S'attacher le coeur de l'autre

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Une jolie rousse marchait furieusement dans les couloirs de Poudlard par une douce soirée d'automne. Son pas claquait sur les dallages tandis qu'elle montait les degrés jusqu'au bureau directorial. Puisque son père ne voulait rien entendre, elle devrait plaider sa cause elle-même. La jeune femme avait demandé un rendez-vous avec le directeur. Il lui fallait trouver une faille, et vite. Elle désirait plus que tout ce mariage, persuadée qu'une fois unie à Harry, il ne lui serait guère difficile de le séduire. L'adolescente ignorait, bien entendu, la suave entente qui s'était installée entre les deux lords. Tandis qu'elle ourdissait de sombres machinations, les époux s'adonnaient à des jeux qui l'auraient fait rougir des orteils à la pointe des cheveux. Harry gisait sur le lit, à bout de souffle, les yeux bandés, les poignets attachés aux montants par des cordons de velours argenté. Severus, entre ses jambes, le torturait de mille façon. Trois doigts enfoncés en lui, les lèvres refermées sur son sexe, il allait et venait avec force tandis que son jeune mari le suppliait de l'achever. Il voulait jouir, il le désirait si ardemment. Severus l'avait empêché, toutefois, bloquant son éjaculation par un enchantement. Tant que son amant ne le permettrait pas, Harry serait condamné à souffrir et languir sous les assauts des doigts, de la langue, de la verge de son mari. Et il languissait, ça oui, il languissait tellement. Cela faisait presque une heure que l'homme le torturait de la plus délicieuse des manières, frappant sa prostate, suçant sa peau, pénétrant son intimité, massant, léchant, mordillant chaque parcelle de son corps.

« Severus, je t'en prie, laisse-moi jouir !

- Certainement pas, mon amour, ne t'ai-je promis une journée de plaisirs ? Il reste vingt-trois heures et huit minutes pendant lesquelles je vais faire de toi ma précieuse œuvre. »

Harry hoqueta.

« Bon sang, je plaisantais, par pitié ! »

L'homme souriait. Ce corps nu, diablement offert était un appel à la débauche. Severus connaissait mille manières de s'y prendre, et il savait qu'Harry arrivait doucement à la limite de ce qu'il pouvait endurer sereinement... Mais les limites étaient certainement faites pour être repoussées. Son sourire s'élargit.

« Puisque tu le désires si fort, mon amour, je vais te prendre. »

Joignant le geste à la parole, il retira ses doigts délicieusement lubrifiés, écarta les jambes de son mari, et s'y engouffra. Ce qu'Harry ignorait était bien que Severus s'était infligé le même enchantement qu'à son époux. Lui aussi se retiendrait de jouir tout le jour durant pour honorer encore et encore son mari jusqu'à le conduire aux bords de la folie. La différence étant qu'il maîtrisait bien mieux son corps, ses pulsions, son esprit que le jeune homme. Il voulait le marquer, encore et encore. Le voir abandonné, totalement privé de volonté, soumis à son bon vouloir. Il voulait le briser de la plus délicieuse des façons. Severus Rogue n'était pas un homme bon. Il ne l'avait jamais été. Il ignorait ce qu'Harry avait pu voir en lui, mais sans doute n'étaient-ce qu'illusions. Avoir épousé Harry avait éveillé en lui une part sombre qu'il n'avait jamais connue aussi vive. Un être avide de puissance, de contrôle, de pouvoir. Non pas de magie noire et de puissance magique. Non. Le seul empire qu'il désirait avoir était celui qu'il asseyait en cet instant même sur Harry. Son corps. Son coeur. Son âme.

Enfin, il enfonça sa hampe dans les entrailles d'Harry avec une lenteur calculée. Le jeune homme était au supplice, gémissait, suppliait. Douce mélopée à l'oreille de l'homme tandis que le corps qui l'entourait se cabrait, se débattait. Harry tirait sur les liens, criait de plaisir. Il voulait étreindre ce corps qui lui donnait tant de plaisir, embrasser ces lèvres qui l'avaient exploré dans chaque recoin. Son immobilisation forcée le frustrait de même que sa cécité. Les grognements de Severus, le velours de sa voix, tout cela l'excitait plus encore. Le jeune homme voulait se libérer. Il était déjà haut, si haut. Son corps était en feu, son esprit menaçait de se déchirer. Les pensées cohérentes se faisaient rares tandis qu'il cherchait à se libérer pour prendre part active au délicieux traitement qu'il subissait. Mais Severus le voulait offert. L'homme prenait lentement le contrôle sur sa proie. A chaque coup de reins, la résistance d'Harry se faisait plus faible, ses gémissements plus forts. Ses suppliques se faisaient plus rares, au profit de son nom, d'encouragements. Le garçon semblait lâcher prise, emportant avec lui la raison de Severus. L'homme était emporté par son propre élan, assujetti au plaisir douloureux de ne pouvoir jouir. L'attente, longue, puissante, frustrante décuplait son plaisir de conquête et de possession. Son propre esprit basculait dans une rage animale avide de marquer, de revendiquer chaque centimètre de la peau du jeune homme comme sienne.

Les vagues de plaisir fracassaient l'esprit du jeune homme. Un plaisir suave et douloureux. Severus était partout autour de lui, en lui. Il sentait son corps fondre sous les doigts, les lèvres, la langue de l'homme. Harry avait cessé de se débattre, la faiblesse de son corps était d'autant plus forte que la jouissance était proche. Ses muscles tétanisés provoquaient des spasmes de pur plaisir dans son corps, contractant ses entrailles autour de la hampe qui le labourait consciencieusement. Les mouvements de Severus étaient amples, sauvages, bestiaux. Harry se sentait comme un bien que l'on revendiquait, et bon dieu ce qu'il aimait ça. Son corps ondoyait sous les assauts de son amant tandis qu'il criait son nom. Enfin, une vague plus forte que les autres le fit se contracter. Il sentit sa hampe douloureusement tendue éjecter enfin la myriade d'étoiles qui y dormait tandis qu'une explosion brûlante se répandait dans ses entrailles. Severus tomba sur lui l'enveloppant de ses bras. Le jeune lord ferma les yeux presque immédiatement et se laissa choir dans un sommeil bienvenu, ignorant que la magie née de leur plaisir avait purement et simplement dissipé les enchantements de Severus pour leur permettre à tous deux d'enfin connaître le repos.

*

Le soir tombait enfin sur Poudlard tandis que le Directeur faisait les cent pas dans son bureaux. Sur l'établi, un pli descellé. Devant lui, une jeune rousse éplorée. Les Weasley se rétractaient de l'alliance maritale et renonçaient au Mariage. Ginny était, semblait-il, inconsolable, mais ses parents étaient revenus à la raison, et les larmes de l'adolescente n'avaient pas suffit à les faire fléchir. Eh merde ! Son plan parfait pour s'approprier le garçon était tombé à l'eau, et il était manifeste que la manipulation ne fonctionnerait pas. Severus dans l'équation, il devenait dangereux de chercher à jouer au plus fin avec lui. L'homme n'était cependant pas le plus grand sorcier de sa génération en vain. S'il ne pouvait employer la ruse, il lui faudrait employer la force insidieuse d'une magie bien dosée. Severus avait été un loyal outil dans la lutte contre le Seigneur des Ténèbres, mais il devenait désormais un peu gênant. Quel malheur ce serait, n'est-ce pas, si le jeune Lord Potter était contraint au veuvage...

Sourire cruel étirant ses minces lèvres, le Directeur allait et venait en quête d'une idée. Il ne pouvait s'empêcher de clore les yeux par intermittences et d'imaginer ce que serait le plus doux moment pour savourer sa victoire. Attendrait-il quelques jours, ou viendrait-il lui-même annoncer au jeune veuf la perte tragique de son époux ? Il ne lui resterait alors qu'a poser enchantements et sortilèges jusqu'à ce que se révèle la véritable nature de son amant. Un jeune homme souple et soumis, offert à lui. Draps précieux révélant la peau de lait si désirable du jeune éphèbe. Il pourrait alors s'infiltrer en lui, avec la rudesse d'une conquête, glisser dans l'antre chaude et moite du jeune adulte. Il s'enivrerait des soupirs et des gémissements d'Harry. Un plaisir offert pour son bon vouloir. L'enfant de jadis se cambrerait sous ses caresses, remonterait sa croupe pour lui offrir l'antre dévouée de son anus. Le vieil homme irait et viendrait sans douceur, dans les profondeurs de sa chair jusqu'à leur épuisement. Leur délivrance. Albus Dumbledore était un conquérant, un amant puissant et possessif. Il ferait sien la terre d'un autre, même s'il fallait recourir au meurtre pour cela.

L'homme se tourna vers l'adolescente qui l'avait suivi des yeux et vu sa physionomie changer tandis qu'il songeait à un plan machiavélique.

« Eh bien, miss Weasley, que diriez-vous de jouer les Cupidons pour conquérir le coeur de votre futur mari ? Je me charge de faire de vous la nouvelle Lady de non pas un mais quatre titres pour peu que vous soyez coopérative !

- Je ferai n'importe quoi pour ça, professeur ! »

Bien, très bien.

Noblesse obligeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant