Chapitre 5 : Oublie

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— Qu'est-ce que tu fais là Alice ?! lui lançais-je en me couvrant avec la couette pour cacher mes jambes nues.
— Je voulais te voir... Déjà pour m'excuser, et puis pour parler... de ce qui se passe.
— Assied-toi.
Je tapotai mon lit pour qu'elle s'asseye à côté de moi. Elle se posa avec une telle légèreté que le lit ne bougea pas. Elle prit mes mains dans les siennes et plongea son regard dans le mien.
— Je suis vraiment désolée de t'avoir embrassée l'autre jour à l'hôpital... Je n'aurais pas dû. C'était limite dangereux en plus !
— Dangereux ?
— J'ai toujours le goût de ton sang en mémoire...
Un silence s'installa. Je n'arrivais plus à la regarder dans les yeux, je sentais que si je croisais son regard je ne pourrais me retenir de lui sauter dessus ou de faire quelque chose qui s'en approcherait. Mon corps en avait envie mais mon esprit s'y refusait. Il semblait évident que j'aimais Edward et que je ne pouvais pas avoir une relation avec une fille, qui en plus s'avérait être la demie-sœur de mon petit-ami. Mais elle était tellement proche de moi, et ses mains glacées entourant mes paumes me paralysaient et me faisaient perdre la raison. Je décidai de retirer mes mains de son étreinte et de les utiliser pour cacher mon visage. Mais des larmes qui perlaient déjà sur mes joues réussirent à se faufiler et à tomber sur ma couette blanche.
— Bella... Je savais que je n'aurais pas dû céder à mes pulsions... Mais c'était plus fort que moi ! Une espèce de puissance surnaturelle, bien que je sois moi-même surnaturelle, qui m'a attirée vers toi et qui m'empêchait de reculer.
— Ne sois pas si dure avec toi... J'aurais pu te repousser, je ne l'ai pas fait.
— Oui... Et pourquoi... ?
— Tu l'as dit toi-même... C'est comme si une force extérieure avait paralysé mes muscles et empêché de bouger... Mais ce n'est pas pour autant que c'était une torture...
— Qu'est-ce qu'on fait ?
— Ce n'est pas raisonnable tout ça... Tu as Jasper, j'ai Edward, et je l'aime.
— J'aurais vraiment dû m'éloigner !
— Arrête avec ça !
Mes larmes reprirent leur chute. Alice passa une main sur une de mes joues pour essayer de la sécher. Pour une fois mon cœur resta paisible dans ma poitrine mais je me sentis comme transpercée par une forte et lourde émotion qui d'abord me glaça le sang que je sentis ensuite bouillir dans mes veines. J'attrapai son bras au niveau de sa manche et l'éloignai de moi.
— Arrête de me toucher s'il te plaît... me plaignis-je en fixant mes yeux sur la Lune derrière elle.
— Pa-pardon, balbutia-t-elle.
— Tu t'excuses trop Alice... Tu ne devrais pas être désolée de ce que tu es. C'est un peu comme si je m'excusais d'être maladroite, tu vois ?
Un sourire vint égayer son visage qui était devenu morose depuis quelques minutes. Puis un nouveau silence s'installa. Je regardais son sourire s'effacer peu à peu de son visage. C'est à ce moment que je me rendis compte que je ne l'avais jamais vu triste. Pour moi Alice avait toujours été quelqu'un de gai, d'enjoué et toujours de bonne humeur. C'était la première des enfants Cullen, après Edward, qui m'avait acceptée et qui était venue vers moi. Je ne l'avais jamais vue autrement que souriante et heureuse, et cette vision d'elle, triste et désemparée, me faisait froid dans le dos. C'était comme si j'avais mal pour elle, mal pour son visage qui d'ordinaire avait les traits tirés dans l'autre sens. J'aurais voulu la faire sourire. Mais une autre idée me vint à l'esprit. Pas vraiment une idée, plutôt une lubie, un truc spontané, un truc dangereux et déconseillé que j'allais sans doute regretter par la suite. Je me lançai.
— Imaginons que je fasse une chose, est-ce que tu pourrais tenter de l'oublier dans la minute qui suit ?
— Euh... ça dépend... me répondit-elle interloquée.
— Si je te le demande.
— J'essaierais !
Aussitôt je me jetai sur elle. Alice tomba à la renverse et je me retrouvai à quatre pattes face à elle. Pourtant elle ne broncha pas et se laissa faire. Avec tout de même un léger temps d'hésitation, je me précipitai vers son visage. Mon nez caressa le sien et mes lèvres atterrirent directement sur sa bouche. J'eus l'impression qu'on m'avait branché à une prise de courant. Mes lèvres me brûlaient. Un peu comme lorsqu'un été, étant petite, je m'étais brûlée avec un marshmallow resté trop longtemps au dessus du feu. Sous l'effet du choc émotionnel mes bras lâchèrent et je m'affalai sur elle, tout en gardant mes lèvres collées contre les siennes. Dans la chute mes genoux avaient glissé et je me trouvai complètement plaquée contre son corps. Cette fois-ci, en raison de la proximité de nos deux êtres, mon cœur s'emballa. Il battait tellement fort que j'étais sûr qu'Alice le sentait bouger contre sa poitrine. Nos corps s'emmêlaient, elle caressait mon dos, et lorsque j'eus retrouvé l'usage de mes bras je passais mes doigts dans ses cheveux.
Soudain, avec une force qui n'était propre qu'à SA nature, elle nous souleva toutes les deux pour nous faire basculer. Pendant le mouvement j'entrouvris ma bouche pour chercher le contact de sa langue mais elle me lâcha violemment et alla s'écraser sur le mur d'en face. Quant à moi je fus écrasée sur lit à cause de la pression.
— Woow... m'exclamai-je en me redressant.
— Je...euh... Pardon !
— Pourquoi tu t'excuses tout le temps Alice ? Je te signale que c'est quand même moi qui t'ai sauté dessus cette fois !
Elle revint s'asseoir sur le lit près de moi.
— Et c'est ça que tu me demandes d'oublier ?
— Oui...
— Bella ! Comment veux-tu que j'oublie ce qu'il vient de se passer, alors que c'est toi, et non moi, qui m'a embrassée ? Comment veux-tu que j'oublie que tu as eu l'initiative, que tu as eu envie de ce baiser, que tu...
Je posai un doigt sur sa bouche pour qu'elle arrête de parler.
— Oublie... C'est tout...
— D'accord, mais tu ne veux pas que je m'en aille alors laisse moi au moins imposer des limites.
— Des limites ?
— Dorénavant nous devrons veiller à ne plus nous retrouver seules dans une pièce.
— Ça marche.
Sur ce, elle sauta sur le rebord de la fenêtre et me lança un dernier regard.
— On se voit au lycée lundi Bella !
Je n'eus pas le temps de lui dire au revoir qu'elle avait déjà disparu dans la pénombre.

Ce baiser torride est-il vraiment oubliable ? Alice et Bella vont-elles réussir à tourner la page ? Mmmh tout de même quelques doutes là dessus...

A and BOù les histoires vivent. Découvrez maintenant