-Alors, l'opossum? me lance-t-il, d'en bas. On vole des vestes maintenant?
-Je t'ai fait signe, mais tu n'as pas réagi, répliquai-je en enlevant la veste de Lucas pour la lui tendre.
-Non, c'est bon, garde la. On va rentrer, nous... Tu viens?
Je remet la veste sur mes épaules, saute de ma branche et nous rentrons tranquillement à la maison. Là, ma mère propose aux garçons de rester dormir. Terence et Lucas acceptent. Et devinez quoi..?
Lucas dort dans ma chambre.
Lol.
Je laisse ma chambre à Lucas pour qu'il se change, et je vais enfiler mon pyjama dans la salle de bain. Pyjama qui consiste en un simple legging noir et un grand, très grand t-shirt gris. D'habitude, je dors en t-shirt culotte, mais là, j'enlèverai le legging si j'ai trop chaud, une fois que Lucas sera endormi. Je laisse mes cheveux libres pour la nuit, me nettoie le visage et retourne dans la chambre. Lucas est en jogging, torse nu.
Non mais c'est pas possible... C'est un cliché à part entière, celui là!
-On arrête de me mater, s'il te plaît... J'ai déjà une copine, dit-il, en me faisant un clin d'oeil.
-Non mais quel gros lourd... Je te signalerai que tu n'as presque pas d'abdo, à la limite t'as un relief de quatre millimètre, mais bon..
-Je confirme, fait mon frère en passant dans le couloir.
Je me prends deux secondes pour le détailler. Il est maigre, mais à des muscles au niveau des bras. Il a, comme dit, de très légers abdos, mais c'est relativement charmant. Relativement. Outre son caractère de chien, sa tendance prononcée pour le culte de lui même et s=une absence totale de modestie, Lucas pourrait presque être un garçon charmant.
-Tu as besoin d'une brosse à dent ou Samantha passe ce soir pour te nettoyer la bouche? demandé-je à l'intention du brun.
-J'adore ton sens de l'humour. Je veux bien une brosse à dent, s'il te plaît.
Je l'emmène à la salle de bain et le laisse se brosser les dents. Je retourne dans ma chambre et installe le matelas qui me sert de canapé. Je met les draps, etc... Je viens de gagner des points de karma, là.
On s'installe pour dormir. Une deuxième respiration dans la chambre me perturbe, alors je n'arrive pas à dormir. Il ne ronfle pas, mais je ne sais pas, j'ai tellement l'habitude du silence complet...
Il est quatre heures, je n'ai toujours pas réussi à dormir. Youpi. Je me lève, tant pis si je suis en culotte (j'ai jarté mon legging), je vais me réhydrater à la cuisine. J'allume la lumière de la hotte, me sors un verre et me sers de l'eau. J'entend un bruit suspect. Un craquement. J'entend des pas qui s'avancent. C'est derrière la porte. Je saisis une poêle pas rangée sur l'îlot central et la soulève en mode "batte de baseball". Ah ouais, là c'est sûr, je suis parano.
Je m'avance, me poste derrière la porte, et dès que j'aperçois du mouvement, je frappe avec ma poêle à frire dans un "dong" bruyant.
Il y a un autre bruit: une insulte.
-Aïe putain mais quelle connasse!!!!
-LUCAS?!
Mais putain mais... Quoi?!!!!
Effectivement, c'est Lucas, roulé en boule par terre, qui se tient la joue en gémissant. Terence et mon frère débarquent en courant, bientôt suivis de mes parents, en robe de chambre. Tout le monde est très mal réveillé.
-Gottes Name, was sonst noch in dieser Hütte passiert ist?! [Nom de Dieu, qu'est ce qu'il s'est encore passé dans cette baraque?!]
-J'ai cru que c'était un cambrioleur, du coup je me suis défendue, bredouillé-je.
-Défendue?! T'as échayé de m'achachiner, tu veux dire! gémit Lucas.
-Oui, bah pardon! T'avais qu'à te manifester, aussi!
Ma mère intervient.
-Bon, tout le monde va dormir, et Tasha, va soigner ce pauvre petit. Bonne nuit!
J'emmène Lucas à la salle de bain et je lui désinfecte sa joue ouverte. En tout cas, les poêles, c'est pas mal.
-T'as vraiment un problème, toi, murmure-t-il.
-Ouais, j'avoue, je suis un peu paranoïaque sur les bords.
-Des gros bords, alors.
On retourne se coucher, et je parviens à m'endormir, cette fois-ci.
Quelques jours plus tard, je suis retournée au lycée. Rien que d'évoquer les murs froids, l'atmosphère lourde de cet endroit qu'on devrait appeler "le couloir de la mort" me donne une soudaine envie de déprimer et de me jeter par une des fenêtre. Ah mais non, j'oubliais! Elles ne s'ouvrent pas.
Crotte alors.
Visiblement, tous les élèves étaient au courant pour la nouvelle bande de mon frère. Ils avaient même trouvés leur nom et avaient créé une chaîne youtube. La première vidéo avait comptabilisé les milles vues. C'est déjà pas mal, pour commencer.
Ah oui, Ulysse est au courant pour ma chaîne, mais il ne l'a dit à personne, pas même aux garçons. On ne sait jamais.
Bref, je marche donc tranquillement dans les couloirs de SVT. Je vais rejoindre mon cours, je vois déjà ma classe, bruyante, devant la salle. Je relis rapidement ma fiche, histoire de me remettre les notions principales du cours dans la tête, et je les vois qui viennent à ma rencontre.
Le gang de greluches.
Je vous les décris: elles ont des talons plus haut que la distance séparant leur front de leur menton, on distingue le rembourrage de leur soutient gorge à des kilomètres, elles puent tellement qu'on dirait qu'elles ont confondu leur flacon de parfum avec leur déodorant (elles sont tellement connes qu'elles en seraient capables, ces pimbêches), leurs cheveux sont morts, assassinés à coup de teintures et de décoloration, et leur visage est tellement tartiné de toute sortes de maquillage qu'elles ressemblent à s'y méprendre à une palette de peinture.
Tiens, ça me donne envie de les poignarder à coup de pinceau.
Je baisse la tête par réflexe, me maudissant d'être aussi peu téméraire face à elles, mais ça ne leur suffit pas. Un greluche me bouscule et Samantha me pousse à deux mains.
J'atterris violemment contre le radiateur, ma tempe me fait mal.
Je vois flou.
Ma tête tombe violemment contre le carrelage du couloir.
Aïe, ça fait mal.
Avant de fermer les yeux, je distingue clairement un hippopotame qui ouvre en trombe la porte de la salle de SVT et qui accourt vers moi.
Oh, tiens, c'est marrant... L'hippopotame à les mêmes lunettes et les mêmes cheveux roux frisés de ma prof...

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Stars [Terminée]
Ficção AdolescenteUn jour, mon frère et moi avons commencé le piano. Puis la guitare. Puis le saxophone. Puis le chant. On a tout fait pareil, même si nous sommes très différents. Sauf que moi, je ne me suis pas ramenée un jour à la maison avec trois mecs pour annonc...