L'infinité Des Ténèbres

Chapitre 26: Pas en sécurité

« toujours pas en sécurité »

Je reste plantée au milieu de la pièce, observant Théo se laver les mains.
Il se tourne vers moi. Il n'a qu'une seule blessure au niveau de l'arcade. Inquiète, je m'avance et observe attentivement la plaie. J'approche ma main mais n'ose pas toucher son visage.

Théo: Ça va partir. Ne t'en fais pas.

Moi: Comment... Tu as su...?

Théo: Ton cri. Grâce à lui on peut savoir où tu es. D'ailleurs... Les autres doivent savoir que c'est toi... Ton téléphone vibre.

Mon téléphone est en bas...
Ah mais oui... J'avais oublié... L'ouïe surnaturelle...

Moi: Merde...

Je sors de la salle de bain pour descendre les escaliers.

J'arrive devant les marches et manque de trébucher. Théo me rattrape, posant ses mains sur mes hanches, me collant à lui. Mon cur accélère d'un coup à son contact.

Théo: Excuse moi. Je voulais pas...

Moi: C'est... Pas grave...

Théo: Si... Ça l'est. Sinon tu serais pas comme ça.

Je le regarde tandis qu'il s'éloigne un peu de moi. Il à l'air de s'inquiéter...
Je ne sais vraiment plus quoi penser...

Je fini par descendre.
Je prends mon téléphone dans ma veste et décroche.

Amy: Shannon ?! Je t'ai entendu crier. Ça va ? Qu'est ce qu'il se passe...?

Moi: Josh...

Amy: Oh non... Putain... Tu es chez toi ?

Moi: Oui...

Amy: J'arrive.

Je n'ai le temps de rien dire qu'elle raccroche. Je pose le téléphone sur la table.
Je tourne le regard vers Théo.

Moi: Tu... Devrais te changer... Je te laisse aller à la salle de bain...

Théo: Ouais... D'accord.

Il sort de la maison pour prendre des affaires dans la voiture. Je le regarde monter à l'étage, puis je m'assois sur le canapé. Fixant le vide, des larmes coulent silencieusement sur mes joues.
Je ne ressens rien d'autre à part la douleur, à part la peur...

J'ai beau me dire qu'il est mort... Il m'a fait du mal... Et je ne me sens pas en sécurité... Je ne me sens toujours pas en sécurité...

Le silence règne au rez-de-chaussée.
J'avoue que je ressens, pour la première fois depuis longtemps, le manque d'une mère...
Pour une première fois depuis longtemps... J'ai besoin de ma mère...
Comme j'ai besoin de mon frère...
Leur manque me détruit. Je retiens au maximum mes sanglots.

Théo redescend après quelques minutes. Il reste debout, près du canapé, son regard posé sur moi.
Mais je ne réagis pas, je continue de pleurer dans un silence angoissant.

J'ai l'impression qu'il ne sait pas quoi faire ni quoi dire. Alors il m'observe.
Je ne peux pas lui en vouloir...

Amy toque à la porte.
Je ne bouge toujours pas et entends Théo s'éloigner de moi.

La porte s'ouvre.

Amy: Oh. Je m'y attendais pas. Elle est où ?

Théo: Dans le canapé.

J'entends les pas d'Amy dans la maison, s'arrêtant à côté de moi.
Elle s'assoit à mes côtés. Je tourne lentement la tête vers elle.
De suite, elle me prend lentement dans ses bras. Je pose ma tête sur son épaule.

Amy: Ça va aller... Ça va aller... Je suis là ok...? Je te laisse pas... J'ai dis à mes parents que je dormirais chez toi ce soir... Tu es en sécurité d'accord...?

Je hoche légèrement la tête. Essayant de m'en convaincre.

Amy: Josh... Il est...?

Théo: Mort.

Amy: Il à été... Jusqu'au bout...?

Moi: Non...

Amy: Ok... Ok... Je vais te préparer une boisson chaude... Tu es gelé...

Elle se lève et passe devant Théo.

Amy: Restes avec elle. Le temps que je suis dans la cuisine.

Elle n'attend pas de réponse et entre dans la cuisine pendant qu'il s'assoit à côté de moi.
Je baisse le regard, restant muette.
Ma main, posée sur mon genoux, tremble légèrement.

Théo la fixe avant de l'attraper, la pressant lentement. Ce contact ne me fait pas trembler. Il me rassure.

Je lève le regard vers lui, sans comprendre pourquoi il a fait ça.
Celui-ci reste silencieux.
Je n'ose rien dire non plus.

Nous restons quelques instants immobiles à nous regarder.
Amy revient avec une tasse de chocolat chaud et la pose sur la table basse. Théo lâche lentement ma main. Je ne peux pas lui en vouloir non plus...

Amy: Tu devrais y aller. Je vais rester avec elle.

Je regarde Théo. Sachant qu'il n'a nulle part ou aller à part sa voiture me fend le coeur. J'aimerais qu'il reste... Je veux qu'il reste... Mais... Je ne dis rien.
Celui-ci me fais un petit signe de tête pour me dire que ça va aller.

Il se lève et se dirige vers la porte d'entrée...

Je prends lentement la tasse et bois quelques gorgées, essayant de faire le vide dans mon esprit, essayant de ravaler ma peur et mes sanglots.