Chapitre 20 : Acceptation

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Joyeux Noël à tous ! Et comme cadeau, le prochain chapitre en avance, histoire de vous occuper entre le foi gras et la dinde ;)

— Alors, les lèvres de Rosalie ?
— Co-comment tu ?... Tes visions... Mais ne sois pas fâchée ! C'est parce que...
Alice posa un doigt sur ma bouche.
— Je ne suis pas fâchée, j'ai juste posé cette question pour savoir, ni haine, ni jalousie, comme tu l'as dis, j'ai eu une vision, une vision exacte de la scène, je sais pourquoi Rosalie a fait ça. J'aurais préféré garder tes lèvres rien que pour moi, mais il y a déjà eu Edward, et puis j'avais besoin de chasser et comme je ne suis pas douée d'ubiquité, je ne pouvais pas être à la fois en train de chasser et avec Rose et toi. Et ce n'était qu'une simple question, de la simple curiosité. dit-elle en souriant.
— Tu es sûre ?
Elle hocha la tête en rigolant.
— Hé bien, c'était toujours mieux que celles de Edward. Je pense que mon affection pour les filles se serait développée même sans t'avoir rencontré.
— C'est une bonne chose alors !
— Tu restes cette nuit Alice ?

— Ce soir, mais je ne reste pas la nuit, il faut qu'on discute toi et moi, mais après je pense que tu as besoin d'être un peu seule pour réfléchir, et puis je dois aussi parler avec ma famille.
Elle avait raison, de nouvelles sensations naissaient en moi, il fallait que je mette des mots dessus.
Charlie n'était pas rentré alors Alice rejoignit la maison à mes côtés. Je l'invitai dans ma chambre et dès qu'elle y entra elle se cala dans le rocking-chair m'invitant à venir sur ses genoux. Je me lovai dans ses bras et respirai doucement son parfum délicat. Elle posa son menton sur mon front et nous restâmes comme cela sans rien dire.

— Tu voulais que nous discutions ? demandai-je en rompant le silence.
— Oui, nous l'avons dit à ma famille, il faut maintenant le dire à la tienne...
Je n'y avais presque pas encore pensé.
— J'ai pas envie de les décevoir... Je suis sûre que René attend que je lui ramène un beau jeune homme à la maison, et Charlie... il avait l'air de commencer à apprécier Edward et...
— Chuuut, chuchota-t-elle en me caressant les cheveux, ils t'adorent, tu es leur fille unique, tu ne pourras pas les décevoir à cause de ça...
— Imagine qu'ils le prennent mal ! D'autant plus que je sois fille unique, je ne pourrais pas leur donner de descendance...
— Il y a l'adoption.
— Bah bien sûr ! On est immortel et on va adopter un enfant, pour le voir mourir !
— On ?
— Euh... tu es immortelle, mais enfin, je pensais qu'un jour tu... tu me transformerais...
— Bella, bien sûr que j'aimerais passer mon éternité avec toi, mais on verra ça plus tard si tu le veux bien.
— D'accord...
— Bref, ne me trouve pas « d'excuses », il faut que tu leur dises, en commençant par Charlie.
— Pourquoi ? Je peux très bien le dire à maman avant !
— Tu vis avec ton père, tu lui dois bien ça, non ?
— Oui, c'est vrai...
Un bruit de moteur retentit, Charlie venait de rentrer.
— Tiens, c'est le moment, dit Alice.
— Quoi ?! Ce soir !
— Le plus tôt sera le mieux, plus tu attendras, plus le stress augmentera et plus tu auras du mal.
— Mais je ne peux pas lui dire comme ça, là !
— Tu l'as fait avec ma famille, tu peux le faire avec la tienne Bella...
— Mais ! Bon... Si j'y arrive...
— Courage Bella !
— Au dîner ! Pas maintenant !
— Je t'attends.
— Même si la conversation dure des heures ?
— Même si la conversation dure des heures, j'ai toute la nuit pour parler avec les Cullen. Allez file !
Elle déposa un baiser sur mon front et je descendis accueillir Charlie.
— Salut Cha...
— Bella ! Ton lycée m'a appelé ! Tu n'étais pas en cours aujourd'hui ?
Zut, je n'avais pas pensé à cela... Aucunes issues possibles...
— Justement je voulais te parler à ce propos, mais peut-on attendre le dîner, s'il te plaît ?
— Comme tu voudras, marmonna-t-il.
Je voulais vraiment que ce repas se passe bien, pour faire passer le morceau je décidai de lui préparer son plat préféré. Plus la préparation de mon plat avançait, plus j'appréhendais le moment où j'allais devoir tout lui dire. Comment lui dire ? « Papa, j'aime les filles ! » ou plutôt « Papa, je sors avec Alice ! ». Il vaudrait peut-être mieux commencer par « Papa, je ne sors plus avec Edward ! ». C'était un bon début, je verrais par la suite.
Une fois la table mise et les assiettes remplies, j'appelais Charlie qui ne tarda pas à me lancer des regards lourds de sens pour que je prenne la parole. J'eus un mal fou à démarrer, mais une fois lancée, le stress n'augmenta plus.
— Papa, je ne suis plus avec Edward.
— Oh, je commençais à l'apprécier ce garçon, qu'est-ce qu'il s'est passé ?
— A vrais dire, je suis avec quelqu'un d'autre...
— Ne me dis pas que, Jacob ? dit-il tout sourire.
— Charlie ! Non ! Ce n'est qu'un ami !
— Dommage...
— C'est toujours un Cullen.
— Bella ! Ne me dis pas que tu sors avec la grosse brute là !
— Emmett ? Non. répondis-je en rigolant.
— L'autre alors, le blond à bouclettes ?
— Jasper ? Non plus, mais tu te rapproches.
— Oh non...
— Papa...
— Ne me dis pas que tu fricotes avec Carlisle ?!
— Non ! Ça va pas ?!
— Mais tu m'as dis dans les Cullens, je les ai tous fait !
— Réfléchi bien...
Il y eut un petit silence le temps qu'il réalise. Cela ne dura pas longtemps, son visage souriant changea pour redevenir morne. Mais il ne semblait néanmoins pas triste.
— Bella, tu... Laquelle ?
— Alice...
— Depuis combien de temps ?
— Environs trois mois.
— Pourquoi tu ne m'en as pas parlé plus tôt ?
— J'avais peur de ta réaction, peur que tu me rejettes, peur de te décevoir...
— Bella, voyons ! Je t'aime plus que tout au monde ! Jamais cela ne changera. Tu as le droit d'aimer qui tu veux, du moment que tu vis heureuse et hors de danger, j'approuve ! Et je te protégerais quoiqu'il arrive.
Une larme coula sur ma joue, je me levai et allai le prendre dans mes bras. Le « hors de danger » me fit sourire, aux côtés des vampires je n'étais jamais en réelle sécurité.
— Merci papa. lui chuchotai-je à l'oreille.
— Mais, tu l'as dis à ta mère ?
— Non, pas encore...
— Ah ! J'aurais étais jaloux sinon ! plaisanta-t-il.
Le dîner continua sur le ton de la rigolade. J'étais vraiment heureuse, j'avais l'impression que ma vie n'allait plus rencontrer aucun obstacle. J'étais avec la personne que j'aimais et mon père était toujours aussi adorable. Que demander de plus ! Au moment de monter Charlie me héla :
— Et tu ne m'as pas expliqué pourquoi tu n'étais pas en cours aujourd'hui Bella.
— On a prit la journée pour l'annoncer aux Cullen...
— Toute la journée ?!
— Disons qu'ils sont spéciaux, mais ils l'ont pourtant bien pris... Désolée papa...
— Va, t'en fais pas, je te ferrais un mot pour ton retour en classe demain, file au lit !
— Merci papa ! Bonne nuit !
Je montai à l'étage où Alice m'attendait, toujours dans le rocking-chair. Je m'assis à ses pieds posant la tête sur ses genoux.
— Tu vois, ça c'est super bien passé !
— Un peu trop même... Il n'a presque pas réagi... me lamentai-je presque, c'est comme si je m'attendais, non, comme si j'avais voulu qu'il s'énerve un peu histoire que je puisse m'apitoyer sur mon sort... Je suis vraiment égocentrique...
— Mais non, c'est normal comme réaction, je parle de la tienne, toi ça t'as bouleversée, tu pensais donc qu'il serait normal que cela bouleverse aussi Charlie.
Je laissai un petit râle m'échapper et enfouis mon visage dans ses cuisses. Alice passa ses mains dans mes cheveux comme pour me masser le crâne. C'était assez rafraîchissant vu la chaleur qui régnait.
— Au fait, c'est bientôt le bal de fin d'année, me rappela Alice.
— Mmh, et ? Je n'irais pas.
— Pourquoi ?!
— J'ai horreur de ce genre de fête, je suis trop maladroite pour danser et puis même, je n'aime pas danser.
— Même à mon bras ?
— Ah parce que tu comptes montrer à tous que nous sortons ensemble ?!
— Tu marques des points... bon, on verra ça plus tard !
— On ne verra rien du tout ! Je vais me doucher, je reviens.
Je déposai me lèvres chaudes sur son genoux glacial et partis dans la salle de bain.
En sortant de la douche j'empoignai mon rasoir pour éliminer les quelques poils apparents sur mes jambes, une fois mes gambettes toutes lisses, j'enfilai mon pyjama et retournai une énième fois dans ma chambre. Cette fois Alice m'y attendait sur mon lit regardant le plafond. Je souris machinalement et allai la rejoindre me posant à califourchon sur elle. Mes cheveux humides lui mouillèrent le visage ce qui provoqua un de ses petits rires divins. Mon sourire s'intensifia et sans rien dire je m'approchai des ses lèvres pour les lui mordiller légèrement.
— Enfin libre... chuchota Alice son souffle s'engouffrant dans ma gorge.
— Je t'aime Alice...
Elle me répondit, mais elle parla si vite et elle fonça si rapidement sur ma bouche que je l'entendis à peine. Nos langues valsaient tandis que nos respirations s'accéléraient. Nos mains commencèrent à se balader sur le corps de l'autre pendant que nos lèvres n'arrivaient plus à se décoller. Le courant électrique revint, cela faisait longtemps que je ne l'avais pas ressentis aussi fort, il me surprit presque. Un coup de langue mal placé et je sentis ses canines acérées. Cette sensation fit monter en moi une boule de chaleur si violente que mon souffle se coupa et que je restai sans rien faire pendant deux à trois secondes, cependant Alice ne sembla pas le remarquer et nous continuâmes dans notre lancée. C'était si agréable, si bon. Son corps, j'en avais tellement envie. Alliant les gestes à la pensée mes doigts passèrent sous son t-shirt. Au début elle ne dit rien mais lorsque mes mains s'approchèrent dangereusement de sa poitrine elle les stoppa.
— Pas ce soir Bella, s'il te plaît...
— Pas de problème, je comprends, répondis-je en reprenant mon souffle, par souci pour les autres.
— Tu as tout compris, dit Alice en souriant, désolée ma puce.
— Pas de souci, allez file ! Ils doivent t'attendre !
Elle me prit dans ses bras, me souleva, et me reposa, allongée, sur mon lit. Elle m'embrassa dans le cou et s'éclipsa par la fenêtre en me souhaitant une bonne nuit.
Une fois Charlie couché et la maison calme, je pus commencer à méditer. La journée d'aujourd'hui défila rapidement devant mes yeux. D'abord je repensais à l'annonce et aux réactions des Cullen et ensuite je m'attardais sur le baiser de Rosalie, à ce qu'il m'avait fait ressentir. Il était clair que cet échange n'avait en aucun cas réveillé le moindre soupçon de sentiments envers Rose, néanmoins il m'avait été agréable. Sur le coup j'en avais déduis que c'était parce que Rosalie était du genre féminin, mais c'était peut-être aussi parce qu'elle était un vampire. Tout à l'heure quand j'avais senti les canines d'Alice j'avais bien failli défaillir. Mais le côté féminin de Rose avait dû l'emporter sur le côté vampire étant donner qu'embrasser Edward ne me faisait plus rien.
Donc si les lèvres des femmes m'attiraient, leurs corps et elles-même devaient aussi m'attirer. En ce qui concernait le corps, il était vrai que celui de Rosalie pouvait me donner plus envie que celui de Edward ou de Emmett. En comparaison, le corps de Alice semblait bien plus doux que celui de son frère, et celui d'une femme semblait également mieux épouser les formes du mien. Pour ce qui était de l'attirance, étant dingue de ma compagne actuelle je ne pouvais décemment pas dire si une autre femme pouvait faire naître des sentiments en moi. De plus, mon amour pour Alice était arrivé si vite que je n'avais presque pas eu le temps de comprendre ce qui m'arrivait et de réfléchir si, assurément, je devenais homosexuelle ou si cela allait juste être « un test », « un écart », « une curiosité ». Mais plus le temps avançait, bien que cela ne fasse pas très longtemps que Alice et moi sortions ensemble, et plus il devenait clair qu'un homme ne pourrait plus m'attirer, et ce, aussi bien physiquement que psychiquement.
Avant, et même lorsque j'étais en couple avec Edward, il m'arrivait de regarder du coin de l'œil quelques garçons, je m'étais même surprise à rêvasser sur le torse de Jacob, mais depuis que Alice m'avait intriguée je n'avais plus jamais posé un œil, autre qu'amical ou de dégoût, sur un homme. Et j'estimais que dans la mesure où, à ce stade, je ne pouvais concevoir ma vie sans Elle, je n'allais pas retomber amoureuse d'un homme et que j'étais donc lesbienne. Le voir comme cela me soulageait énormément et j'appréhendais moins de le dire à René. Cette situation me paraissait bien. Charlie l'avait bien prit, j'avais donc la conviction que René le prendrait bien. Tout allait bien ! Il me restait juste à espérer que Edward ne parte pas pour l'Italie. Sinon j'aurais le remord d'avoir détruit leur si belle famille.
Je m'endormis en ayant le sentiment d'avoir oublier quelque chose.

Bon, qu'on soit clair, ne faite pas comme Alice, ne forçez jamais quelqu'un à faire son coming-out !

A and BOù les histoires vivent. Découvrez maintenant