Chapitre 8

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Mes parents sont allés chercher des pizzas, et mon frère, Terence et Lucas sont partis répéter dans le garage. Je suis montée dans ma chambre. 

Non mais j'y crois pas. Mon frère ne m'a même pas dit qu'il avait envie de former un groupe! Je déteste ça. Je regarde ma montre. 

Il est 19H46, ça va bientôt faire vingt minutes que je gamberge. Mes parents devraient revenir d'ici une petite demie-heure. Mon regard parcourt ma chambre à la recherche de ce que je pourrais faire, et je tombe sur mon violoncelle. Je le prends en main, m'assois sur mon lit et fait glisser l'archet sur les cordes de mon instrument. Je joue "I Can't Help Falling In Love", d'Elvis Presley, et je commence à chanter.

[Point de vue de Lucas]

On venait de finir de jouer dans le garage d'Ulysse. Les garçons voulaient aller faire une balade, mais je n'étais pas trop en forme, alors ils m'ont proposé de rester à la maison des Lermain.

"Ma sœur pourra te tenir compagnie, si tu veux..." m'avait dit Ulysse avec un clin d'œil. Apparemment, il veut me mettre avec Tasha, même si je suis déjà "avec" Samantha. D'ailleurs, cette gourdasse m'a appelé treize fois et m'a laissé vingt-huit messages. Je ne me donne même pas la peine de les regarder.

"Arrête tes conneries", a rétorqué Terence. Bizarrement, j'ai l'impression que lui aimerait bien être avec Tasha. 

Bref, retournons à nos cailloux. Je monte les escaliers. La moquette filtre le bruit de mes pas. J'entends une mélodie, et je m'arrête en plein milieu d'une marche. 

C'est une voix, une jolie voix cristalline, accompagnée d'un son de violon, ou de violoncelle, je ne sais pas. Je reconnais du Presley. C'est elle, c'est Tasha. Elle chante. Et elle chante foutrement bien, la petite. Je vois sa porte ouverte, et je ne peux m'empêcher de me risquer à la regarder. J'entre en silence, elle a les yeux fermés et le menton légèrement relevé. Elle chante et joue sans regarder son instrument. 

Inconsciemment, je m'assois en tailleur sur le tapis de sa chambre, en face d'elle, et je la regarde. Elle est tellement concentrée... C'est bizarre. On dirait qu'elle m'hypnotise.

[Point de vue de Tasha]

Je finis la chanson. Mon archet s'arrête, mon bras reste suspendu en l'air, et j'ouvre les yeux. Et mon regard se pose sur un Lucas, assis en tailleur dans ma chambre, en face de moi, à me regarder fixement. 

-Tu ne m'avais jamais dit que tu chantais, que tu jouais du violoncelle, et du piano et du saxophone, dit-il en pointant les instruments qui reposent dans ma chambre. 

-Parce que je n'en avais pas envie. Ou pas l'occasion, je ne sais pas.

-C'est quoi le nom de ta chaîne Youtube? demande-t-il.

Hein?

-Je n'ai pas de chaîne Youtube, disais-je, en espérant paraître crédible.

-Me prend pas pour un chou-fleur, idiote, avec un micro comme le tien (il montre de la main le micro qui est accroché à mon bureau) et une caméra comme celle ci (il montre maintenant ma caméra, posée sur son trépied) tu ne vas pas oser me sortir que c'est pour le fun! 

-Eh ben...Je ne te donnerai pas ma chaîne. Et je t'interdis d'en parler à qui que ce soit. 

-Ooh, tu m'interdis? remarqua-t-il en se levant et en arquant un sourcil. 

Il met ses mains de chaque côté de mon corps, me plaquant contre ma commode.

-Et tu feras quoi, hein? Avec ta force de moucheron. Tu ferais pas mal à un coussin.

-T'es qu'une crevure, murmuré-je, sacrément intimidée par sa grandeur. Laisse moi respirer.

Ah oui, parce qu'au fait, je suis claustro. Et ochlophobe (peur de la foule). Et arachnophobe. Et j'ai peur des grands bruits, aussi. Enfin bref, j'ai peur de tout. Pour résumer. Et là, en se tenant comme ça, Lucas titille sacrément ma claustrophobie. Cependant, à mon grand soulagement, il s'écarte.

-Je ne dirai rien, mais c'est chouette de savoir que j'ai un moyen de pression. 

Presque immédiatement, Ulysse et Terence font irruption dans ma chambre. Je suis rouge tomate, et Lucas sourit comme un con, les mains dans les poches. 

-Bon, vous venez manger? demande Ulysse. 

On se dirige dans le couloir et on descend les escaliers. Terence met sa main dans mon dos pour m'inciter à avancer dans le salon et il me tire la chaise, sous le regard un peu étonné de mon frère.

Mais qu'est ce qu'ils ont tous, aujourd'hui?! C'est les phéromones qu'on vaporise pour le chat, ou comment ça se passe?

-Ah, Terence, tu es vraiment un gentleman! s'extasie ma mère devant les protestations de mon frère.

-Eh, oh! C'est moi ton fils!

-Oui mais toi, un jour, tu as écarté une branche pour que tu passe et ta sœur se l'est prise en plein dans la figure, alors tu n'es pas vraiment un modèle de galanterie.

Mon frère rougit et se tasse sur sa chaise. On passe à la distribution des pizzas. La soirée se passe dans la bonne humeur, si ce n'est qu'Ulysse ne fait que des sous entendus bizarres sur une prétendue relation fictive entre Lucas et moi, ce qui fascinait ma mère. 

J'en ai marre qu'on me prenne toujours pour la fille incapable de nouer des relations par elle même.

Enfin, j'avoue, c'est un peu moi. 

Mais c'est bon, je veux dire j'ai l'habitude, ça fait seize ans que c'est comme ça! 

Moi, ça me va... C'en est à croire que mes parents ne supportent plus ma situation sociale, alors que c'est MA situation sociale! 

Après le repas, mon frère m'a invitée à passer la soirée dehors avec eux. J'ai d'abord refusé, mais ma mère m'a obligée (oui oui, elle m'a littéralement poussée dehors et a fermé la porte derrière moi) alors j'y suis allée.

C'est comme ça que je me retrouve, assise sur un banc, les genoux ramenés contre ma poitrine, à me les peler sec pendant que mon frère et Lucas jouent avec un ballon de foot oublié là. Terence les observe, les mains dans les poches. Pour me tenir chaud, je décide de prendre la veste de Lucas sur le banc. Je lui fait un signe de la main pour le mettre au courant mais ça n'a pas l'air de le perturber. 

Je me lève et me dirige vers le grand chêne sur la droite de l'espace où nous nous trouvons. C'est facile pour moi: mon pied trouve une bosse pour s'y appuyer, ma main s'accroche à une branche et je me hisse rapidement à quelques bons mètres au dessous du sol. 

De là, j'observe mon frère paniquer parce qu'il ne me trouve pas. Lucas m'aperçoit et tente de venir en haut de l'arbre avec moi. Il n'y arrive pas, alors je descend de trois ou quatre mètre.

Stars [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant