J1 - Loup-Garou

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L'octobre venait de commencer. J'avais été chercher mes deux petits frères à la sortie de leurs écoles.

- Shiokaï, j'arrive pas à retrouver la clé !

Je soupirai.

- Je t'avais dit de la garder autour de ton cou comme pendentif. Mais tu ne m'as pas écouté ! Lui reprochais-je.

Il me regarda d'un air désolé. Ses tâches de rousseurs et ses yeux couleurs marron-châtaigne le rendaient adorable, quoi qu'il fasse.

Il fouilla interminablement dans son cartable.

Je regardai Yukio, mon autre petit-frère. Celui-ci n'était encore qu'un bébé. Il dormait, innocemment, dans sa poussette. J'aurais pu le regarder pendant des heures. Mais j'avais hâte de rentrer dans notre appartement.

- Suki, passe-moi ton sac.

Je mis la poussette sur le côté du couloir, et cherchai à mon tour la clé, en espérant que Suki ne l'avait pas perdu sur la route.

J'éparpillai les manuels scolaires de mon frère sur le sol afin de mieux chercher.

Les heures passèrent, la nuit tomba, et nous étions toujours dans le couloir.

Agenouillé sur le sol, les yeux rivés à l'intérieur du cartable, je posai sans cesse des questions à Suki, au cas où il se souviendrait de l'endroit exact où il avait mis cette fichue clé. Mais, comme tous les enfants, il n'était pas assez attentif.

Je me relevai, puis secouai le sac. Un son de métal en provenait. C'était sûrement la clé.

Assez soudainement, je regardais mon jean : il était devenu gris à cause de la poussière du sol. Les livres de mon frère étaient sûrement devenus aussi sales.

- Suki, porte tes bouquins, s'il te plaît.

- Mais ils sont lourds !

- Ne dis pas n'importe quoi.

- Mais je n'ai que 10 ans !

- Et alors ? Lui reprenais-je, haussant le ton malgré moi.

Il fit une mine boudeuse, mais obéissait tout de même.

C'est alors que je remarquai une déchirure dans son petit sac. Le tissu s'était troué de l'intérieur, laissant la disponibilité à l'air de s'infiltrer dans un espace plus étroit, caché. La clé était sûrement passé à travers !

Ma patience avait des limites.

J'ouvris mon propre cartable, remplit de livres de droit, et y sortit le mini-couteau que j'avais utilisé pour mon déjeuner. Ainsi, je pus agrandir le tissu déjà troué, du sac de mon frangin, et y sortit la clé.

- Enfin ! M'exclamais-je.

Suki se réjouissait avec moi, le sourire aux lèvres.

J'ouvris la porte, fier de mon exploit malgré le temps écoulé.

Mon petit frère s'apprêtait à rentrer lorsque je fis attention à la poussette.

Une sorte d'animal avait posé ses longues pattes avant devant le bébé. Celui-ci avait des crocs, et scrutait attentivement le bambin.

- Dégage sale bête ! Réagissais-je, instinctivement.

L'animal me regarda. Cela m'avait tout l'air d'un loup.

Il posa délicatement ses crocs dans la capuche de Yukio, avant de revenir au sol, sur ses quatre pattes, tout en portant le petit être avec sa mâchoire.

Cela réveilla le benjamin qui, ne comprenant pas la situation, éclata en sanglot.

Le loup posa son regard une dernière fois sur moi, avant de partir en un éclair vers la sortie, le bébé toujours à sa merci.

Spontanément, je courus derrière lui. Suki, ne sachant que faire, me suivit à la trace.

- Relâche Yukio !!!! Criais-je, même si je savais très bien qu'il y avait peu de chance que le loup me comprenne.

C'était la pleine lune.

Le loup était rapide et dans notre ville qu'était Nara, nous étions en train de le perdre de vue. Suki eut la fabuleuse idée de crier à l'aide. Mais il n'y avait personne. Les rues étaient désertes. Seuls les biches et les cerfs étaient présents dans les rues.

Nous continuâmes à suivre le loup. Mais celui-ci, en plus d'être malin, avait l'air de mieux connaître la ville que moi.

Nous étions à bout de souffle lorsque le canidé entreprit sa destination dans une harde de cervidés. Impossible de le retrouver dans la foule de biches et cerfs. Nous attendîmes un moment, ne le cherchant qu'avec nos yeux.

Après quelques minutes, le mammifère s'échappa de la harde, traversant le haut d'une colline dont je n'avais jamais prêté attention auparavant. Nous voulûmes le suivre, mais nous nous apercevions que celui-ci était en train de... changer d'apparence. Il marchait à présent sur deux pattes. Sa corpulence ressemblait de plus en plus à celle d'un être humain. Sa gueule s'ouvrit pour prendre le bébé avec sa patte droite. Il le tenait toujours avec la capuche, mais cette fois-ci avec sa « main » poilue couverte de griffes. Nous pouvions voir le visage de Yukio, débordé de larmes.

Suki, qui était à mes côtés, recula.

Writober 2018 TEONAWhere stories live. Discover now