A and B

Chapitre 22 : Le vent de la mer

Les Cullen avaient dit aux responsables du lycée que Edward était parti étudier en Italie. Puis la vie repris son cours normal. Il ne restait plus qu'une semaine avant le bal de fin d'année. Du fait du départ de Edward, plusieurs garçons m'avaient invité à être leur cavalière, dont Mike, mais j'avais tout refusé. Pour le moment Alice n'en parlait pas trop mais cela n'allait sûrement pas tarder.
Mardi Jacob m'appela. Il voulait me proposer de faire une balade avec la nouvelle voiture qu'il venait tout juste de finir. Alice voulant que je voie du monde, j'avais accepté. Nous étions donc mercredi et je me trouvais en compagnie de Jacob, dans son garage. Il me montra l'engin dont il semblait très fier.
— Belle bête hein ?
— Je dois avouer que tu es doué Jake !
— Monte !
— On va où ?
— Mmh... On peut rouler sur les bords de mer.
— D'accord !
Nous nous installâmes et il démarra. Le son du monteur me rappela ma voiture et je souris bêtement.
— Un petit air familier n'est-ce pas ? dit-il en me faisant un clin d'œil.
Il nous sortit vite du garage et nous arrivâmes sur la route de la Push qui longeait la plage. Le soleil était revenu – c'était aussi pour cela qu'aujourd'hui je sortais avec Jacob et non avec un vampire – et il se reflétait dans l'eau, la rendant cristalline.
— Bella, en réalité je voulais te voir pour te poser une question.
— J'écoute.
— Mais s'il te plaît, ne m'en pose pas en retour...
— Si tu veux !
— Promets-le moi.
— Je te le promets Jake.
— Où est Edward ?
— Il est parti en Italie, répondis-je surprise mais en respectant son souhait, l'information n'est pas remontée jusqu'à la Push ?
— Putain... Euh pardon, et il faut croire que non... Et où-est-il exactement ?
— Euh, à Voltera...
— Merci Bella...
Il y eut un court silence mais Jacob le rompit vite en se garant pour me proposer d'aller marche au bort de l'eau.
Les beaux jours s'étaient bel et bien installés. Le vent marin se faufilant dans mes cheveux était agréable. Nous marchions côte à côte sans parler. Seul le bruit de mes pas sur les galets se faisait entendre. Jacob lui, était très discret, comme si ses pieds effleuraient à peine le sol. Soudain il s'arrêta, se tourna face à la mer et inspira une grande bouffée d'air salé. Ses yeux se fixèrent sur l'horizon, il avait l'air penaud.
— Il va revenir pour te voir, n'est-ce pas ? demanda Jacob.
— Non... Nous nous sommes séparés. Il ne reviendra pas.
Il cessa de respirer et ferma les yeux. Il reprit son souffle avant d'ajouter :
— Bella...
— Oui ?
— Je pars en Italie, demain...
— Quoi ?!
— J'ai besoin de cette satanée sangsue !
Cette phrase parue comme une cassure amère mais à la fois pleine de douceur dans le silence de la mer. Sangsue ?
— Jake ?!
— Je ne pensais pas avoir autant besoin de ce buveur de sang ! Raaaah !
Il donna un violent coup de pied dans un galet qui valsa et alla s'enfoncer dans la noirceur de l'eau.
— Je n'avais pas compris ce que je ressentais... Non... Je ne voulais pas l'admettre... Pas lui, pas un des leurs...
— Que... ?

Je ne comprenais pas. Un de leurs ? Il savait qui étaient les Cullen ? Mais je n'eus pas le temps de lui poser la question.
— Pardon Bella, j'en ai déjà trop dit. Rentrons.
Jacob m'attrapa la main et nous retournâmes à sa voiture. Bientôt nous fûmes chez moi. Il me fit descendre puis me fit la bise avant de me saluer.
— Je suis là, si un jour tu as besoin de parler... Je suis plus à même de te comprendre que tu ne le penses...
— Adieu Bella, chuchota-t-il en me fixant comme pour mémoriser chacun de mes traits.
Il se retourna et bien vite sa voiture disparue. « Adieu », qu'entendait-il par là ? Une bouche froide se glissant dans me cou me tira de mes pensées.
— Tu sens le chien mouillé ! me fit remarquer Alice.

Mes fréquentations avaient décidément des expressions étranges pour se désigner les uns des autres.
— Depuis quand tu es là toi ?
— Environ trente secondes.
— Le chien mouillé ? Bizarre, bon je vais prendre une douche alors.
— Je viens avec toi, me lança-t-elle avec un sourire incommensurable et un clin d'œil malicieux.
Ce fut avec un large sourire que nous montâmes quatre à quatre les marches de l'escalier menant à l'étage. Il était près de 16h. Charlie ne rentrerait qu'à 20h. Arrivées dans la salle de bain, je plaquai Alice contre un mur et l'embrassai passionnément. Je la lâchai pour me déshabiller et me glisser dans la baignoire. Elle me rejoignit vite et fit couler l'eau chaude. Sous les milliers de gouttelettes d'eau sa peau blanche paraissait encore plus pâle qu'habituellement. Son corps semblait si frêle et à la fois si puissant. Elle mit fin à ma contemplation en me prenant vivement dans ses bras. Elle m'embrassait dans le cou tout en me caressant tantôt les cheveux, tantôt le dos. Je lui rendais ses caresses et bien vite la buée recouvrit tous les murs de la pièce.