Chapitre 8 : Une brise légère

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Je redoutais mon retour au lycée. Malgré l'histoire que Edward et moi avions élaborée j'avais peur d'affronter les dires, les regards des autres, mais surtout j'avais peur de croiser Alice. Toute la nuit je m'étais imaginée qu'elle rentrait dans ma chambre à l'instar de mon petit ami actuel pour me regarder dormir, sauf que lorsque je me réveillais c'était bien Edward qui était là à m'observer. Ce matin-là, Edward décida qu'il serait plus sage, pour éviter les ragots, que j'aille au lycée seule, avec ma voiture.
Cela faisait longtemps que je n'étais pas montée dans ma vielle camionnette. À l'allumage, le bruit du moteur me fit sursauter, ce qui me décrocha un sourire, ce ronflement m'avait presque manqué.
Dès que ma voiture eut foulé le sol du parking de Forks High School, Mike, Jessica et Angela accouraient déjà à ma rencontre. À croire qu'ils étaient tous arrivés en avance rien que pour m'accueillir. Je sortis de ma voiture et ils se jetèrent littéralement sur moi.
- Bella ! crièrent-ils tous en cœur avec un sourire dépassant les limites du convenable.
- Content de te revoir, me dit Mike en y ajoutant un clin d'œil.
- Que t'est-il arrivé ? me demanda Jessica, toujours avide de potin.
- On va être en retard, je vous raconterai à la pause déjeuner.
Je filai devant eux, Mike sur mes talons.
- Tu sais, tu n'as plus besoin de m'accompagner Mike, je sais où sont les salles maintenant, et puis il y a Eric à mon cours de littérature.
Il bredouilla quelque chose dans ses dents et parti vers sa salle de cours. Jessica parut réjouie de ma remarque.
En cours de maths et d'espagnol Jessica voulut m'extirper des infos, mais n'ayant pas envie de répéter ensuite pour les autres, je réussis à la faire patienter jusqu'à l'heure du déjeuner.
Après le dernier cours de la mâtinée nous retrouvâmes Eric, Mike, Angela et Ben devant la cantine.
Avant de rentrer Mike m'interpella.
- J'espère que Edward ne t'a pas posé de problèmes, il était absent presque en même temps que toi... lui comme sa bande d'ailleurs !
Je m'apprêtais à lui bafouiller une réponse quand une voix m'interrompit.
- Salut Bella !
C'était Alice, suivie de Edward et Jasper.
- Tu reviens enfin ! On se demandait tous où tu étais passée ! Mais tu nous raconteras plus tard, Mike et les autres sont sûrement plus impatients que moi d'entendre ton histoire ! Bon appétit !
- Euh, merci Alice, vous aussi !
Elle me fit un clin d'œil, avant de filer. Edward et Jasper m'adressèrent aussi un de leurs plus beaux sourires et la suivirent. En y repensant, cette phrase me fit rire, elle avait parlé comme si elle possédait le don de son frère. Elle venait tout juste de me sauver d'une explication foireuse.
Dès que nous fûmes attablés, Jessica ne se priva pas de me reposer les questions qu'elle m'avait posées le matin. Ils m'écoutèrent tous attentivement raconter mes fausses péripéties à Phoenix. Jessica parut déçue que Edward n'ait vraisemblablement aucun rapport avec ma « disparition » alors qu'au contraire Mike semblait soulagé. Bien évidemment le soulagement de Mike renfrogna rapidement les traits de Jessica. Il allait vraiment falloir qu'on fasse quelque chose pour ces deux là, Mike me tapait sur le système à me suivre comme un toutou, et Jessica m'exaspérait à s'entêter à ne rien lui dire. Quoique Mike ne la mériterait même pas, il était si peu attentionné qu'il ne voyait pas qu'elle en pinçait pour lui un peu plus chaque jour. Heureusement que Ben et Angela étaient déjà ensemble, ça évitait des tensions supplémentaires.
A ma grande surprise la discussion dériva vite sur un autre sujet. Puis j'eus le malheur de tourner la tête en direction de leur table. Je me perdis d'abord dans les iris de Edward qui avait tourné la tête en même temps que moi. Emmett, qui était arrivé avec Rosalie quelques minutes plus tôt, interpella mon bel Apollon qui se détacha de mes yeux. Et, fatalement, mon regard alla se poser sur Alice, qui parlait avec son amant. Ce fut comme si je me délectais de son visage, de ses yeux, de sa bouche, de sa pâleur, de ses cheveux et de son cou. Je ne l'avais pas vu depuis vendredi, soit seulement deux jours et demi, et c'était comme si je la retrouvais après un long moment d'absence qui vous mettait dans un état tel que seule la vue de la personne désirée vous comblait et vous redonnait le sourire. Du coin de l'œil je vis Jasper se tourner vers Rosalie, Emmet et Edward pour suivre leur conversation. Le visage d'Alice entreprit en premier lieu de se tourner aussi vers eux, mais à mi-chemin il fit demi-tour et vint dans ma direction. Ses pupilles se posèrent d'abord sur mes lèvres, ce qui me fit frémir, et ensuite sur mes yeux. Elle esquissa un bref sourire, pendant un instant je crus qu'elle était gênée, puis elle s'en retourna vers ses semblables.
Angela me tira de mes pensées et de ma contemplation en m'avertissant qu'il fallait que l'on rejoigne nos salles, et en effet les Cullen commençaient à se lever. Je revins dans le monde réel, enfin plutôt dans le monde des mortels, et je me levai, à l'instar de mes camarades de tablée, pour aller poser mon plateau auquel je n'avais touché qu'à moitié.
L'après midi fut globalement moins pesant que le matin, étant donné que maintenant mes camarades étaient au courant de « ce qui m'était » arrivé. En cours de biologie Mike, qui avait voulu s'asseoir avec moi, s'était gentiment fait renvoyer à côté d'Angela par Edward. Pendant toute l'heure Edward m'avait tenu la main sous la table et cela avait rendu le cours plus intéressant que d'habitude, mais aussi plus dur à suivre. À quelques instants il m'arrivait de me perdre dans mes pensées et d'imaginer que c'était à Alice qu'appartenaient ces mains froides. Mais dès que cela me traversait l'esprit j'essayais de me reprendre et resserrais la prise que j'avais sur les doigts de mon voisin.
Pour une fois le cours de gym s'était passé sans encombre. Logique dans un sens, j'avais oublié ma tenue et étais restée sur le banc de touche. À la fin du cours Edward m'attendait, adossé sur le mur, sous les lettres noires qui indiquaient le gymnase. Il attendit que nous soyons sur le parking pour commencer à parler.
- Alors cette journée ?
- Pas mal, notre histoire a bien marché, et puis les gens n'ont pas été trop insistants.
- Ça te dirait de venir dîner à la maison un soir dans la semaine ?
- Depuis quand les vampires dînent- ils ?!
- Au début je voulais te demander si tu voulais venir passer un « après-dîner » chez nous, mais j'ai trouvé ça bête...
- Tu aurais tout simplement pu dire, une soirée.
- Bon sang, je n'y avais même pas pensé ! Je m'habitue trop aux humains !
Nous rigolâmes.
- Mais je suis d'accord ! lui répondis-je en souriant.
- Bien, alors disons mercredi !
- J'en parlerais à Charlie.
- Parfait !
Il leva les yeux au ciel et sourit.
- Ça sent l'orage ! Et qui dit orage dit Base-ball ! Tu veux venir ?
- Vu ce qu'il s'est passé la dernière fois, je ne préfère pas... Désolée.
Il acquiesça et cela installa un silence.
- Bon je vais rentrer Edward.
- Je t'accompagne.
- Non ça va aller !
- Ce n'était pas une proposition !
Il me prit dans ses bras et me jeta par dessus son épaule. Un rire m'échappa et je me laissai porter jusqu'à ma voiture. Il me posa côté passager et je me laissai conduire sans protestation. Il s'arrêta devant chez moi et descendit m'accompagner jusqu'à la porte.
- Charlie est rentré, je te laisse ici ! Je t'aime Bella.
Il me sourit et m'embrassa avant de se retourner et de partir en courant. En quelques secondes il avait disparu.
- Je vois que tu as le sourire Bella ! me dit Charlie lorsque je franchis le seuil.
- Oui, j'ai passé une journée relativement bien. Et toi, ta journée ?
- La routine, la routine.
Il était toujours aussi gêné quand nous parlions. Je montai dans ma chambre, bouclai mes devoirs en 20 minutes, et redescendis faire la cuisine. Lorsque je remontai dans ma chambre après dîner, Edward était là.
- Vous ne deviez pas jouer ce soir ?
- Si mais comme l'orage tarde un peu nous y allons plus tard et je suis passé te dire bonne nuit.
C'était très attentionné de sa part. Vraiment, à l'heure actuelle, je ne méritais pas ça. Il s'approcha doucement, prit mon visage dans ses mains et m'embrassa lentement et prudemment. Notre baiser dura quelques minutes, qui me semblèrent une éternité de bonheur. Quand il recula mes jambes faillirent lâcher mais il me soutint de son bras droit.
- Je vais te laisser Bella, et je pense que tu as besoin d'une longue et bonne nuit de sommeil.
- Ce n'est pas parce que je suis fatiguée si je ne tiens plus debout, c'est juste l'émotion.
Il parut à la fois heureux et coupable d'entendre ça. Il me caressa la joue, légère sensation de brûlure, et repartit par la fenêtre.
Nous étions au début de l'été et il faisait déjà très chaud. Je laissais la fenêtre ouverte depuis mon retour à Forks. J'étais allongée, avec pour simple vêtement un t-shirt et un boxer. Ce soir là il y avait du vent et il effleurait doucement mon visage, ce qui m'apaisait et me faisait le plus grand bien. Je fermai les yeux pour mieux savourer l'instant présent. Soudain, dehors, quelque chose fendit l'air et le sens du vent fut chamboulé. Je me levai derechef et allai me pencher à la fenêtre. Pendant un instant je crus reconnaître deux points dorés lumineux dans la nuit mais ils disparurent vite et le vent redevint calme.
Je m'endormis en me rappelant que j'avais oublié de demander à Charlie pour mercredi.

Alice, Alice, Alice, elle ne peut décidément pas se détacher de Bella, mmh ?

A and BOù les histoires vivent. Découvrez maintenant