L'Amour, Par-delà le Temps (en cours de réécriture)

Chapitre 12

Démons ! 

Dès les premiers kilomètres, Tom sentit que ce serait difficile. La visite à sa mère et sa rupture récente d'avec Manon avaient réveillé de violents souvenirs. Il cherchait à les fuir, mais ils le rattrapaient maintenant, comme des monstres venus du passé, et ses pensées affluaient par vagues dévastatrices dans son cerveau, prêts à balayer sa belle dynamique retrouvée. À chaque foulée, chaque inspiration, son esprit charriait un nouveau flash plus douloureux que le précédent. Remontant à la surface, tambourinant dans son crâne au rythme des battements de son cœur. BAM ! BOUM ! BAM ! BOUM ! Et l'asphyxiant.

Souvenirs...

Il réentendait les disputes de ses parents, ressentait à nouveau cette même incompréhension, touchait du doigt ce malaise installé... ces non-dits, ces malentendus sans parvenir à la moindre conclusion.

BAM ! BOOUUMM ! BOOUUMM ! BAM !

Amertume. Honte, doute, colère.

Il refoula ces sensations insidieuses et força sur ses jambes pour allonger sa foulée.

Honte, alors qu'il allait à l'école, dans des vêtements froissés, parce qu'il s'était préparé seul et que sa mère pleurait après une énième engueulade avec son père.

Colère contre celui-ci qui la faisait souffrir.

Culpabilité lorsque ce dernier était parti, sans donner d'explication.

Un étau autour du cœur, une boule dans la gorge. Comme ça faisait mal de se sentir exclus, rejeté. Thomas sentit son souffle s'accélérer. Pas à cause de l'effort fourni. Non !

Il serra les dents pour retenir ses larmes et poussa un peu plus sa course en avant.

BAM ! BOUMBOUM ! BAM !

Rage ! Doute, peur de l'abandon.

Une pointe vive dans la poitrine terrassa Thomas. Non ! Il était plus fort que ça. Il ferma les poings avec force, à en faire craquer les jointures, et déchaîna sa course.

Rage qu'il avait sentie, et qu'il ressentait encore, lorsqu'il avait appris que son père aimait une autre femme et que, de cette union illégitime, était né un fils. Ce fils que l'autre était devenu et celui que Tom ne serait plus. Jalousie, désir inavoué d'être cet autre. D'être ce fils, digne héritier d'un père aimant.

BAM ! BOUMBOUM ! BAM !

Thomas haletait.

Jalousie.

Un creux dans l'estomac ! Il accéléra le pas, accéléra encore pour échapper à toute cette rage, cette colère, ces sentiments négatifs qui lui parasitaient le cerveau.

Pendant des années, son père avait cherché à combler ce manque d'investissement affectif par des cadeaux. Tout ce que Tom demandait ne s'achetait pas. Pourtant, il ne parvenait pas à se défaire de l'idée que... C'était sa faute ! Son unique faute ! Il n'était pas assez bien.

BAM ! BOUMBOUM ! BAM ! BOUM !

Tom cherchait à reprendre son souffle, mais les sanglots refoulés oppressaient sa poitrine.

Culpabilité. Colère. Peur.

Peur de décevoir en tant que lui-même, peur de ce sentiment d'abandon cristallisé par le divorce de ses parents, arrivé à une période charnière de sa vie : la puberté ! Ce passage délicat où les enfants se cherchent, se transforment, se posent ces grandes questions, toutes les questions, où le doute s'installe, et où l'apparence prime. Mais on ne changeait pas d'un claquement de doigts, surtout pas auprès des autres. Et encore moins auprès des filles. Cruel jugement de ces pairs qui nous renvoient nos défaillances ! Tel un reflet déformé de nous-même ! Mortel, celui que l'on se porte ! Ceux qui ne font qu'UN détestent les faibles. La différence était une aberration.