Ce qu'a dit Lucas au début de la journée m'a bloqué. Je n'avais vraiment pas l'habitude de ça, en plus il venait de tout officialiser... Je veux dire... Si on sortait ensemble, ça ne faisait même pas une journée... On ne s'était même pas embrassés!
Visiblement, il l'avait remarqué, parce qu'il a essayé de faire en sorte qu'on en parle toute la journée. C'est seulement au dernier cours de la journée, quand j'ai essayé de partir vite pour échapper à la conversation, qu'il m'a rattrapée et m'a emmenée de force dans une salle libre.
-Tu vas me dire ce qu'il se passe dans ta tête, maintenant?
-Rien.
-Bien sûr, prends moi pour un slip!
J'ai failli rire devant cette comparaison.
-Ressemblante, ta métaphore, ai-je remarqué.
-Arrête de changer de sujet et parle-moi.
Il m'a assise sur une table et est venu se placer face à moi, les mains de chaque côté de mon corps. Je sentais le malaise lié à ma claustrophobie s'installer, mais j'ai tenté d'en faire abstraction.
-Ce matin, tu m'as appelée "ma copine"...
-Euh, ok...? Et?
-Je ne sais pas, ça m'a bloquée.
-Bah ça je l'avais compris, mais pourquoi? Je veux dire... ( il se recula brutalement) Ah. J'ai compris. En fait pour toi, on est pas ensemble.
-Ne me fais pas dire ce que j'ai pas dit, ai-je commencé. Je ne sais pas définir ce qu'on est. Mais je trouvais ça bizarre, c'est tout, je n'ai pas l'habitude de ça.
-Ah, et il te présentaient comment tes copains, avant? "Salut, je te présente Tasha, ma courgette de compagnie"? Fous toi de ma gueule!
-J'ai pas eu de copains avant toi, connard.
Je l'ai vu se stopper dans ses mouvements.
-Ah, donc maintenant je suis ton copain? a-t-il dit, un air joyeux plaqué sur le visage. Et je suis ton premier, alors?
-Ta gueule, Lucas. Prends moi dans tes bras.
C'est ce qu'il a fait. Ses bras longs, fins, chauds, protecteurs, que j'aime tant. Je sais que ça peut paraître bizarre, mais j'y suis bien, protégée de tout.
Quand j'y pense, si, en fait, j'ai eu un copain. Mais c'était en primaire. Il s'appelait Steve et il me tenait la main dans la cour. Mais c'était juste parce que je lui faisais ses devoirs. Quand je l'ai appris, ça m'a brisé le coeur, je l'ai quitté (c'est à dire au bout de quatre jours, onze heures et cinquante-trois minutes) et je n'ai pas eu d'amoureux, ensuite.
-Du coup, a-t-il commencé en me caressant le dos, on est quoi, pour toi?
-Je te l'ai déjà dit, Lucas, je ne sais pas définir ce qu'on est.
-Alors tu peux me laisser nous définir. Est ce que ça te va si on est un couple?
J'ai pris trois secondes pour réfléchir. Après tout, pourquoi pas?
-Oui, si tu veux. Mais j'ai une condition.
-Je t'écoute, tout ce que tu voudras.
-Je refuse toute forme de surnom ridicule à la Samantha.
-Du style?
-"Mon petit amour en sucre d'orge", "Ma jolie hirondelle", "amour de ma vie", je dois continuer ou tu vois le genre?
-Ok. Mais... D'autres surnoms moins culcul, ça te va?
-Je suppose, oui.
On est ressortis de la salle main de la main, on ne s'était pas embrassés, mais tant pis. Je suppose qu'on a pas eu l'occasion de le faire.
Ou peut être que je pue de la gueule.
Note à moi-même: me brosser les dents huit fois par jour, dorénavant.
Le soir même, je suis allée prendre un thé avec Marc et Alice: c'était notre rituel, en troisième et en seconde. Un thé toutes les semaines pour se retrouver entre amis. Et puis, après l'entrée en première, on a un peu perdu cette tradition.
Lucas m'a demandé si je voulais qu'il m'accompagne, mais j'ai refusé. J'ai prétexté que marcher me ferait du bien, et il est allé répéter chez lui avec Terence et mon frère. Ils avaient publiés d'autres vidéos, qui avaient comptabilisé un bon nombre de vues, et il avaient déjà quarante milles abonnés.
En sachant que leur groupe n'avait même pas un mois, c'est déjà génial.
Je suis entrée dans le salon de thé et j'ai observé la grande salle chaleureuse. Je n'y étais pas venue depuis une petit bout de temps. Les murs verts-bleus étaient toujours aussi éclatants, contrastant harmonieusement avec le bois et l'atmosphère douce qui régnait. C'était deux frères qui géraient l'endroit, et ils avaient beaucoup de goût pour la décoration. Ils m'ont accueillie chaleureusement (j'étais une habituée) et m'ont menée à la table de mes amis.
-Je sens que ce chocolat viennois va me faire du bien, dis-je en remerciant mes amis pour avoir commandé pour moi.
-On t'invite!
-Hors de question! Moi vivante, jamais! ai-je plaisanté.
-Alors, vous, quoi de neuf? a commencé Marc.
-J'ai quitté Danny hier, a commencé Alice, l'air légèrement perturbé.
-Oh mince, ma puce...
Marc lui a frotté le dos tandis que j'ai posé ma main sur la sienne.
-Racontes nous... Qu'est ce qu'il s'est passé?
-Il semblait distant, ces derniers temps... Et à vrai dire, ça n'allait pas très bien entre nous. Mais il voyait une autre fille...
-Oh le connard!
-Je vais lui démonter sa gueule, moi, tu vas voir! s'est emporté Marc.
-Merci, Marc, mais ça va aller. Et à vrai dire, je suis bien sans lui. J'ai l'impression, du moins.
-Mais tu sais...
-Eh, ma jolie, t'aurais un numéro, par hasard?
Nous avons tourné la tête vers les mains qui venaient de se plaquer bruyamment sur la table pour remonter vers le visage du propriétaire de ces grosses paluches. Il me regardait intensément, il avait des yeux verts kaki, une barbe de trois jours, des cheveux bien coiffés, et par dessus tout, il puait l'excès de confiance en lui.
-Désolée, ai-je dit poliment. Ce n'est pas le moment, je suis en pleine conversation avec mes amis.
Il s'est laissé tomber sur la banquette à côté de moi, et à passé son bras autour de mes épaules.
-Aller, fais pas ta mijorée, et file le moi, ton putain de numéro. Je suis pas d'humeur.
-Mais laissez moi tranquille! Votre comportement me répugne, ce n'est pas comme ça que vous allez l'avoir, mon numéro!
Je l'ai poussé et il est tombé de la banquette.
-Salope!
Un des frères est venu le sortir du salon de thé, sous ses injures. J'ai épousseté mes habits, qui puaient son parfum.
-Est ce que ça va? m'a demandé Marc.
-Oui, oui, tout va bien. Qu'est ce qu'on disait?
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Stars [Terminée]
Teen FictionUn jour, mon frère et moi avons commencé le piano. Puis la guitare. Puis le saxophone. Puis le chant. On a tout fait pareil, même si nous sommes très différents. Sauf que moi, je ne me suis pas ramenée un jour à la maison avec trois mecs pour annonc...