- prologue

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Elle marchait au beau milieu, d'eux. Ses bourreaux. Elle regardait devant elle, la tête haute, le regard fixant un point dans le vide, pour éviter de rencontrer leurs iris démoniaques qui risqueraient de la heurter encore une fois.

Leurs chuchotements traversaient sa peau, rentraient dans sa tête et n'y ressortaient pas. Une énième fois, le monde sembla lui chuchoter à l'oreille que la vie était aussi belle que cruelle. Que la vie torture les cœurs et s'acharne sur les âmes. On le lui répétait souvent, mais pourtant, elle était toujours là.

Malgré tout, elle marchait, encore et encore. D'un pas qui se voulait sûr de lui. Transpercée par leurs regards, elle ne s'arrêtait pas. Elle restait muette, comme si rien ne la touchait, comme si rien ne pouvait même l'atteindre. Quelle belle façade hypocrite qu'elle se donnait, un mur de fumée, une carapace qui ne s'avérait pas si puissante que cela, au final.

- Regardez ses cheveux, on dirait une retraitée..

- Même en friperie tu trouves pas de vêtement aussi moche !

- Si j'étais elle, je n'oserais même pas venir en cours.

- Elle me fait de la peine, pas toi ?

À l'entente de ces mots. Elle se brisa, une nouvelle fois. Ce n'était pas surprenant. Elle était fragile, même si elle ne le paraissait pas, même si elle ne voulait pas le montrer.

Elle s'appellait Ellie.

Elle avait les yeux bleus. Pas bleu clair. Bleu foncé. Le bleu de l'orage, du ciel déchiré par la foudre.

Ses cheveux étaient teints en gris. Ils lui arrivaient aux épaules. Pourquoi cette couleur ? Elle n'en savait foutrement rien. Peut-être en souvenir du ciel humide et triste qu'elle connu durant toute son enfance. Ce ciel qui reflétait toute la misère du monde et qui pourtant la fascinait.

Sa peau était claire. Elle était pâle, si blanche qu'on lui demandait souvent si elle était malade, si elle allait bien. Malgré ses longs moments à contempler le soleil, jamais il ne lui offrait les marques de ses rayons dorées. Non, Ellie était un peu comme une fille de la lune, finalement.

Ellie n'était pas très expressive. Elle l'avait été, avant de rencontrer ses bourreaux. Elle a fini par s'éteindre. Tout doucement, dans le silence, d'une douleur aussi atroce qu'un deuil insurmontable.

Elle se dépêcha de quitter le bâtiment, en marchant plus rapidement. Hors de question qu'ils ne la voient pleurer. Elle voulait rester digne. Elle avait beau se briser, encore et encore, Ellie avait une fierté et avec le peu de force qui lui restait, la préserver était son seul désir.

Alors elle prit le premier bus qu'elle vu. Peu importe où il allait l'emmener, elle s'en fichait. Tout ce qu'elle souhaitait était d'élargir la distance qui la séparait d'eux. Loin, loin, et toujours plus loin.

Dans le car, elle s'assit tristement au fond, elle mit ses écouteurs car eux au moins, avaient la décence de ne pas l'abandonner. La musique résonnait dans ses oreilles et faisait vibrer son cœur, lui rappelant qu'elle était bien vivante en ce bas monde. Et ses larmes qui ne demandaient qu'à couler, ne se firent pas attendre.

Le bus s'arrêta et elle descendit. Il pleuvait fort et elle n'y fit pas attention. Oh oui, Ellie aimait la pluie, car celle-ci cachait ses larmes et l'accompagnait dans ses sanglots. Peut-être que le ciel pensait aussi que la vie était injuste et que parfois, il pleurait lui aussi.

- Allez tous vous faire foutre ! Je vous déteste ! Tous !

Elle criait à s'en perdre les poumons.

C'était la goutte de trop.
C'était la larme de trop.


Jeune & Con | J.JKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant