Chapitre 17 : Trop tard

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— J'avais pensé que tu pourrais lui parler, dans un premier temps, seul à seul. Tu lui expliques en gros la situation, et comme vous serez seul tu pourras essayer de lui expliquer tout ce que tu as ressenti. Le seul problème c'est qu'il est capable de mal réagir et là ça pourrait être dangereux pour toi. Si on lui dit ensemble tu ne risqueras rien mais tu n'auras pas ce privilège de pouvoir lui parler seul à seul. Et je ne pourrais pas me cacher, il entendrait ma présence. Donc à partir de là c'est à toi de décider si tu veux que nous soyons toutes les deux ou si tu te sens capable de lui parler en tête à tête. Dans le cas où tu lui dirais seule, nous nous retrouverions après pour en discuter tous les trois. Et ensuite, fatalement, il faudra le dire à tous les Cullen.
— Mmh...
— Prend ton temps pour y réfléchir.
— Le seul point sur lequel j'ai besoin de méditer c'est sur le cas où il pourrait devenir violent. Mais j'ai confiance en lui, je ne pense pas qu'il pourrait me tuer.
— A toi de voir.
— Mais tu as raison, si je suis seule avec lui je serais mieux en mesure de lui dire ce que je ressens : ce que j'ai ressenti pour lui et ce que je ressens aujourd'hui pour lui.
— Et quand ?
— Samedi nous sommes censés nous voir lui et moi, je lui avouerai tout.
— Et tu veux faire ça où ?
— J'ai ma petite idée la dessus.
— Tu n'auras qu'à l'amener à la maison après, pour que nous en parlions à la famille.
— Tu n'as pas dis que tu voulais qu'on en parle tous les trois avant ?
— Oui... J'attendrai devant le lycée, vous n'aurez qu'à venir.
— Et s'il ne veut pas ?
— Je sais que tu peux le convaincre.
— Oui...
— Alors c'est décidé ?
— Oui !
Alice sourit nerveusement et me prit dans ses bras. Sa fraîcheur me fit le plus grand bien, il faisait, en effet, une chaleur accablante et presque surprenante pour Forks.
— Dis, tu restes là cette nuit ? lui chuchotai-je.
— Au point où on en est, oui.
Un sourire s'afficha automatiquement sur mon visage et elle m'imita pour ensuite m'embrasser de nouveau. Ses lèvres fraîches, glacées, à la fois dures comme de la pierre mais si accueillantes et enivrantes me rendaient encore plus folle qu'avant. Leur goût sucré et acidulé me faisait perdre la tête, perdre pied, si j'avais été debout je n'aurais pas tenu bien longtemps. Même un léger effleurement de leur part pouvait m'être fatale. Mais il n'y avait pas que cela. Ses lèvres me faisaient perdre la raison d'autant plus que ses mains s'affairaient aussi à m'émouvoir. Chacun de ses baisers était accompagné de douces caresses sur ma peau banale, j'avais presque l'impression que ses mains si parfaites se posant sur moi étaient un blasphème. Ses doigts me brûlaient les joues lorsqu'elles me les caressaient, cette sensation de chaleur intense faisait bondir mon cœur, et mon corps s'en retrouvait parcouru d'un courant électrique, tellement plus fort qu'au début, qui me traversait toute l'échine. Sa voix aussi était enivrante. Mais dans nos moments d'étreintes elle parlait rarement. Je lui posai alors une question pour entendre le doux timbre de sa voix.
— Alice ?
— Bella ?
— Qu'est-ce que tu ressens pour moi, en ma présence ? lui demandai-je en souriant.
Elle ferma les yeux comme pour réfléchir et elle commença à parler, sans rouvrir les yeux.
— Quand je suis dans tes bras je ne pense plus au reste du monde, je ne suis qu'avec toi, les autres n'existent plus et n'ont jamais existé. Lorsque mes mains effleurent ta peau il n'y a pas sensation meilleure... Ah si, quand mes lèvres entrent en contact avec ta peau ou tes lèvres, cette sensation reste néanmoins un peu moins forte que celle qui m'envahit lorsque nos deux corps, de chaleur complètement opposée, s'unissent. Ton souffle dans mon cou lorsque tu me l'embrasses, ton souffle sur mon visage lorsque tu me chuchotes à l'oreille, ça me rend presque dingue, cette odeur sucrée que tu dégages... Euh dis-moi si mes propos t'effraient !
— Non pas du tout ! Continue !
Au contraire, ces mots m'avaient transpercée de bonheur. Elle continua.
— Quand ma langue entre en contact avec ta peau, sa saveur est tellement parfaite que si j'en avais le pouvoir je m'en évanouirais. Tes caresses provoquent en moi une sensation que je n'avais jamais connue. Ce que je ressens pour toi ce n'est vraiment rien comparé à ce que j'ai ressenti pour Jasper dans le passé. Avec toi je me sens bien, à la fois toujours plus vampire et aussi un peu plus humaine.
— Oh...
J'en restai bouche bée. Toutes ces phrases je les avais bues, elles étaient passées sous tous les pores de ma peau comme pour s'y loger et y rester à jamais afin que je n'oublie jamais ce que Alice venait de prononcer. Sans que je ne m'en aperçoive tout de suite, des larmes coulèrent sur me deux joues qui avaient chauffé sous l'émotion.
— Ne pleure pas, me dit-elle un demi-sourire aux lèvres.
— C'est que, personne ne m'avait jamais rien dit d'aussi beau.
— Pas même Edward ?
— Même pas Edward...
— Aaah, il ne te mérite vraiment pas, soupira-t-elle, il est tard, tu devrais dormir Bella.
— Je t'aime Alice...
Elle enfouie son nez dans mes cheveux et me rendit ma phrase. Mes yeux se fermèrent tout seul et je m'endormis alors qu'Alice resserrait son étreinte.

— Oh ! Alice ! Qu'est-ce que tu fais là ?!
Cette phrase vint troubler mon sommeil. Au début je crus être dans un rêve, renforcé par le fait que Alice me caressait les cheveux juste avant que ces mots ne résonnent, mais la conversation continua et mon esprit embrumé se réveilla peu à peu pour comprendre la situation.
— Euh, je... Je vais t'ex... Et toi qu'est-ce que tu fais là ?!
— Je viens admirer Bella quand elle dort, comme je le fais de temps à autre ! Mais attend, attend, attend... Je rectifie ma question : Alice, qu'est-ce que tu fais là, avec Bella dans tes bras ?!
— Calme-toi Edward !
Elle me lâcha doucement pensant que je dormais toujours et se leva du lit. Je n'osai pas ouvrir les yeux et faisais semblant de dormir.
— Allons ailleurs, sinon on va la réveiller, dit Alice la voix tremblante.
— Trop tard... chuchotai-je.
Les deux vampires se tournèrent vers moi. Edward me toisait et Alice avait l'air complètement déboussolé.
— Comme ça je pourrais avoir vos deux versions ! cria-t-il.
Je tournai le nez vers mon réveil, il indiquait 3hoo du matin.
— Moins fort Edward ! Tu vas réveiller Charlie !
— Habille-toi et prend les clefs de ta Chevrolet !
Son ton était tellement grave que je ne pouvais ni refuser ni lui répondre. Je couru dans la salle de bain, fouillai dans le linge sale pour retrouver mes affaires de la veille et les enfilai rapidement. De retour dans ma chambre Edward nous lança un regard noir et nous descendîmes tous trois l'escalier en silence pour aller dehors. Je fermai la porte d'entrée avec précaution et filai vers ma voiture. Je l'ouvris, Edward s'installa au volent, et il nous indiqua de nous asseoir derrière.
— Où va-t-on ? m'enquis-je.
— Nul part...
S'en suivi un long silence dans l'habitacle.
— J'attends des explications, grognat Edward en nous regardant à travers le rétroviseur.
— Ce n'est pas ce que tu crois ! On à le droit de se faire des câlins entre amies non ?!
— Bella ! me lança Alice avec un regard lourd de sens.
— Enfin ça dépend... Qu'est-ce que tu crois ? demandai-je à Edward.
— Je préférerais ne pas dire « je ne crois que ce que je vois », alors s'il te plaît Bella ne me confirme pas ce à quoi je pense... Et Alice ! Pourquoi je ne vois rien dans ton esprit ?!
Il s'énerva et jeta son poing sur le tableau de bord. Heureusement il se maîtrisa et il n'y eut qu'une mince trace de son coup. Cependant Alice ne répondit pas.
— Bella, explique-moi juste ce que Alice faisait dans ton lit... reprit-il en perdant patience.
— Je, je vais vous laisser... intervint Alice.
— Tu te défiles ?
— Non ! C'était simplement convenu comme ça ! s'agaça Alice en crachant presque sur son frère. Je reviens dans quinze minutes !
Elle sortit de la voiture et disparu en une fraction de secondes.
— Bella...
Des larmes commençaient déjà à perler sur mes joues et je me rendis compte qu'il commençait à pleuvoir.
— Essaye de ne pas t'emporter s'il te plaît.
— C'est bon, je ne ferrai rien à ta bagnole !
— Ce n'est pas ce que je voulais dire... Enfin...
— Abrège !
Il fulminait.
— Ça a commencé il y a environ trois mois...
— Abrège je t'ai dis ! Va droit au but ! Ensuite les détails ! Bella ! Ne me torture pas !
— Tu veux les mots qui blessent où une phrase qui aurait plus de tact ?
— Dis le de la façon la plus simple possible Bella.
— J'aime Alice.
C'est trois mots claquèrent dans l'air et je vis, à travers le rétroviseur, les traits parfaits de Edward se tirer en grimace puis en désespoir. Il paraissait choqué bien qu'il eut déjà deviné ce qu'il se tramait. Il pressa ses tempes et ferma les yeux, comme pour se ressaisir. Il prit une grande bouffée d'air.
— Maintenant explique-moi tout. Tout.
Il avait reprit son timbre apaisé de ténor. Je lui contai toute l'histoire. De l'Arizona à aujourd'hui en passant par le jour où nous nous étions embrassées presque sous son nez. Qu'en j'eus finit mon récit il ne broncha pas. Il me fixait à travers le fin miroir qui trônait au dessus de son crâne. Ses yeux brillaient dans la noirceur de la nuit et me toisaient si intensément que j'étais persuadé qu'il m'aurait fusillé du regard s'il en était capable. Ses lèvres se retroussèrent sur ses canines acérées.
— Non mais tu rigoles ! Bella ! Je t'aime, je te cris mon amour tous les jours et toi ?! Toi tu me trompes, sous mes yeux, avec ma sœur ! Et tu fais comme si de rien n'était !
— Je te jure que je voulais te le dire !
— Importe ! Tu me mens depuis des mois ! Bella ! Tu sais très bien que si tu me l'avais dis tout de suite j'aurais compris !
Il criait depuis qu'il avait repris la parole. Il me rappelait Jasper dans ses propos.
— Tu crois que ça a été facile pour moi ! commençai-je en criant moi aussi. Il y a tellement de choses qui ont fait que je ne pouvais pas te le dire ! J'étais éperdument, follement, amoureuse de toi et voila qu'un jour Alice est apparue à mes yeux sous un jour nouveau. J'ai déjà dû encaisser ça ! – je baissai d'un ton – ensuite j'ai dû encaisser le fait que Alice était une fille, et ta sœur. Puis comme si cela ne suffisait pas, mes sentiments si forts à ton égard se sont évaporés en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Je ne comprenais pas moi-même ce qu'il se passait en moi ! L'être si divin qui hantait mes rêves venait de passer du statut de « prince charmant » à celui de « personne insignifiante ».
Cette expression referma les traits de son visage parfait.
— Mais je reste liée à toi, je t'adorerai toute mon existence, je ne t'oublierai jamais. Je savais que tout te révéler te briserait et je ne le voulais pas. Je ne voulais pas te faire de mal, mais c'était déjà bien trop tard. Quand je me suis rendue compte que j'allais te détruire j'étais déjà folle amoureuse de Alice, il était trop tard pour faire marche arrière. Je me suis mise dans une très mauvaise situation ! J'ai essayé de faire avec, de vous voir tous les deux, mais plus les jours passaient plus tu me dégoûtais et plus Alice m'attirait. Excuse-moi de ne pas te passer les détails, mais tu les as voulu ! Si ce soir Alice était là c'est parce que je voulais lui dire que j'avais enfin pris la décision de te parler. Je l'aurais fait, samedi. Disons que tu as un peu « gâché » tout ça. Et moi qui voulais te l'annoncer dans notre clairière...
— A mon avis cela ne se serait pas mieux passé si je ne vous avais pas découvert.
Il était de nouveau redevenu calme.
— Peut-être. Et je voudrais te dire une dernière chose. Edward Anthony Massen Cullen, je te jure que je t'ai vraiment aimé de toute mon âme, il n'y avait que toi à mes yeux, je croyais que jamais je ne pourrais aimer quelqu'un d'autre, mais un autre vampire a croisé ma route. Maintenant je jure de t'adorer toute ma vie. Je sais, c'est peu mais c'est la seule chose que je puisse te promettre aujourd'hui. J'espère qu'un jour nous pourrons devenir amis.
Edward balança sa tête en arrière contre l'appui-tête. Ses yeux se fermèrent de nouveau et il arrêta de respirer. Je n'entendais plus que la pluie qui s'abattait sur la Chevrolet.
— Sors de la voiture. m'ordonna-t-il tout en gardant son calme.
Il me tendit sa veste pour que je me protège de la pluie. Je n'osai pas protester et je sortis. Je me dirigeai vers la maison lorsque Alice m'appela.
— Ça-ça va Bella ?
Ce soir avait été la première fois où j'avais vu Alice si hésitante.
— C'est lui qui m'a dit de sortir de la voiture.
— Remonte dans ta chambre, je vais lui parler.
— Mais...
Elle passa une de ses mains sur mon visage et m'offrit un sourire timide avant de rejoindre Edward. Je ne voulais pas retourner me coucher. Je décidai de m'asseoir sous le porche. Pour une fois depuis longtemps j'étais bien contente de porter une des veste de Edward sur les épaules. La nuit était effrayante. Il ne devait pas être loin des 4h et les nuages cachaient toute trace de lumière dans le ciel. Le seul réverbère de ma rue ne fonctionnait plus depuis quelques semaines. Seule la faible lueur des phares de ma voiture éclairait la scène.
Je faillis croire qu'ils ne sortiraient jamais de cette voiture. Lorsque Edward ouvrit sa portière, le soleil commençait déjà à pointer le bout de son nez. Les nuages avaient disparut et le soleil rougeâtres envoyait des rayons sur la peau des deux vampires qui se tenaient devant moi. Leurs joues brillaient tel des rubis. J'étais subjuguée par ce spectacle. Ils arrivèrent rapidement à ma hauteur.
— Charlie va bientôt se lever, remonte dans ta chambre, quand il sera l'heure je viendrai te chercher. m'expliqua doucement Edward.
Alice ne dit rien. Ils se retournèrent et sans dire mot ils disparurent. Je secouai la tête et remontai, cette fois, dans ma chambre. 

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