Chapitre 14 : Dissimuler ?

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Point De Vue Alice

Le visage de Bella était magnifique et semblait en paix lorsqu'elle dormait. Ce qu'il venait de se passer, j'en avais « rêvé » tellement de fois. Cela me paraissait encore irréaliste et faux. Pourtant je n'avais rien imaginé, elle était bien là, endormie dans mes bras. Je lui caressais toujours les cheveux, ils étaient doux et sentaient le shampoing. J'enfouis mon nez dedans et fermai les yeux. Je regrettais souvent de ne pas avoir la faculté de dormir et de pouvoir rêver.
Vers 5hoo du matin comme elle frissonnait à cause de mon corps froid je la lâchai pour aller m'asseoir sur le rocking-chair. Je l'admirai le reste de la nuit en repensant à ce qu'il nous arrivait. Était-elle vraiment sûre de vouloir ce qu'elle était en train de faire avec moi ? La fragilité humaine me faisait peur et j'avais une certaine appréhension. J'avais fréquenté tellement d'humains qui avaient fait souffrir les gens qu'ils aimaient. Ne venait-elle pas, elle-même, de me montrer qu'elle était capable de faire souffrir ? Après tout elle trompait Edward. Pourtant j'avais confiance en elle. Les rares moments que nous avions passés ensemble avaient été si forts, si puissants. Et cette soirée... Cela faisait longtemps que je n'en avais pas vécu de semblable. Mais j'avais peur d'être allée trop vite avec elle.
Le seul souvenir qu'il me restait de l'époque où j'étais humaine, et dont personne n'avais jamais entendu parler, était ce constat : j'étais autant attiré par les filles que les hommes. J'avais essayé d'en parler à ma mère biologique qui m'avait tout de suite fait interner, j'avais alors sombré dans la folie et perdu tous mes autres souvenirs. Ce souvenir là ne m'était revenu que lorsque j'avais compris mes sentiments pour Bella. Tout au long de ma vie de vampire je n'avais eu de sentiments que pour des hommes, mais ma nature primaire avait refait surface avec l'arrivé de Bella. De ce fait j'avais toujours pensé que l'on aimait quelqu'un et pas un sexe, mais elle, allait-elle le voir comme cela ?
Elle voudra peut-être fonder une famille, et quand elle se lassera de moi elle me lâchera pour retourner vers un homme qui pourra lui donner une descendance. Enfin, ces pensées me semblaient un peu ridicule, pour l'instant il n'était pas question de construire nos vie ensemble, même si je le voulais. Je n'avais jamais ressenti cela pour personne. Les sentiments que j'éprouvais pour Jasper avaient été vraiment purs et forts, je croyais à l'époque ne pas être capable de ressentir plus, et pourtant, aujourd'hui je ressentais bien plus pour Bella. Ce raisonnement pouvait aller plus loin et je pourrais ainsi redécouvrir un jour des sentiments encore plus forts pour quelqu'un d'autre, mais je n'en avais pas envie. Pour le moment Bella était tout ce qui comptait pour moi et j'avais l'intention qu'elle le reste pour un long moment.

A 7h son réveille sonna. Elle se retourna mollement pour l'éteindre et se roula sur le coté en tapotant sur le lit pour chercher ma présence.
— Je suis là Bella.
Elle se frotta les yeux, dirigea son regard vers moi et me sourit.
— Je suis allée m'asseoir, tu commençais à grelotter.
— Mais je n'ai plus froid maintenant...
Elle avait dit ça avec une toute petite voix, ce qui me fit littéralement fondre. Mon visage afficha un grand sourire et je me levai pour m'allonger à ses côtés. Je la serrai dans mes bras et respirai sa douce odeur.
— J'ai pas envie d'aller au lycée...
— Tatata, tu as dis à Charlie que tu irais !
— Oui oui...
— Allez hop, debout, tu vas être en retard !
Je lui déposai un baiser dans le dos et la pris dans mes bras pour la mettre debout.
— Je vais prendre mon petit déjeuner, tu restes là ou tu rentres ?
— Je t'attends, je partirais en même temps que toi.
— En même temps ?
— Oui, je passerais à la maison, puis j'irais au lycée.
— D'accord !
Elle descendit déjeuner. Quand elle remonta, elle alla se laver les dents et s'habilla, sans que je ne la regarde, j'étais assez intimidée, je me sentais obligée de détourner le regard.
— On se revoit quand ? me demanda-t-elle.
— Aucune idée... Edward passe toutes ses nuits dans ta chambre, alors, aucune idée.
— D'accord...
Elle baissa la tête et paru déçue. Je m'approchai d'elle, pris son visage dans mes mains et l'embrassai délicatement.
— Bonne journée ma belle !
— Toi aussi...
Elle prit son sac et descendit, quant à moi je sautai par la fenêtre et rentrai à la maison.
Lorsque j'arrivai les autres n'étaient plus là. Je me changeai en vitesse et décidai de partir en courant. Je rentrerai en voiture avec Rosalie. Ils allaient sûrement me questionner sur le lieu où j'avais passé la nuit. J'étais presque sûre qu'ils le savaient très bien. Mais comment allaient-ils aborder cela, et comment allais-je leur répondre ? J'avais peut-être menti à Bella en disant que nous pouvions nous cacher. Ils devaient déjà tous se douter de quelque chose... Mon comportement étrange de mercredi soir avait dû leur paraître anormal et leur mettre la puce à l'oreille, d'autant plus que j'étais de plus en plus distante de Jasper. J'aurais dû dire à Bella que mon absence de cette nuit éveillerait des soupçons, mais j'avais tellement envie de rester avec elle. Bref, il fallait d'abord que je parle à Jasper. Et je n'aborderai pas le sujet avec ma famille tant qu'ils ne m'auront pas eux-mêmes posé de questions.
J'arrivai au lycée comme si de rien n'était, mais c'était sans compter sur Jasper qui m'attendait à la lisière des arbres qui séparait les bois du parking.
— Alice, je crois que tu as des choses à me dire, oublie l'école pour aujourd'hui.
— Bien.
Il me prit par la main et m'emmena à l'écart.
— On ne va pas parler ici ?
— Non, on rentre à la maison, répondit-il fermement.
Il se lança devant en courant et je le suivis. Une fois chez nous, il nous entraîna dans notre chambre. J'avais fait un aller-retour inutile.
— Avant d'entamer toute conversation j'aurais une faveur à te demander, me demanda-t-il.
— Je te dois bien ça, je t'écoute.
— Embrasse-moi.
Son regard semblait triste mais déterminé. Il était si gentil, je ne pouvais pas lui refuser son dernier souhait à mon égard. Je m'approchai de lui, posai mes mains sur ses épaules et mes lèvres sur les siennes. Il entrouvrit la bouche et notre baiser s'intensifia. Il finit par me lâcher et m'éloigna de lui.
— Merci, dit-il d'un ton ferme.
— Je te devais bien ça...
— Tu me dois aussi des explications.
— Oui...
— Mais avant je tiens juste à dire une chose : tu aurais pu m'en parler j'aurais compris Alice.
— T'en parler ? Mais de quoi ?! Il y a tellement de choses !
— Hé bien c'est le moment de tout me dire.
Je lui contai toute mon histoire post-vampirique – le peu dont je me souvenais – puis comment j'avais commencé à développer des sentiments pour Bella. Il parut troublé, et même triste, quand je lui racontais comment j'avais progressivement perdu les sentiments que j'avais eu à son égard. Mais il me laissait parler sans rien dire et ne semblait pas en colère. Lorsque j'eus fini il prit la parole.
— Ce que je vais te dire, je l'ai déjà dit à Bella. Je ne t'en veux pas Alice, je veux simplement que tu vives ta vie comme tu le sens, de la manière que tu penses la mieux pour toi et celle qui te rendra la plus heureuse. Mais si Bella, ou quelqu'un d'autre, te fais du mal, préviens moi, je serais toujours là pour toi.
Son visage était placide et il me faisait de la peine. J'avais un peu honte de le faire souffrir, quoiqu'il ne montrait pas une once de souffrance.
— Je vais essayer de ne pas y penser en sa présence mais je ne garantis pas le fait que Edward ne le devine par pas lui-même en me sondant l'esprit. Alors vous feriez mieux de vite lui dire avant qu'il l'apprenne.
— Mais, la famille s'en doute ?
— Ça nous a un peu surpris que Esmée nous demande d'aller à l'étage l'autre soir, mais nous n'en avons pas vraiment parlé. Pour ma part j'ai deviné mais je ne sais pas si les autres ont des doutes.
— Je suis désolée Jasper... Je ne voulais pas te faire de mal.
— J'ai dit que tu m'avais fais du mal ? Non Alice, en aucun cas tu ne m'as blessé, tu m'as juste déçu, parce que tu ne m'a parlé de rien alors que je croyais que toi et moi on se disait tout.
— J'ai voulu plusieurs fois t'en parler, mais c'était dur, je ne voyais pas comment te le dire. Après tout, nous vivions ensemble depuis des décennies et la chose que j'avais à t'avouer aurait, en une fraction de seconde, détruit tout ce que nous avions construit. Je ne voulais pas te blesser, te choquer, détruire ta vie. J'ai voulu garder le secret le plus possible, essayer d'oublier Bella, mais je n'ai pas pu, et ensuite les choses se sont enchaînées tellement vite que je n'ai jamais trouvé le temps de te parler.
— C'est vrai que ce n'est pas le genre de chose que l'on peut livrer comme ça, facilement, je comprends.
Pour la première fois, depuis que je connaissais Jasper, je n'ai pas su quoi lui répondre. Il se tenait là devant moi, figure de marbre. La situation me paraissait assez saugrenue, je lui avouais que j'en aimais une autre et il restait le plus calme du monde. Cet homme était vraiment extraordinaire. J'allais sans doute le regretter, mais j'étais folle de Bella. Cette pensée en sa présence me fit baisser la tête. Je sentis ses mains prendre mon visage et il plongea son regard dans le mien avant de me prendre dans ses bras.
— Je t'en prie Alice, promets moi de ne jamais être triste et de sourire encore et toujours, de vivre la vie dont tu as envie, mais surtout, surtout, pour moi, je t'en supplie, n'oublie jamais l'amour que tu m'as porté.
— Comment pourrais-je l'oublier ? Les moments que j'ai passé avec toi ont tous été extraordinaires. Je n'oublierai rien. Jamais.
Il me caressa les cheveux, se recula, m'embrassa le front et me lâcha.
— Pourquoi toute à l'heure tu m'as dis « oublions l'école pour aujourd'hui » ?
— « Oublie l'école pour aujourd'hui », dit-il en secouant la tête de droite à gauche, moi j'y retourne, mais toi tu restes là pour réfléchir. Vous ne pourrez pas vous cacher éternellement, alors je veux que tu médites sur le fait qu'il va falloir que tu le dises à notre famille.
— Oui, tu as raison...
Il me sourit et se retourna pour sortir de la pièce.
— À ce soir Alice.
— Attends ! Je dis quoi aux autres pour mon absence d'aujourd'hui au lycée ?
— Si tu décides de leur dire ce qu'il se passe en ce moment, ils n'auront pas besoin de justification pour aujourd'hui, si tu décides de ne rien révéler, à toi de trouver une excuse, mais je ne vais pas t'aider à t'enfoncer dans le mensonge, dit-il d'un ton velouté mais assez sec, À ce soir Alice, répéta-t-il avant de partir définitivement.
Je m'affalai sur le canapé et penchai la tête en arrière. Jasper avait raison, nous n'allions pas nous cacher indéfiniment. Je pensais comme si cela faisait des mois que nous nous voyons, alors que cela ne faisait seulement qu'une nuit. Il était impératif que Edward l'apprenne de notre bouche à Bella et à moi plutôt que des pensées de Jasper. Il allait falloir que j'en parle avec elle, car cela relevait avant tout de son propre choix, même s'il me paraissait justifier de lui dire au plus vite. Je devais donc tout faire pour essayer de la convaincre. Mais quand devais-je aller la voir sans paraître suspecte aux yeux de ma famille ?
Après quelques temps de réflexion je trouvais une idée. Je demanderai à Jasper d'occuper Edward un soir pendant que j'irais parler à Bella. Pour l'instant je n'avais pas posé de date, il fallait juste que je ne fasse pas trop traîner. Sur ce, je décidais de sortir et me mis au volant de ma Porsche pimpante jaune pour décompresser.

Un petit détour dans l'esprit de Alice !

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