La Mort

Confidence

Il faisait un soleil de plomb et une chaleur étouffante. Je conduisais une sublime Mustang noire sur les routes qui nous conduisaient à l'extérieur de l'Illinois. Sam s'était assis à l'arrière, et s'étendait entièrement sur la banquette, endormi. Nous avions décidés d'aller voir ce fameux Erik Collins, qui nous informerait concernant ce qu'il se tramait dans les Cieux. J'avais remarqué que Jay avait une certaine réticence à le rencontrer, ou plutôt le revoir puisqu'il le connaissait déjà d'avant c'était obligé. Par contre, je ne savais pas comment ni pourquoi, et il fallait avouer que ça me dérangeait. Pour aller à Bay City, il nous fallait quatre heures et demie. Après deux heures de plus et n'y tenant plus je cédai et posai enfin cette question :

- Tu le connaissais ?

- Qui ? dit-il.

- Erik Collins, (Il se referma sur lui-même et fixa la fenêtre à sa droite) Qu'est-ce qu'il t'a fait ? Ou que lui as-tu fais ?

Il soupira et baissa le regard. Je vis sa mâchoire se crisper. Il ferma les paupières et déclara :

- Il a assassiné ma mère.

Je freinai d'un coup, me mettant sur le bas côté. Il avait dit ça d'une manière si...simple ! Heureusement, Sam dormait a poings fermés.

- Pour me venger, j'ai cherché son domicile, j'ai enquêté sur sa vie. J'ai trouvait où il habitait, j'ai su qu'il avait une femme et deux filles. Wendy et Morgane. (Il souffla avant de réouvrir les yeux) Sa femme s'appelait Emma. J'étais tellement fou de rage contre lui. Pourquoi avait-il droit à une famille parfaite alors qu'il avait détruit la mienne ? Je me suis alors armé er suis parti chez lui. J'ai observé tous ses déplacements, ses moindres faits et gestes. Un jour, j'ai su qu'il  ne serait pas chez lui.

Il s'est arrêté, reprenant sa respiration. Je vis ses yeux habituellement insensibles  se remplir de larmes.

- Emma était en train de jouer avec ses enfants, comme toute bonne mère, reprit-il, la gorge nouée, elle n'avait pas le temps d'hurler que je lui avait déjà tiré une balle dans le coeur. Les deux fillettes s'étaient retournées et je les ai criblées de balles au silencieux. Elles n'avaient même pas dix ans... finit-il dans un sanglot.

- Tu regrettes ?

- Je...je ne sais pas, depuis, les visages de ces fillettes n'arrêtent pas de me hanter. Comment fais-tu pour ne pas avoir de regrets ? De ne pas cauchemarder de tes victimes ?

- Parce que pour moi, enlever une vie n'a aucune importance, avouais-je tout en reprenant la route. Je sais c'est horrible, mais c'est la vérité. Lorsqu'on est né pour ça, on s'en fiche. Toi, étant né humain, tu es doté d'une humanité, une sorte de part de toi qui t'empêche de tuer les tiens. Et si tu le fais, tu regrettes instantanément. Mais moi, je n'ai pas d'humanité. Je pourrais très bien tuer un Démon comme un Ange. Mais c'est rare que ça arrive, il fait vraiment qu'il ait fait un crime très grave.

- Attends, ça veut dire que ça ne te dérangerait pas de tuer un des tiens ?

- S'il le mérite, oui.

- C'est....

- Horrible, fou, inexplicable, inhumain, cruel, je sais mais je suis tout cela Jay.

Je suis mon propre cauchemar.

Il y eut un silence pendant un petit moment, mais finalement, je le brisai.

- Si je peux me permettre, comment a-t-il tué ta mère ?

- Une mauvaise affaire avec mon père. Erik n'aurait pas aimé et s'en ait prit à nous. Il avait employé un groupe de mercenaires, et les avait envoyés chez nous. J'étais là, dans la maison. Et...

- Ils l'ont tuée, finissais-je.

- Je me suis battu pour essayer de les retenir, en attendant les renforts. Mais du haut de mes 15 ans, avec un corps chétif, devant des mercenaires aguerris, que pouvais-je faire ? L'un d'eux m'avait attrapé le bras et m'avait balancé sur la table basse. Je m'étais relevé difficilement, devant son regard amusé. Le mercenaire s'est alors muni de son couteau de combat et a tenté de me trancher la gorge. J'avais réussi à l'éviter de justesse, mais la lame m'avait entaillé le cou et m'avait laissé cette cicatrice, il fit une pause en touchant sa cicatrice. Ensuite, l'homme m'avait obligé à regarder ma mère mourir. Ils l'avait découpée.  Puis ensuite, le mercenaire m'avait cogné contre le sol et j'ai perdu connaissance. Voilà, tu sais tout... fini-t-il avec difficulté.

J'hochai la tête en guise de réponse. Je supposais, au vu de sa réaction, que tuer la famille d'Erik était son premier crime. Il avait tout de même quinze ans. Voir du sang en trop grande quantité, surtout venant de sa mère, avait dû le choquer.

- Tu as appris à tuer, je me trompe ? (Il detourna une fois de plus son regard) la manière dont tu utilisais les poignards, l'aisance avec laquelle tu te défendais, c'est comme si tu avais fait ça toute ta vie.

- Suite à l'attaque d'Erik, mon père avait choisi de m'endurcir, expliqua-t-il, il a été sans pitié. Il m'a confié au pire des entraîneurs, qui ne faisait pas de cadeaux. Lorsque je désobéissais, il me frappait. Lorsque je faisais une erreur, il me punissait. La hauteur de la punition dépendait de l'importance de l'erreur. Ça pouvait aller d'un combat contre une dizaine de combattants aguerris, jusqu'à rester dehors dans la rue pendant une semaine sans manger ni boire. Je devais survivre.

- Et entre, il y avait quoi ?

- le fouet, dit-il en souriant faussement, une trentaine de fois. J'ai des cicatrices. Mais j'ai fini par m'en sortir, avec des bleus, des os brisés ou déplacés. Mais à la fin, je suis devenu un assassin n'aillant peut de rien ou presque. (Je lui jetai un regard, l'invitant à continuer) j'avais peur de perdre mon père, ma seule famille. Maintenant qu'il est parti, je ne sais pas de quoi j'ai peur.

Je souris tristement. Puis je pensais au soir où nous avions dérapé, où je me suis tellement énervée que je suis allée blesser des dizaines de personnes innocentes. Je me rappelais du regard triste, brisé et blessé qu'il avait lorsque je lui ai dit qu'il ne me reverrait plus.

J'écarquillai les yeux. Je sais de quoi il avait désormais peur.

Il avait peur de me perdre.

Désolée d'avoir posté en retard, mais je me rattraperais pendant les vacances ! 😁