Folle rencontre

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Jay tapa deux fois contre la vieille porte en bois peint en bleu. J'observais le mur décrépit en attendant que la porte s'ouvre. Difficile de s'imaginer un homme ayant eut les moyens de se payer des mercenaires assez aguerris pour tuer la famille du chef du plus grand cartel d'Amérique. Moi, je pensais plus a une petite villa, bien entretenue avec des tonnes de domestiques.

- Monsieur Collins ? Ouvrez s'il vous plaît, demanda calmement Jay.

Je me tournai vers lui en fronçant les sourcils. Étrange. Je pensais que les médiums attendaient avec impatience un représentant d'un des deux clans d'un monde caché. Mais celui-là non.

- À mon avis, il était au courant qu'on viendrait le voir, dis-je.

- Entrons par l'arrière, nous ne pouvons pas défoncer la porte devant les voisins, proposa Jay.

- Qui t'as dit qu'on allait forcer la porte ?

D'un claquement de doigts, la porte se déverouilla seule, puis nous entrâmes sans bruit. L'intérieur laissait a désirer, pire que l'extérieur. Le parquet grinçait affreusement, il manquait de la tapisserie par endroits. Nous avançâmes dans la pénombre, ouvrant les volets poussiéreux.

- On dirais que ça fait une éternité que quelqu'un y est entré, déclara Jay.

- Pourtant je n'ai pas l'impression qu'elle est vide cette maison, je sens une...

- Youpi ! Des gens qui viennent me rendre visite !

- présence, terminais-je.

Un homme ayant dépassé la soixantaine débarqua de nulle part, une bouteille de rhum dans chaque main.

- Il n'a pas perdu un peu la tête ? Demandais-je à Jay.

Il ne me répondit pas, se contentant d'observer l'homme. Celui-ci tomba au sol à mes pieds. Une vague d'odeur d'alcool agressa mes narines.

- Oh votre Majesté ! S'écria-t'il.

Il releva la tête, puis me sourit. Je n'ai pu retenir cette grimace de dégoût qui s'empara de mon visage. Je reculai d'un coup.

- T'es sûr que c'est lui ? Demandais-je en me retenant de vomir.

- Oui, je reconnais son visage.

Ouais, bah il n'a pas bien vieilli.

- C'est surtout qu'il n'a pas pu faire le deuil de sa famille, répliqua Jay.

Merde, j'avais parlé au lieu de penser très fort.

- Au moins il t'a reconnue, continua Jay.

Je ne savais pas trop si j'étais contente que l'on me reconnaisse.

- C'est un honneur votre Majesté, de vous recevoir dans ma demeure, cracha Erik en rampant à mes pieds.

En tout cas ce n'était définitivement pas un honneur pour moi...

Il s'assit ensuite avec beaucoup de difficultés dans un fauteuil miteux d'où ma poussière s'élevait en un nuage à chacun de ses mouvements.

- Que voulez-vous savoir, votre Majesté ?

- Tu sais très bien ce qu'on veut savoir, dis-je.

- Raphaël hein ?

- Bravo ! Une étape de franchie ! Me moquais-je (Il tapa dans ses mains comme un gamin d'un an, je soupirai) maintenant dis-nous tout : il est où ? Qu'est-ce qu'il fait ?

- En prison ! S'écria-t'il, mais des gens, ils viennent le voir.

- Par moi-même... jurais-je, ça va pas être simple.

- Il peut voir qui il veut quand il veut, expliqua Jay.

- Qu'est-ce qu'il fait ? Demandais-je.

- Manipuler ! S'écria Erik, les novices, il les aime beaucoup parce qu'ils sont naïfs.

- Si ça continue, il va manipuler tous les Anges ! Il devient dangereux, dis-je, a-t-il la pierre d'Obsidienne ?

- Pas encore, répondit Erik en crachant, mais bientôt, Majesté.

- Je le savais, fis-je, ses frères sont-ils au courant de ses plans ?

- Michael et Gabriel ? Non, répondis platement Erik.

Je me tournai vers Jay.

- Est-ce tout ce que nous voulions savoir ?

Pour toute réponse, il hocha la tête. Je lui sourit alors. Il décroisa ses bras en fronçant les sourcils.

- Je vais le tuer, déclarais-je, de un parce qu'il me fais pitié et de deux parce que s'il divulgue ce que fais nos ennemis rapidement, il peut très bien divulguer les nôtres.

Un poignard se materialisa dans ma paume. Sa fine lame noire étincelait grâce au seul rayon de soleil qui illuminait la pièce.

- Non, dis-je finalement, il va se tuer lui-même.

Jay me regardait comme si j'étais devenue folle. Il pensait certainement que j'allais hypnotiser le vieillard, mais non. Avec le peu de conscience qui lui restait, je pouvais lui faire croire tout et n'importe quoi. Je m'approchai du vieil homme et m'agenouillai en face de son visage.

- Voudrais-tu me rejoindre ? Dis-je, je sais que tu as ta place dans mon royaume.

- Oui votre Majesté ! Hurla-t'il.

- Il faut donc que tu fasses un rituel.

- Lequel ? Je ferais tout pour vous !

- Te tuer, te planter cette magnifique lame dans ton coeur.

- Mais, ça va faire mal ?

- Non car je serais près de toi.

Sans hésiter une seule seconde, le fou s'empara de ma lame et se transperça la poitrine avec une violence inouïe. Il hurla, mais son cri se termina en gargouilli dégoûtant.

- Partons, ordonnai-je en enjambant le corps, nous n'avons plus rien à faire ici.

Plus tard, dans la voiture, nous nous arretâmes et j'expliquais à Sam ce que nous avait dit le défunt Erik. Ensuite Jay demanda à se changer, pour Je cite : " enlever l'odeur de l'horrible carcasse morte d'Erik". Il est sorti prendre ses habits dans le coffre, et lorsqu'il revint, le t-shirt pas encore mit, je vis dans son dos d'énormes cicatrices qui lui striaient le dos entier. Le fouet, une trentaine de fois. J'ai des cicatrices, me rappelais-je. Il n'avait pas menti. Son apprentissage devait être rude a l'époque. Je ne lui fis cependant aucune remarque lorsqu'il rentra dans la voiture. Mais finalement je décrétais que je voulais moi aussi me changer. Les garçons sortirent. Je vis Jay en profiter pour fumer une cigarette. Ne t'énerve pas, il va arrêter un de ces jours...

Nous reprîmes la route après que je sois changée, et après avoir choisi une nouvelle voiture que Sam conduira.

Nous ne savions pas où on devait aller, à quel endroit précisément. Tout ce que nous savions, c'était de s'éloigner de Bay City au plus vite.

 La Mort Où les histoires vivent. Découvrez maintenant