Meurtre et dispute

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Pendant que l'on marchait, ou errait je ne sais pas, je ne pouvais m'empêcher de penser que Jay était forcément le Jay à côté de moi. Cependant, je ne me souvenais plus du nom de famille d'Edmund donc je ne pouvais pas être certaine que ce soit lui. Après tout, il y en a plein des 《Jake》. Il est probable que ce soit un tueur en série engagé dans la planque d'Edmund. Faudra que je lui demande...

Je brisai le lourd silence qui régnait depuis quelques minutes.

- Il va falloir faire attention, il y a des caméras de surveillance et on pourrait te reconnaître. (Jay ne me jeta même pas un regard) Oh ! Tu m'écoutes ?

Je lui attrapai le bras et le força à se retourner vers moi. Je croisai son regard, et y décelai un semblant d'animosité. Mais qu'avait-il ? Je ne lui ai rien fait ! Sinon, il est vraiment susceptible ou bipolaire.

Soudain, il me poussa violemment, m'envoyant valser sur la route. Ma tête heurta le goudron, pourtant tout ce que je sentis fut la rage et l'accès de violence qui affluaient dans mon corps. Je suis insensible à la douleur. Je me relevai de suite et m'avançai vers Jay. Je déteste que l'on soit violent avec moi. Je le poussai et il recula, puis trébucha contre le pied d'un banc. Jay tomba en s'étalant sur le dos. Je m'approchai et prit son cou entre mes mains. Mais il me jeta sur le côté et les rôles s'inversèrent. Il était au-dessus de moi et avait mon cou entre ses mains. Je ne sentais rien et me mit à rire. Mes yeux changèrent de couleur et je profitai de l'effet de surprise pour lui donner un coup dans l'entrejambe. Il s'affaissa sur moi, et je me dégageai de lui, le laissant face contre terre en gémissant.

Les humains sont pathétiques, pensais-je.

********

Assise contre le rebord de la fenêtre, je regardais les rayons du soleil caresser le visage pâle de Jay. Après s'être installé dans la voiture, nous avons beaucoup rouler pour trouver une planque pas trop abandonnée. Jay s'était endormi  au bout d'une heure. J'avais continué pendant une autre heure jusqu'à ce qu'on trouve une vieille maison abandonnée en bordure de ville. Je suis sortie et ai vérifié les lieux. Aucune présence, seuls les quelques tags dans les pièces montraient que des gens étaient passés par là. C'était un peu récent, sûrement un propriétaire mort et la famille n'a pas encore mit la maison en vente. J'ai donc garé la Tesla devant la maison. J'avais traîné Jay, qui dormait encore après mes vaines tentatives consistant à le reveiller, jusqu'au séjour sur le piteux canapé plein de poussière et sûrement extrêmement dur dû au manque de coussins. Ensuite, ne voulant pas le laisser seul, je tirai le fauteuil en face vers la fenêtre et m'y installait, attendant l'aube. Je n'avais pas besoin de dormir, je n'ai pas réellement de besoins primaires, si ce n'est que d'être entourée d'ombre. Je ne ressens donc pas la  fatigue sauf en cas d'utilisation extrême de mes pouvoirs.  Utiliser une grande dose peut être fatal pour moi étant dans une enveloppe corporelle humaine. Mais si je suis sous ma forme originelle et sur mon propre terrain, je ne crains rien et peux utiliser à ma guise et infiniment l'immense réservoir de pouvoirs en ma possession. Pourtant lorsqu'on traîne trop avec des humains, on devient comme eux. Je m'étais donc laissée aller à quelques heures de sommeil.

Lorsque j'avais ouvert les yeux, Jay était avachi dans le canapé. Il avait même la tête qui tombait du canapé. D'ailleurs un petit filet de bave s'écoulait de sa bouche... Quel crétin.
Je me remis à penser à la soirée d'y hier. Riche en émotions je dois dire. La mort d'Edmund, la découverte de son fils, une attaque louche... D'ailleurs, je suis sûre que les policiers ont eu un coup de pouce magique. Les Anges y avaient mis leur grain de sel. Raphaël avait réussi à retracer ma piste pour le mener jusqu'à Edmund. C'était obligé que ce soit Raphaël, Gabriel était trop occupé à gérer les Cieux pendant que le Vieux se la coulait douce et Michael était un des professeurs de l'Ecole Angélique. Raphaël était donc le seul disponible pour ce genre de chose. L'Archange me cherchait vraiment, et m'avait touchée en tuant mon seul ami. Et si je ne protégeais pas Jay, qui sait ce que Raphaël lui aurait fait ? Cet Archange était violent, tout le contraire que ce que les humains pensent ! Celui qui est censé répandre le Bien... Je n'ai jamais vu Raphaël le faire ! Enfin pas dans le protocole. Il tuait les indésirables. Pour faire durer la lumière, il utilisait les ténèbres. C'est vraiment l'Ange le plus démoniaque.

- Bon t'as fini de me mater ? Je sais que je suis beau mais quand même !

Dans mes pensées, je n'avais pas remarqué que mon regard était toujours posé sur Jay. Je clignai des yeux et le fixait. Enfin pas ses yeux, je l'écoutait même pas. Je détaillai sa cicatrice. La marque était beaucoup trop fine pour que ce soit une balle. Il s'agissait d'une arme blanche.

- Oh ! T'écoutes ? Mayra !

- C'est au couteau que l'on t'a fait ta cicatrice ?

Jay se crispa et je vis ses yeux s'assombrir avant qu'il ne les détourne. Les mâchoires serrées, il se leva sans me répondre. Je soupirai d'exaspération et me levai à sa suite. Mais lorsqu'il s'apprêtait à partir je ne sais où, je lui barrai le chemin les bras croisés. Mais même avec mon regard déterminé, il leva un sourcil et me bouscula l'épaule en forçant le passage. Passablement agacée, je l'interpellai :

- Jay ! Pourquoi tu ne veux rien me dire ?

- C'est pas tes affaires.

- Tu crois que je vais me contenter de ça ?

- Il va falloir.

Je m'énervais toute seule et Jay n'en avait que faire. Quand je l'appelais il m'ignorait. Je détestais lorsqu'on se fichait de moi. J'étais maintenant très en colère. J'insultai Jay mais il n'eut aucune reaction. Il passa son chemin et monta les escaliers. Désormais, j'avais très envie de commettre un meurtre. Je sorti dehors et m'installai dans la Tesla. Il fallait que je me calme.

Je me suis garée sur un parking presque vide. Le premier que je croise, qu'il me regarde mal lu qu'il me parle mal, je le tuerai. Et je me fiche que ce soit en plein jour ou non, j'avais changé de physique, on ne me reconnaîtrait pas. J'étais désormais une femme d'une trentaine d'années, blonde aux yeux verts. Lorsque je regardais les voitures aux alentours, un homme d'une cinquantaine d'années m'interpella une bière à la main. Il était soul.

- Oh ! On va pas te la voler ta caisse ! Hurla l'homme en riant comme un porc.

Je le regardai de travers. Cible verrouillée. Je fis apparaître un couteau de lancer. Il ne réalisa pas ce qu'il se passait. Le couteau se ficha dans son coeur. Il s'écroula au sol, sur les genoux. Il se tenait la poitrine, où une tâche vermillon s'élargissait sur son debardeur blanc. Il voulu parler peut être, mais sa voix se transforma en un gargouilli dégoûtant. Il cracha du sang lorsque je lui retirai l'arme et le liquide tâcha mes mains. Des gouttes de sang éclaboussèrent mon t-shirt. L'homme s'affaissa ventre contre terre, le regard vide. Une flaque de sang s'étala près de son corps. Je quittai les lieux au volant de la Tesla et me redirigeai vers la planque. Je me retransformais dans la voiture, mais le sang n'était pas parti. Il avait séché. Je soupirai et continuai ma route.

 La Mort Où les histoires vivent. Découvrez maintenant