- treize

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j'ai le droit d'être amoureux

Une, deux, trois, secondes. Ses yeux me transperçent, je savais que je ne pouvais pas procrastiner ce moment éternellement, et pourtant je baissai la tête. Non, je ne la releverais pas, je ne le ferais jamais car je ne serais plus en paix avec les personnes qui font battre mon cœur.

- Ellie. murmura-t-il du bout des lèvres

Pitié, ne dis pas mon nom. Arrêtes de berner mes émotions.

- Tu m'en veux ? l'entendis-je à peine

Oh oui, je t'en veux. Pour toutes ces nuits que tu m'as volé, ces douces paroles envolées ainsi que tes regards brûlant de vie sur ma figure. Je t'en veux pour les rêves que tu fais naître puis mourir en moi, les sourires transformés en larmes. Je t'en veux pour le vide, pour le meilleur et pour le pire.

- Est-ce-que tu as joué avec moi ? demandai-je doucement

Je sentis ses mains se poser sur mon dos, il me prenait au creux de ses bras, contre son cœur, je fermai les yeux. Il m'arrive de me brûler les ailes, mais c'est quand je sentis son odeur près de moi que la douleur s'apaisa. Son emprise sur moi s'accentua à mesure que les secondes s'écoulèrent.

- Jamais. chuchota-t-il au creux de mon cou

- Alors pourquoi es-tu aussi compliqué ?

Comment briser le silence qui l'entoure, le mystère qui l'abrite. Comment comprendre les regards, les sourires, les battements de son cœur que j'entends, l'oreille contre son torse. Oh oui, j'aimerais apprendre comment t'aimer sans sentir les déchirures à l'intérieur de moi sans arrêt, je ne veux plus de ces douleurs, de ces mots, de ces pleures.

- Je ne sais pas, je dois être un idiot. dit-il en serrant ma main

Je soupirai, non tu n'es pas idiot, ce n'est pas une excuse. Tu es un éternel indécis Jeon Jungkook, rien ne te plaît, tous te lasse. Tu ne t'exprimes que par les mots, mais jamais par les pleures. Voilà, pourquoi tu me fais peur. Tu ne montres rien et ce n'est que quand les nuits sont froides que tu me tiens chaud, un peu comme un piano, je t'aime malgré les larmes qui s'échappent quelques fois de mes yeux par ta faute, comme un soleil au milieu de la nuit, ou la lune décorant un ciel bleu, tu n'es pas compréhensible mais pourtant si formidable à mes yeux.

- Je ne te comprendrais sans doute jamais. haussai-je les épaules

Peu à peu, je reculai. Par peur, par tristesse, par maladresse ou par douleur. Je n'en sais rien mais mes jambes voulaient me guider loin de lui. À cette vue, il m'attira vers lui. Sur son visage, je pouvais y lire de l'inquiétude. Comme un enfant grondé par sa mère, il pinçait ses lèvres, cherchant ses mots.

- Ne pars pas, je changerai. fit-il

Souvent, je me demande où j'en serais si je ne l'avais pas rencontré, souvent je me demande comment j'ai pu aussi vite aimer quelqu'un, comment la naîveté peut être un si vilain défaut. La réalité c'est que je me rends compte, sa prau contre ma peau, que jamais je n'aimerais plus fort comme je le fais maintenant. Et ça me fait peur, d'être aussi vulnérable.

- Je ne veux juste pas me blesser. répondis-je amèrement

Honnêtement je ne savais rien. Si il m'aimait, me détestait, m'en voulait ou s'en fichait. Je ne savais que du néant. Quoi faire, ça non plus, je savais pas. Si je devais pleurer contre son torse, ou faire a fière en bombant le torse, le cœur se bat souvent contre la raison mais finalement on n'en ressort jamais vainqueur.

- Je ne te promets rien. Je n'aime pas appartenir à autrui.

J'hôchai la tête, jamais n'avais-je pensé une seule fois qu'il m'appartenait. J'entends la haine courir dans ma tête. Pourquoi diable pensait-il des choses qui je n'avais jamais dis. 

- Je crois que tu ne comprends pas. articulai-je difficilement

Je le vis arquer un sourcil. Je pris une grande inspiration. Un tourbillon en sentiments se déchaînait en moi, je lâchai sa main. Je ne voulais pas perdre pied, ni m'effondrer, pas encore, plus encore.

- Je crois que je t'aime. Alors..

Ma voix tremblait, à présent, un peu comme si plus rien n'existait autour de moi, comme si il n'y avait plus que lui, moi, et mon cœur entre ses mains.

- Si tu ne ressens rien, pars, je t'en supplie.

Il ouvrit grand ses yeux. Comme paralysé, il semblait figé comme une statut. Moi non plus, je ne bougeais pas. C'était plutôt dramatique de voir à quel point l'amour n'apporte pas que du bohneur mais bien d'autres choses aussi tranchantes que la lame d'un poignard. Le martyre aimer se jouer des cœurs, il les bloque dans des impasses sombres entre deux ruelles pour mieux les étouffer. On ne sait jamais vraiment ce qui nous tue à petit feu, on ne sait pas non plus pourquoi l'on pleure lorsque tout semblait briller.

Il ne répondait pas, alors je tournai les talons, contre mon gré. Je marchai, espérant que sa main m'attire vers l'arrière, mais rien, seul le vent frappant contre moi. S'il te plaît, ne me laisse pas faire. Après quelques pas, à quelques mètres de lui, je me retournai,  il se tenait encore là. Il n'avait pas bougé, même pas d'un millimètre. Ce n'était pas à moi d'être remplit d'amertume, me résignai-je. Je savais qu'il m'observait, malgré la distance, il était loin mais je distinguais parfaitement ses yeux bercés de secrets infranchissables.

Alors moi aussi je m'arrêtai, et je le fixai. Je mis mes deux mains devant ma bouche. J'ai tant besoin d'y croire encore.

- Et si tu ne veux pas que je partes, alors rattrapes-moi ! criai-je

Alors comme un dernier espoir, il se mit à marcher. Comme un miracle, il s'avança, sans s'arrêter, cette fois. Mes yeux pétillaient, je le savais. Mon cœur battait, au rythme de la distance entre nous qui mourrait. Cette fois-ci, il faisait jour, du haut d'un pont, au dessus d'une rivière, à quelques centimètres de moi, il posa presque violemment ses mains sur mes joues, avant de planter brusquement ses lèvres sur les miennes. Nos souffles s'entremelêrent comme si tel était leur destin. Il m'attira encore plus près et je me sentis flanchir. J'aimais sa façon de me retenir quand je semblais lâcher prise, j'aimais le soleil qui nous illuminait avant d'aller se coucher derrière les collines, j'aimais les lippes de Jungkook glisser sur les miennes et la mélodie de la rivière qui s'écoulait en dessous de nous.

Après quelques secondes, nous nous détachions. Je pouvais entendre nos respirations saccadées.

- Je ne me risquerai jamais à te laisser partir. fit-il en embrassant ma joue







Jeune & Con | J.JKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant