, j'ai un accident de voiture anormal, vous êtes un Ange et je suis la Reine des Enfers ! Nous sommes ennemis depuis votre conception !

- Je m'excuse votre Altesse, se reprit-il, mais c'était une nouvelle recrue un peu impulsive. On a senti votre présence et il a attaqué.

J'avançai d'un pas et soudainement, une flèche lumineuse me transperça la cuisse. Je tombai, un genou au sol en marmonnant. Mais je me la retirai d'un coup sec et du sang s'écoula de la plaie. Je brisai la flèche en deux et jeta  les restes aux pieds de l'Ange.

- Vous rigolez là ! Vous vous foutez ouvertement de ma gueule ! Et on n'est pas ennemi ? J'ai du mal à comprendre votre fonctionnement ! Je suis déjà bien amochée comme ça pas besoin de plus !

Je fis un pas de plus et une autre flèche fusa, mais cette fois, je m'y attendais. J'ai esquivé et lancé une ombre vers l'archer et un Ange tomba du ciel en se tortillant, essayant d'enlever l'ombre qui l'étranglait. Le soldat écarquilla les yeux et voulu se jeter sur son camarade, mais des ombres lui barrèrent le chemin. Je me dirigeai tranquillement vers l'archer pendant que son camarade bataillait contre les ombres. Je le pris à la gorge et le soulevai de terre. Les ombres revinrent vers moi et le soldat "jenesuispasvotreennemi" écarquilla tellement les yeux qu'ils allaient sortir de leurs orbites.

- Un pas, et je lui brise le cou, declarais-je froidement en plantant mon regard dans le sien.

- Arrêtez ! Je vous en supplie, arrêtez !

- Qu'est-ce qui me pousserait à le faire ?

Le soldat déploya soudainement ses ailes. Elles étaient petites, mais quelques plumes avaient le bord doré. Ce détail me rappela un instant le Professeur de ma vision. Voyant que le soldat faisait une démonstration de force, je deployais les miennes. Beaucoup plus imposante que les siennes, elles étaient noires corbeau et des flammes glissaient de mes bras. Une flamme s'enroula autour de l'archer sans le brûler, mais cela fit assez peur au soldat, puisqu'il baissa ses ailes. Mes yeux de différentes couleur finirent de l'achever et il se recroquevilla sur lui même et recula. Lorsqu'il rangea ses ailes, je fis de même et jeta l'archer aux pieds de son camarade.

- On ne défie pas la Mort, que tu sois un Ange, un Démon ou un humain. C'est une règle d'or et on ne déroge pas à la règle.

L'Ange baissa le regard vers le sol et s'excusa. Il soigna son ami. Il répéta que l'on n'était pas des ennemis. J'ai dû le regarder avec perplexité car il m'expliqua :

- Nous sommes des rebelles, nous nous sommes échappés des Cieux pour fuir l'Archange Raphaël.

- Il a totalement prit le contrôle, conclus-je.

- Il a une grande armée à ses ordres, ses deux frères ont disparus et nous ne sommes qu'une petite minorité de rebelles.

- Il n'a pas encore la Pierre D'Obsidienne ?

- Ça ne saurait tarder...

- Et Dieu ? Il fout quoi ? Il est où ?

- Je ne sais pas, ça fait des siècles qu'on a aucune nouvelle de lui. Mais il faut arrêter Raphaël avant qu'il n'ait la Pierre !

- Le problème avec vous, les Anges, c'est que vous êtes beaucoup beaucoup trop optimistes, marmonnais-je, et comment ?

- Il y a peut-être un moyen d'y entrer par effraction, mais discrètement.

Je le regardais du coin de l'oeil. Après tout, c'était un Ange, un soldat qui plus est. Il a dû en faire des patrouilles sur le mur  de garde, il doit connaître la capitale mieux que personne.

Mais cela voudrait dire que l'on devra parler alliance, et je déteste les alliances. A la fin, il y a toujours des merdes.

 La Mort Où les histoires vivent. Découvrez maintenant