Chapitre 13 🏥

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La rentrée après les vacances du temps des fêtes fut ressentie, par Levi, tel un coup de masse en plein estomac. Il était devenu pénible, pour celui qui passait ses journées dans son lit à se morfondre, de se lever tôt et de marcher vers cet établissement qu'il redoutait tant. Heureusement, Levi savait que si quoique ce soit arrivait de mal, il pouvait utiliser son nouveau téléphone pour pouvoir rassurer sa mère. De plus, pendant son congé de deux semaines, le jeune homme avait eu l'occasion de découvrir un nouveau groupe qu'il appréciait en secret : cette pimpante troupe de chanteurs coréens se nommait BTS. Il y avait, cependant, un hic. Comme plusieurs de leurs chansons paraissaient joyeuses aux oreilles fines de Levi, celui-ci préférait leurs chansons plus « thug », telles « No More Dream » ou « Not Today » : même le refrain de « Fire » sonnait trop joyeux pour Levi. Celui-ci, dans sa passe dépressive, ne tolérait plus que les mélodies dramatiques ou déprimantes. Quand il entendait un couplet en mode majeur, il le passait sans hésitation ; c'était devenu que Levi détestait le bonheur des autres puisqu'il n'était pas heureux. S'il avait la malchance de comprendre des paroles à connotation positive, le jeune ténébreux fuyait cette chanson instantanément. Des chansons comme « DNA » ou « IDOL », du même groupe coréen, étaient insupportables aux oreilles du jeune homme. C'était comme si le désespoir de Levi n'avait comme seul but de l'entraîner encore plus profondément dans les abysses sans fin de la dépression.

En ce matin calme, où une neige frivole tombait gracieusement du ciel gris, le jeune homme marchait en direction du lycée, les mains dans les poches pour les conserver au chaud et ses écouteurs sur la tête. Depuis un certain temps, Levi avait l'impression que les musiques classiques n'arrivaient plus à enterrer sa peine au plus profond de lui. Donc, pour oublier le malheur qui l'assaillait, des chansons brusques et mouvementées jouaient en boucle dans les oreilles du jeune homme. De Three Days Grace à Skillet, en passant par les BTS et quelques raps d'Eminen, ces chansons « hardcore » arrivaient, contrairement au classique, à faire oublier à Levi ses malheurs. Par contre, Tchaikovsky, Beethoven et Bach n'étaient pas mis de côtés pour si peu : les soirs, pour s'endormir ou pour retenir ses sanglots, le jeune homme programmait de douces mélodies afin d'apaiser ses remords. L'étudiant avait l'impression d'avoir trouvé une façon saine de consommer sa musique régulièrement.

Enfin, l'instant d'après, Levi remarqua qu'il était déjà arrivé au lycée. Il poussa un soupir inquiet ; comme la musique avait ce don divin de faire passer le temps extrêmement rapidement... La tête basse et le cœur morose, le jeune homme pénétra dans cet amas de chaleur humaine, évitant tout contact physique. Bousculer une personne était le comble pour Levi. Agile comme un serpent, il zigzaguait entre les foules, se frayant lentement un chemin jusqu'à son casier. Une fois rendu, il déverrouilla son cadenas et il stoppa, malheureusement, sa chanson. Alors que l'élève rangeait son manteau et son écharpe - ses seuls vêtements d'hiver - dans son casier, Isabel et Farlan vinrent hâtivement le rejoindre. La jeune fille sauta au cou de son frère de cœur, le forçant dans une étreinte chaleureuse. Levi, affaibli par sa déprime, retourna le geste de manière peu convaincue, mais tout de même sincère. Les deux amis du jeune ténébreux avaient insisté pour l'encourager un brin avant le premier son de cloche. Le trio inséparable discuta un instant avant de se séparer pour le début des classes. Levi soupira tout en prenant son cartable de philosophie.

Il n'avait pas envie de faire face à Eren après tout ce qu'ils avaient vécu ensemble au réveillon de Noël. Et puis, l'enseignant n'avait pas répondu aux vœux de la nouvelle année que le jeune homme avait composés rien que pour lui. Cependant, Levi ne se cachait pas qu'un peu de douceur de la part de son enseignant favori allait être bienvenue. La simple pensée qu'il allait revoir une personne qu'il appréciait redonnait un peu de courage à l'étudiant.

Malheureusement, lorsqu'il entra dans la classe de philosophie, le jeune homme constata avec effroi que ce n'était pas son enseignant qui saluait les élèves : c'était un homme inconnu, probablement un remplaçant. Alors que les yeux de l'étranger se posèrent sur Levi, un air méfiant, voire dégoûté, crispa son visage. Sans dire un mot, brisant le contact visuel, l'élève fraya son chemin vers son bureau près de la fenêtre. Cependant, il fut bloqué par une main qui empoigna durement son épaule. Le jeune homme sursauta, ayant un douloureux frisson de terreur.

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