Chapitre 11 : Visites

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Après avoir convaincu Charlie d'aller travailler, d'autant plus qu'il avait une affaire importante à régler (il rentrerait tard), je décidai d'aller prendre une douche. Une fois seule dans la salle de bain, le silence me pesa, et je savais que ce silence ajouté à l'eau chaude me serait fatale au niveau émotionnel. Je me résignai et retournai m'allonger sur mon lit. J'entendais les oiseaux gazouiller par la fenêtre ouverte. Je me croyais assez forte mais malheureusement mon esprit divagua vite et je ne pus m'empêcher de penser à ce que j'évitai depuis mon réveil.
La soirée de la veille défila dans mon esprit. Tout était très clair et précis. Je ne pouvais en vouloir qu'à moi-même et en aucun cas rejeter la faute sur Alice car il était clair que je n'avais rien fait pour la repousser, ni éprouvé de répulsion au fait qu'elle m'embrasse si tendrement. J'y avais déjà réfléchie nombre de fois, mais il était à présent évident que j'étais attirée par les femmes, enfin, plutôt par Alice. Mais ressentais-je vraiment de l'amour pour elle ? Ou bien était-ce seulement une lubie passagère, une sorte de révélation ? Il aurait fallu que j'en parle à quelqu'un dans mon cas pour trouver des réponses, ou au moins que je me confie à un ou une amie, mais je ne voyais vraiment personne à qui parler de cela. En temps normal Alice aurait fait une très bonne confidente...
Je passai mes bras croisés sous ma tête et contemplai, pour ce qu'il y avait à contempler, le plafond. Je nous revoyais encore et encore. Elle avançant vers moi, moi m'avançant vers sa bouche, la rencontre électrisante de nos langues, de nos corps.
Mon bras gauche se démêla de l'autre et mes doigts vinrent effleurer mes lèvres. Jamais je ne pourrai oublier cette sensation de brûlure agréable. Ses doigts gelés caressant ma peau bouillante de plaisir. De plaisir... C'est ce que j'avais ressenti en sa présence. Du plaisir, mais aussi un certain désir, j'avais désiré ses lèvres, j'avais désiré son corps et je désirais sa présence. Les larmes me montèrent aux yeux. Une s'échappa, descendit en suivant le contour de mon oreille et finit sa course en s'éparpillant dans mon cou. Les autres l'imitèrent et perlèrent sur mon visage. Je passai un revers de manche sur mes joues et me ressaisis.
J'avais fuis le lycée aujourd'hui mais il allait bien falloir que j'affronte Alice. Repousser sans cesse une conversation ne ferrait qu'aggraver la situation et cela éveillerait les soupçons des autres. Je m'étonnais d'ailleurs qu'aucun Cullen ne se doute de rien...
Je fermai les yeux et somnolai jusqu'à ce que mon ventre cri famine vers 11hoo. Je descendis me faire réchauffer quelque chose, mangeai rapidement devant la télé et remontai m'allonger. En soupirant je repris mes réflexions là où je les avais laissées avant de m'assoupir. C'était un peu comme si je trompais Edward... A peine avais-je pensé son nom qu'il apparu accroupi sur le bord de ma fenêtre.
— Edward ! Qu'est-ce que tu fais là ?!
— Hier tu es partis brusquement, et aujourd'hui tu n'es pas venue, quelle question ! Je m'inquiète !
— C'est gentil... Mais je vais bien !
— On ne me la fait pas à moi !
Il descendit de son perchoir et s'approcha de moi. Il m'enroula dans ses bras et déposa un baiser dans mon cou.
— Parle-moi Bella.
Pendant un instant je crus qu'il avait tout deviné et qu'il voulait que j'avoue.
— Euh mais, hier je me suis sentie vraiment mal, et... Alice ne voulait pas que tu me vois dans cet état donc elle m'a ramenée chez moi. Et j'ai préféré ne pas aller au lycée aujourd'hui au cas où.
— J'ai connu meilleurs mensonges de ta part Bella, enfin, je veux bien te croire !
Son visage inquiet se fendit d'un large sourire qui fit naître en moi une certaine culpabilité.
— Je ne peux pas rester longtemps, je suis juste là pour la pause déjeuner.
Cette réflexion me parut décalée dans la mesure où dès que le moindre rayon de soleil pointait son nez il séchait les cours. Mais je ne relevai pas. En fait cela m'importait peu qu'il soit ou non à mes côtés.
Edward prit mon visage entre ses mains. Ces dernières, glacées, n'eurent aucun effet sur moi. Pas de sensation de brûlure ni de sensation d'euphorie, pas même un peu de plaisir. Juste la sensation de quelque chose de froid, et donc désagréable, sur ma peau. Je grimaçai.
— Désolé !
— Non non ! Ce n'est rien ! le rassurai-je en essayant de sourire.
Il se rapprocha de moi et m'embrassa. On aurait posé une plaque de glace sur mes lèvres que j'aurai ressenti exactement la même chose. J'avais perdu toute appétence, tout désir, tout sentiment pour Edward.
— Edward...
Je me sentais mal. Quand bien même je ne ressentais plus de l'amour pour lui, je l'appréciais énormément et je ne voulais pas le voir souffrir. J'avais eu l'immense honneur de pouvoir être sa copine et voila que je ne ressentais plus rien du tout pour lui. Il était hors de question que je lui en parle.
— Je t'aime Bella ! Je ne peux pas venir ce soir, tu viens au lycée demain ?
— Oui, je pense...
— Hé bien à demain !
Il m'offrit un dernier baiser et s'éclipsa.
Je retombai mollement sur mon lit et soupirai de plus belle. J'avais pris conscience si soudainement de ma perte de sentiments pour Edward que je me demandais si cette perte était tout aussi récente. A bien y réfléchir, lorsqu'il m'avait embrassé un peu avant la fête j'étais toujours folle de lui. Ce baiser avec Alice m'avait-il perturbé à ce point là ? Je gémis en fermant les yeux. La scène défila encore une fois dans ma tête. Ses lèvres, son corps contre le mien, ses caresses, son souffle, tout cela paraissait si absurde et si irréel, et pourtant ! Dès l'instant où mes lèvres avaient quitté les siennes, j'avais eu envie de recommencer à l'embrasser. Amour ou passion ? Mon pouls s'accéléra et je sentis mon cœur s'emballer. Je posai mes mains sur ma poitrine pour essayer de me calmer et de me ressaisir. Mais mes lèvres laissèrent échapper un chuchotement à peine audible :
— Alice...
— Est censée m'aimer depuis des années !
Je sursautai et reconnu cette voix. En effet Jasper se tenait là, debout devant mon lit et me fixait de ses prunelles luisantes.
— Jasper, je... Qu'est-ce que tu fais là ? Criai-je presque, en sautant à côté de mon lit.
— Et toi à quoi pensais-tu ?!
Je ne répondis pas.
— Je sais ce qu'il t'arrive, je sais ce qu'il VOUS arrive ! Alice contre peut-être mon don, mais elle oublie qu'il fonctionne très bien sur toi ! Au début je pensais que ton esprit s'emballait à la vue de Edward, comme à la cantine par exemple, mais j'ai compris bien vite qu'il y avait plus que de l'affolement dû à la joie dans ton esprit. J'ai sentis une espèce d'angoisse. Et cette angoisse je la sens en toi depuis notre séjour à Phoenix. Quand j'ai compris ce qu'il se passait tout est devenu clair ! A l'hôtel tu étais bizarre, Alice était là, au lycée ton esprit était dérangé, Alice était là, hier chez nous, tu n'étais pas calme, Alice était là ! Et parlons-en d'Alice ! C'est vrai que je la sentais distante ces temps-ci, mais avec son fichu don de bouclier je n'arrivais pas à savoir ce qu'elle ressentait, je ne sentais que des auras positives à mon égard ! Et comble du comble, hier soir, Edward l'a envoyé pour voir comment tu allais ! Je ne sais pas ce que vous avez fait là-haut, mais à mon avis vous n'avez pas fait que vous regarder dans le blanc des yeux ! Jusqu'à hier j'espérais me tromper, j'espérais être parano, j'espérais qu'Alice ne me mentait pas à propos de ses sentiments, mais lorsque Esmé est descendue pour nous demander de ne pas nous approcher, j'ai cru que j'allais exploser ! Elle n'est vraiment pas futée de lui avoir demandé ça ! D'ailleurs pourquoi a-t-elle fait ça ? Elle qui est si parfaite n'est même pas capable de contrôler ses dons sous le poids de l'émotion ?!
— Ne t'énerve pas contre elle...
— Oh je ne m'énerve pas ! Je suis juste déçu ! Elle aurait pu être honnête depuis le début et me dire la vérité, je ne l'aurais pas blâmé, au contraire j'aurai essayé de la comprendre ! Mais là ! Elle me fait ça, à moi ! Pourquoi ne m'en a-t-elle pas parlé ?! Elle sait très bien que je l'aurai écouté !
Il criait, et balança son pied contre le mur. Ce coup laissa une marque sur le plâtre.
— Hé mince... Bon mais je ne suis pas là pour te faire la morale. Aussi bizarre que cela puisse paraître, je suis là pour t'aider à mettre tes sentiments au clair.
— Hein ?
— Tu patauges là, tu n'avances pas dans tes sentiments, il faut que tu sois honnête avec toi-même et que tu affrontes la vérité.
— La vérité ?
— Tu penses que tu n'es pas encore amoureuse n'est-ce pas ?
— Oui...
— Tu te voiles la face... Tu regardes par le petit bout de la lorgnette Bella... Prend un peu de recul bon sang ! Ce que tu ressens en ce moment, tu ressentais exactement la même chose pour Edward... Non excuse-moi ! Tu ressens bien plus que ça ! Ouvre les yeux ! Et sois fière de ce sentiment si pur ! Même les sentiments d'Alice à mon égard, je parle de ceux avant ta rencontre, n'étaient pas aussi pur que les tiens en ce moment.
J'en restai bouche bée.
— Pourquoi tu me dis tout ça ? Tu n'es pas censé vouloir que je m'éloigne d'elle ? Ou bien tu essayes de me faire souffrir en faisant en sorte que je prenne conscience de ce que je ressens ?
— Cela ne m'avait même pas traversé l'esprit. Si je fais ça c'est simplement pour éviter que trop de gens ne souffre. Je tiens à Alice comme à toi et à Edward, et je ne veux pas vous voir vous détruire à petit feu avec ce qui est en train de se passer. Évidemment je ne peux pas sauver tout le monde, il y en aura forcement un qui sera blessé. Mais j'aime Alice plus que tout et ce que je souhaite c'est de la voir heureuse, et ne me dis pas que cette réplique est sortie d'un film, je vis depuis bien longtemps, j'ai eu le temps de la vérifier, je le pense vraiment. Si être heureuse pour elle veut dire être avec toi, alors ça me va. T'aider à te faire prendre conscience de tes sentiments permet de vous rendre heureuses toi et Alice, alors que faire le contraire ne rendrait heureux que Edward. Je ne veux pas me faire passer pour celui qui essaye de tout régler, mais comme je l'ai déjà dit, je veux éviter que trop de personnes ne souffrent. Edward sera sûrement inconsolable mais il m'est plus insupportable de voir Alice triste que de voir Edward se morfondre.
Son discours m'avait de nouveau cloué. Je ne savais pas quoi lui dire, et en même temps j'avais tant de choses à lui demander.
— Merci... me contentai-je finalement de répondre.
— Je t'en prie Bella...
— Qu'est-ce que je dois faire ?
— Sans vouloir être en contradiction avec ce que j'ai dis avant, évite de trop réfléchir et agis ! Agis selon tes envies et tes désirs. Profite Bella, mais je te préviens, si tu lui fais du mal, je vais être obligé de m'adonner à des actes qui cette fois pourraient bien rendre tout le monde morose !
Il se retourna et s'apprêta à partir.
— Attends, Jasper !
— Oui ?
— Je fais comment pour Edward ?
— A toi de voir... Mais je ne promets pas qu'il ne puisse pas lire dans mes pensées.
Il me sourit amicalement et s'en alla aussi vite qu'il était venu. Mes jambes fléchirent et je tombai à genoux en pleurs.


Je me réveillai fatigué vers 19h30, j'étais assise par terre et avais les bras croisés sur le lit. J'avais affreusement mal à la tête et me dirigeai vers la salle de bain pour prendre une douche froide. Une fois rhabillée, je retournai dans ma chambre, ne séchant pas mes cheveux pour qu'ils me rafraîchissent la nuque, et m'assis sur le lit pour essayer de mettre de l'ordre dans mes idées. J'eus à peine le temps de penser que je sentis une odeur sucrée et familière effleurer mes narines. Je me précipitai à la fenêtre et vis Alice qui hésitait à monter.
— Alice..., chuchotai-je.
Elle leva la tête, surprise, et me fixa avant de monter.

Jasper n'est-il finalement pas un obstacle ? Ne reste-il que Edward en travers du chemin ?

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