Sarcasme

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La tasse se reposa avec délicatesse sur la sous-tasse en porcelaine. Severus Rogue observait d'un air indéchiffrable le jeune Potter qui se trouvait dans ses appartement, une fois n'était pas coutume, sans y avoir été contraint par quelque heure de colle.

« Et donc, si je vous suis bien, Potter, je devrais désormais vous appeler « Lord Black-Potter-Gaunt » ? »

Le sarcasme avait été proféré de cette doucereuse voix chargée d'une mordante ironie. Rictus au coin des lèvres, il avait laissé parler le garçon tout son saoul et avait attendu le moment opportun pour balancer une pique. Technique brevetée au cours de ses longues années d'enseignement. Aussi fut-il très surpris de voir un sourire candide naître sur les lèvres de Potter.

« En fait, j'allais plutôt vous proposer de me tutoyer, de m'appeler par mon prénom, et de m'accorder votre main, mais c'est comme vous voulez. »

La mâchoire de Severus s'en décrocha quelques instants.

« Vous me demandez de vous épouser ? Potter, si c'est une plaisanterie...

- ça n'en est pas une. Il se trouve qu'en récupérant le titre des Gaunt, j'ai aussi récupéré leurs contrats. L'un implique votre maison, 'Lord Prince'.

- je ne suis pas Lord.

- vous pourriez l'être. Nous pourrions saisir l'opportunité de ce mariage pour faire sauter deux contrats de nos maisons respectives et assurer un peu plus de liberté à nos enfants.

- Potter... je ne...

- Quoi ? ne me dites pas que vous ne voulez pas d'enfants, parce que j'ai toujours rêvé d'une famille nombreuse ! Enfin, pas trop nombreuse non plus. Trois ou quatre, qu'en pensez-vous ? »

Geste devenu un peu trop familier, Severus Rogue se passa la main sur le visage en signe de lassitude et se pinça l'arrête du nez en témoignage d'agacement.

« Je ne prendrai pas ce titre de Lord, Potter.

- Vous le ferez, pourtant. Voudriez-vous laisser mourir le nom de votre mère tout en passant à côté de l'occasion d'agir pour la société depuis votre siège du Magenmagot ? »

Tant d'assurance dans la voix du gamin. Le professeur en demeura pantois l'espace de quelques secondes. Où était passé l'enfant ? Les responsabilités lui auraient bien réussi s'il n'avait été aussi transparent et imprudent.

« Je ne prendrai pas ce titre, Potter. Ni pour ma mère, ni pour le Magenmagot.

- Et pour moi ?

- Quelle idée de vouloir ce mariage, Potter !

- Pourquoi ne le voudrais-je pas ? »

Un sourcil arqué. Le gamin était-il sérieux ?

« Je vous ai pourri la vie depuis votre premier jour dans cette école.

- Je ne vous l'ai pas trop mal rendu, je crois.

- J'ai détesté votre père et votre parrain.

- J'ai détesté vos serpentards, nous sommes quittes.

- Je ne pense pas que nous ayons, l'un pour l'autre, quelque sentiment amoureux que ce soit.

- Qui vous parle d'amour ? Je vous parle d'union politique.

- Et la nuit de noces, vous pensez la passer à jouer aux échecs ?

- Pas du tout, je pensais la passer entre vos bras, dans 'notre' lit. Mais là encore, c'est comme vous voulez. »

Noblesse obligeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant