Chapitre 6

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-Je sais, répondis-je. Mais tu ne le feras pas.

-On essaie, pour voir?

-Tu n'en est pas capable, dis-je.

Elle se lève et serre les poings.

-Assise, j'ai dit.

Elle se rassoit et émet un grognement de frustration. Elle ne veut pas s'asseoir, mais elle le fait, parce que Suzanne 6 m'est soumise. Si je l'appelle Suzie, Suzanne 6 ne réagit pas vraiment. Quand je l'appelle Suzanne, elle est obligée de m'écouter. 

-Maintenant, dis-je en m'asseyant près d'elle (ignorant les remarques de Mark), tu vas me dire ce qu'il t'arrive. 

-Il m'arrive que... 

Elle semble perdue. 

-Je ne sais pas ce qu'il m'arrive. Mais j'ai envie de te tuer.

-Suzanne, dis moi à quoi tu penses. 

-Toi. 

-Morte?

-Oui.

-D'accord. Comment est ce que je suis morte?

-Je t'ai tuée.

-Tu es sûre?

-Je crois. 

J'entends Mark s'apprêter à prendre la parole. Je fais un geste de la main.

-Surtout ne lui parles pas, lui dis-je. Si elle entend une autre voix que la mienne, tout ça n'aura servi à rien. 

En effet, Suzanne me regarde, comme hypnotisée. C'est ce genre de pouvoir que j'ai sur elle. Je déteste savoir qu'elle m'est soumise, mais parfois je dois m'en servir pour la calmer. Croyez moi, c'est désagréable de se dire que j'ai un tel contrôle sur ma propre sœur. 

-Qu'est ce que tu m'as fait?

-Je t'ai étranglée, dit-elle sans me lâcher des yeux. 

Son regard dévie vers mon cou, puis vers mon ventre. 

-Est ce que ça te soulage de penser à ça?

-Oui.

-Suzanne, dis moi si tu te rappelles de ce que je vais te raconter. 

-D'accord.

-Quand nous étions plus petite, nous nous sommes installées dans la balancelle du jardin.

-Oui.

-Et je t'ai raconté que si je te prenais dans mes bras, tu allais oublier tous tes malheurs.

-Oui.

-Tu es venue te blottir contre moi et je t'ai chanté notre chanson. Tu t'en souviens, de notre chanson?

-Oui.

-Alors viens.

Je me suis assise sur le lit à côté de Suzanne et j'ai tapoté mes genoux. Elle s'est roulée en boule, la tête sur mes cuisses et le visage dans mon ventre. Elle avait replié ses jambes et ses genoux touchaient mon dos. Je lui caressa les cheveux et je me mis à me balancer d'avant en arrière pour la bercer. 

-Un jour viendra, où tu m'en voudras
Et je te dirais de ne pas oublier
Quand je te prenais, là au creux de mes bras

Tu te mettais parfois à pleurer
Et tes larmes mouillaient tes joues rosées
Tandis que je chantais "là, ça va"

Demain, peut être, que tu m'en voudras
Mais jamais je ne pourrais oublier
Combien je t'aime et comme je t'ai aimée

Toute ma vie je continuerai

Stars [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant