Démissions suspicieuses

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Il lui était impossible de trouver le sommeil.

Ce matin, Mike s'était réveillé avec la ferme intention de passer la soirée avec ses amis ; John, Sarah, Peter et Jo.

Même si cela se passait mieux avec ces deux derniers, Mike sentait comme une tension.
Et il avait bien remarqué que quelque chose se tramait entre les deux.
Mais il ne leur demanderait pas.
Il ne le pouvait pas.
Il ne voulait pas savoir.

La raison était simple.

Depuis le début, la jeune fille ne le laissait pas indifférent, loin de là.
Il avait tenté des pointes d'humour en disant qu'elle et Peter étaient faits pour être ensemble, chose qu'il avait immédiatement regrettée.
C'était bien la dernière chose à faire dans ce cas.

Mike était en train de se rendre sur le lieu du tournage.
Lui n'était pas acteur, mais il avait accompagné Peter pour faire un stage. Il voulait devenir scénariste.

Peter avait été « suspendu » quelques jours. Mike avait réussi à convaincre l'équipe que ce qui était arrivé n'était qu'un malentendu et qu'il avait simplement besoin de repos.
Peinant à le croire, ils avaient quand même accepté de retarder quelques scènes pour lui laisser le temps.

Mais une fois arrivé, lorsqu'il apprit que Peter allait être remplacé parce qu'il avait démissionné, Mike n'en revenait pas.
En fait, il n'y croyait pas un seul instant.

On lui dit également que John avait démissionné.
Il n'avait absolument aucune raison de le faire.

Tout le tournage allait être revu, et repris du début.
L'équipe n'avait pas l'air de vouloir en savoir plus, ils ne semblaient absolument pas inquiets.
« On a d'autres bons acteurs sous la main » avaient-ils dit.

Mike les trouvaient ridicules. Mais lui ne pouvait pas démissionner, il était simplement stagiaire.

La vie en France lui donnait des migraines. Il avait l'impression d'être le seul à garder plus ou moins les pieds sur Terre.

Tous, autour de lui, agissaient d'une manière qui lui paraissait absurde.

Peter lui cachait des choses, il lui avait même avoué.

Jo tenait à Peter, et suivait ses comportements.
Il avait du mal à le reconnaître, mais cela lui faisait mal. Cependant, il ne lui avait jamais parlé de ce qu'il ressentait.
Pourquoi ? Il savait pertinemment que cela aurait fait plus de dégâts qu'autre chose.
Jo l'appréciait en tant qu'ami, et cela aurait probablement gâché leur relation.

John, quant à lui, était aux abonnés absents. Lorsqu'il répondait, il restait froid, et paraissait stressé en permanence.

Mike profita de sa pause pour s'éloigner un peu et appeler son ami.

John décrocha au troisième appel.

- Sérieux Mike ! Arrête de me harceler ! Je ne peux pas répondre, c'est tout. Ok ?!

- John ? Qu'est-ce qu'il se passe mec ? Pourquoi tu as donné ta démission ? Pourquoi tu ne m'en as pas parlé avant ?

John semblait ne pas avoir réfléchi à l'éventualité d'entendre cette question.

- Quoi ? Hein, ah oui ! C'est... compliqué Mike. Oh, et puis ça ne te concerne pas.

- Mec, tu ne fais pas de conneries hein ? Tu sais, je ne pourrais pas toujours être là derrière toi pour t'aider à régler les...

- Ta gueule ! Ça ne te concerne pas je te dis ! Je suis assez grand pour me débrouiller, j'ai 20 ans, je sais ce que je fais !

Sa voix tremblait. Il voulait paraître assuré mais son intonation trahissait la peur qui le rongeait.

- Calme toi vieux, c'est ridi...

- Je dois te laisser. Désolé d'avoir gueulé. Tu n'y es pour rien.

Il raccrocha.

Mike savait qu'il allait faire quelque chose qu'il allait regretter.

Il décida d'appeler Peter, qui ne répondit pas. Il laissa un message.

« Ouais Pete, écoute, je voulais vous proposer de faire un truc ce soir avec Sarah, John, Jo et toi.
Je viens d'avoir John, je ne sais pas...il m'inquiète.
Il va recommencer, il a dû encore se laisser embarquer dans une galère...je ne sais pas trop quoi faire.
Il y a deux ans j'ai réussi à le sortir de justesse de son délire...le problème c'est qu'il est assez influençable, il ne se méfie pas assez ! Et comme ses parents sont en grosse galère d'argent, il est toujours prêt à tout pour en trouver...Bref !
Dis-moi ce que tu en penses, et il va falloir qu'on parle de la raison pour laquelle on m'a annoncé que tu démissionnais hein. Sérieux Pete. Je sais que tu subis des trucs. Ça se voit que le problème ne vient pas de toi.
Mais ça n'est absolument pas ton genre de lâcher comme ça.
J'espère que ça n'est pas à cause de ce qu'il s'est passé. Parce que je sais que tu n'allais pas bien, et je t'assure que... » Désolé le temps disponible pour enregistrer votre message est écoulé. Si ce message vous convient, faites le 1, pour le réécouter...

Mike appuya sur la touche 1 et raccrocha en soupirant. Après tout, ils avaient déjà eu cette conversation.

Peter ne répondit pas, et il ne répondit pas non plus aux trois appels suivants, quelques heures plus tard.

A la fin de sa journée, Mike se dirigeait vers sa moto en envoyant un sms à Jo, qui lui répondit rapidement « Oui carrément, on est chez Peter, je suis partie acheter des pizzas ! Mon petit frère est là aussi ! Viens quand tu veux !».

Il en avait conclu qu'ils avaient probablement passé la journée ensemble.
Il secoua la tête, passa sa main dans ses boucles brunes et mis son casque.

Il repassa d'abord chez lui, puis parti les rejoindre.
45 minutes plus tard, il arriva donc dans la rue de l'appartement de son ami.
Elle était toujours déserte, et mal éclairée, c'était effrayant. Mais Peter l'avait choisie volontairement pour être « tranquille ».

Mais ce soir-là, il trouvait qu'il y avait beaucoup plus de monde qu'habituellement.
La plupart d'entre eux n'étaient pas simplement en train de marcher, mais étaient immobiles, semblant attendre quelque chose.
Certains assis, d'autres debouts.
Fumant une cigarette pour certains, regardant leur portable pour d'autres.

Personne ne semblait avoir remarqué sa présence.
Comme souvent en France, il trouvait encore une fois cette scène des plus étranges.

Mais alors qu'il commençait à se rapprocher de l'immeuble, un bruit l'interpella.

Il avait fait une formation militaire quelques mois auparavant.
Pas le moindre doute.
Et le bris de verre qui s'en suivi était sans appel.
Quelqu'un venait de tirer une balle, réelle, avec un silencieux.

Immédiatement, le jeune homme s'immobilisa.
Il recula ensuite doucement et se colla à un mur.

Il leva les yeux. Ces hurlements. Il les avait entendus il y a quelques temps. Il les avait entendus lorsque son ami le frappait.
Mais ces hurlements criaient le nom de John.

Mike se figea. Quelqu'un venait de tirer dans l'appartement de Peter, et probablement sur John. C'est quoi ce bordel...bon sang, c'est pas vrai, dites-moi que ça n'est pas vrai.

Des gouttes de sueurs perlaient le long de son visage.

Il vit que les faux piétons rentraient à présent dans l'immeuble.

Il décida d'en profiter pour partir. Malgré lui, il se mit à courir, espérant n'avoir pas été vu.

Il essayait de se convaincre qu'il ne pouvait rien y faire. Il aurait été seul, contre une bonne vingtaine d'hommes, probablement tous armés.

Même s'il avait l'impression de fuir, cette fois-ci, il était bien décidé à ne plus rien ignorer.

Il partait chercher de l'aide.

Stranger Ways [2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant