Chapitre 7 🚫

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À la première heure, le jour suivant, Eren alla directement avertir le recteur de ce dont il avait été témoin la veille. Erwin, soucieux du bien-être de ses élèves, convoqua donc tous les professeurs de l'école afin de les avertir sur ce cas ; dorénavant, les enseignants devaient se montrer plus prudents et agir au moindre comportement suspect. Tel était leur rôle : veiller au bien-être de leurs étudiants. Tous les enseignants débutèrent la journée sur un pied d'alerte. Un professeur en particulier, Bossard, fumait de rage.

Levi, en ce matin, se sentait mal ; il avait été malade la nuit passée et, comme sa mère s'inquiétait pour lui, elle l'avait gardé à la maison pour qu'il puisse se reposer calmement. Kuchel avait avisé l'école de son absence, ce qui ne manqua pas, évidement, de tomber dans l'oreille d'Eren. Le professeur se sentait encore plus coupable. Si seulement il avait pu empêcher cette tragédie, Levi et sa mère souffriraient bien moins. Sans savoir pourquoi, Eren s'en mettait beaucoup sur les épaules.

La journée se passa curieusement dans une langueur pénible. Le jeune professeur était toujours aussi marqué par les blessures sévères de son élève ; ces images lui hantaient l'esprit. Il se montrait quelques fois vague et distrait, ce qui n'était absolument pas dans ses habitudes.

*

Puis, la journée suivante, Levi revint en classe. Cette journée-là, il voyait Eren seulement deux heures en après-midi, entrecoupées par un cours de sport. Certaines blessures du jeune homme étaient totalement guéries, mais d'autres, comme sa coupure au front et quelques marques autour de ses avants-bras, persistaient toujours. Levi portait un sweat noir sous la chemise de l'école, question de camoufler les ecchymoses qui n'avaient pas encore disparues.

Sur l'heure du midi, l'adolescent ténébreux alla rencontrer son ami Farlan pour partager un repas à l'extérieur ; ils voulaient profiter de l'une des dernières chaudes journées d'automne. Cependant, lorsqu'ils virent Isabel arriver, ceux-ci restèrent à nouveau horrifiés ; elle était en larmes. Farlan se pressa aussitôt de la prendre dans ses bras et de la rassurer.

- Que s'est-il passé? s'indigna Levi.

- C-C'est monsieur Bossard... I-Il m'a encore insultée... Il m'a p-punie devant toute la classe...

- Il y a quelque chose qui ne va pas chez lui! fit le jeune homme châtain, découragé et frustré. On devrait en parler à la direction!

- Non! Surtout pas! intervint Isabel, se dégageant de Farlan. Si mes parents croient que je me tourne les pouces en cours, ça va mal finir pour moi!

- Mais ce n'est même pas vrai! s'offusqua Farlan.

- Oui, mais la parole d'un enseignant est plus forte que celle d'un élève...

Les deux amis se tournèrent vers Levi, qui venait de murmurer cette phrase à lui-même, bien que Farlan et Isabel l'eurent entendue. Ces deux derniers questionnaient leur camarde du regard, mais ils n'arrivaient pas à avoir un contact visuel ; Levi gardait la tête basse, paraissant coupable ou troublé. Des milliers de pensées se bousculaient dans sa tête ; était-ce par sa faute qu'Isabel avait subi le courroux de monsieur Bossard? Et si c'était le cas, pourquoi donc?
Il se devait d'encaisser les coups pour la protéger...

Un silence plana au-dessus des adolescents avant qu'Isabel ne propose d'aller manger, séchant ses larmes. Il régnait une tension inconfortable les premiers moments, mais les amis ne perdirent pas de temps à retrouver leur joie de vivre naïve. Seul Levi, qui était toujours troublé par les paroles de sa chère amie, n'arrivait pas à sourire. Un voile de tristesse couvrait ses yeux sans qu'il ne puisse y remédier. Il aurait fallu quelque chose de puissant pour éclaircir la vue assombrie de Levi.

Terribles SecretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant