Maritales nocturnelles

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Le silence s'installa dans la pièce désormais bien connue d'Hermione. Elle fréquentait le couple depuis quelques semaines et s'étonnait à présent d'avoir été convoquée officiellement par Lord Gaunt. Harry trônait dans le fauteuil que Severus avait coutume d'occuper, et il se sentait un peu mal à l'aise à l'idée de la conversation qui approchait en plus de se sentir l'usurpateur de cette place dans le salon. Il fallait dire que les rares fois où il s'y trouvait, le corps de Severus faisait barrage entre les coussins et lui, et sa présence n'avait rien à voir avec la gestion de sa maison. Cependant, ce qui l'avait fait convoquer Hermione reposait sur ses genoux, en la facture d'un épais rouleau de parchemin.

« Mademoiselle Gaunt, je vous ai convoquée officiellement afin de vous entretenir d'une demande que j'ai reçue à votre sujet : Monsieur Ronald Bilius Weasley a demandé votre main. »

La mâchoire d'Hermione se décrocha. Elle en laissa tomber la tasse de thé qu'elle avait entre les mains dans un choc sourd sur la soucoupe. Emportées par l'élan, et tasse, et soucoupe se firent un devoir de choir à même le sol. Harry lança négligemment un reparo sur la porcelaine brisée et dissipa le thé répandu par un evanesco. S'agenouillant aux pieds de la jeune femme, il posa la tasse sur la table basse et pris entre ses paumes les mains tremblantes de son ami. Le masque de chef de famille avait quitté ses traits.

« Je sais que tu as des sentiments pour lui, et si vraiment tu l'aimes, Severus et moi ne nous opposerons pas à ton mariage. C'est une mauvaise alliance politique pour nous, mais nous pouvons la tourner à notre avantage en montrant au monde le trépas des vieilles idées au profit d'une nouvelle ère. Cependant, je doute qu'il te laisse porter notre enfant, et je m'inquiète de sa réaction le jour où nous accomplirons le rituel si tu désires toujours t'y adonner. Tu as le choix final, Hermione, tu le sais. Lord Gaunt ou pas, je ne te forcerai jamais à rien. Tu es mon amie avant toute chose. »

Les doigts entremêlés, les deux jeunes gens ne notèrent pas l'ombre noire dans un coin de la pièce. Severus observait la jeune femme, détaillant la moindre mèche brune qui cascadait sur son visage, courait sur son dos. Il avait tenu à laisser Harry gérer cette affaire : il était le Lord responsable d'Hermione et son ami. Lui seul pourrait traiter avec elle de cette délicate situation. Si Severus avait eu son mot à dire, à n'en pas douter qu'il aurait vertement envoyer bouler les Weasley. Il n'avait toutefois aucune voix au chapitre : la jeune femme ne lui était pas attachée, et s'il avait pu profiter de la souplesse de son corps et de l'ivresse vertigineuse de ses soupirs, elle demeurait libre tant qu'ils n'avaient pas réalisé le rituel faisant naître la vie au creux de son ventre. Il espérait, cependant, comme il espérait qu'elle décline la proposition. Il savait qu'il ne pourrait la garder à tout jamais et qu'il lui faudrait bien se résoudre à laisser la belle fuir loin de lui, d'eux, mais comme cela était dur de s'y résoudre. La voix adoucie de la sorcière le tira de sa pensive léthargie. Il vit une larme rouler sur sa joue.

« Je ne veux pas épouser Ron, Harry. A vrai dire... je... je m'apprêtais à le quitter. »

N'y tenant plus, et devant un Harry médusé par l'aveu de la jeune femme, Severus s'échappa des ténèbres pour s'approcher d'elle et enserrer les épaules d'Hermione de ses bras. Il la sentit se relâcher dans le canapé où elle était assise, et se laisser aller contre le dossier. L'homme perdit ses doigts sur la gorge qu'il avait déjà si souvent couverte de baisers enfiévrés et huma le parfum délicat de ses cheveux. Au fond de lui, un intense soulagement s'emparait de ses boyaux pour les tordre de mille façons. Elle n'irait pas réchauffer le lit de Ronald Weasley. Béni fût Merlin pour ce miracle !

« Nous t'aiderons, Hermione, chuchota-t-il, nous pouvons décliner la proposition de plusieurs façon. Nous pouvons prétendre par exemple que la Maison Gaunt ne te permet pas de te marier avant tes vingt et un ans, ou leur rappeler que la famille Weasley étant considérée comme traîtresse à son sang, tu ne peux les épouser. Rassure-toi, tu ne te trouveras jamais dans la situation d'Harry : tu n'es détentrice d'aucun titre et donc obligée à aucune alliance. Harry te protège. Cela te permettra de n'être pas sous le coup de fiançailles contre ton gré et te laissera le temps de promptement remercier monsieur Weasley. »

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 03, 2019 ⏰

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