Chapitre 7 (suite)

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— Fait chier !

Sa journée commençait mal ! Il détestait être pris au dépourvu, préférant que tout soit planifié à l'avance – à l'image de sa vie. Pour le coup, c'était raté ! Pourtant, ce côté perfectionniste lui avait permis de réussir avec mention au BAC, d'être parmi les meilleurs étudiants à la FAC. Manon avait fait voler en éclats cette rigidité toute militaire. Il y avait trouvé son compte à l'époque, s'étonnant même de découvrir des facettes de lui-même non exploitées jusqu'ici. Maintenant, il prenait conscience de l'attrait pervers de cette insouciance puérile avec laquelle il avait flirtée. Enjôleuse et vicieuse désinvolture, apanage de l'enfance. Mais tellement éloignée de la réalité. C'était si facile de fuir les obligations de la vraie vie, seulement elle finissait toujours par vous rattraper. Et elle l'avait finalement rappelé à l'ordre.

Il s'était pris une belle claque !

Après un long soupir, il pivota vers le bureau, y prit un bloc note et un stylo-bile déposés là, la veille, et s'assit sur le rebord du lit. La couette défaite, encore chaude de la nuit, semblait l'inviter à se recoucher. Il aurait pu le faire, c'était vrai ! Qu'est-ce qui l'en empêchait ? Il n'avait rien de prévu. Mais ce n'était pas son genre. Une fois debout, il détestait se prélasser, s'arrangeant toujours à rester occupé : le corps et l'esprit. Entre salle de sport et librairie, et les cours. Il leva la tête de sa liste à peine griffonnée et se surprit à penser que Manon avait parfois raison : leurs études respectives laissaient peu de place à leur couple. N'était ce pas ainsi ? Le serait-ce toujours ? Le quotidien rongeait l'amour, même si l'un était vraiment attaché à l'autre. Voilà pourquoi il y avait tant de divorces. Voilà pourquoi ses parents s'étaient séparés ! Mais leurs échecs étaient-ils héréditaires ? Comme un lègue émotionnel. Atrophié des sentiments. Était-il condamné à réitérer les mêmes erreurs ? Cette simple idée lui était insupportable, lui, le perfectionniste. Il ferait tout pour que cela n'arrive pas !... Avec la prochaine !

Se replongeant dans sa liste, il notait un à un ce dont il avait besoin, dressant mentalement sa journée type, visualisant les placards et le frigo qui restaient bien vides, malgré tout. Encore des dépenses ! Quel gâchis ! Il secoua la tête, dans l'espoir de se libérer de cette mauvaise humeur et recommencer une journée plus sereine. Devoir retourner au supermarché faire des courses était une perte de temps et d'argent. Jamais il n'avait été aussi désorganisé et brouillon.

— C'est parti !

Ranger et organiser ses placards lui avaient ouvert l'appétit. Il consulta sa montre : 11h32. Le temps passait à une allure folle, il n'avait pas vu la matinée s'écouler. Peut-être était-il l'heure de préparer son repas ! Avec précision, il ouvrit un des rangements, en sortit un sachet de riz à l'endroit exact où il devait le trouver, glissa vers un tiroir dans lequel se trouvait inévitablement les ustensiles de cuisine, y piocha une cuillère en bois. Puis il se dirigea vers le frigo, l'ouvrit et attrapa les filets de poulet, le pot de crème, les citrons et les poireaux. Dans le meuble bas, il sortit une casserole et une poêle. Avec aisance, efficacité et amusement, il déambulait dans cette cuisine, réorganisée et optimisée à sa façon et, en moins de vingt-cinq minutes, son repas était prêt : fondant de poireaux sauce curry ! Recette suivie à la lettre... Ne rester plus qu'à déguster.

Satisfait, repu, il mit le reste de sa préparation dans une barquette en vue de la congeler, pour un soir ou un midi, au cas où il n'aurait pas le temps de cuisiner, puis il fit la vaisselle et se posa dans le fauteuil dans l'angle. Que pouvait-il faire, maintenant qu'il avait fait l'essentiel ? Bientôt 13hOO. Partir pour la FAC ?! Ce serait l'occasion d'affiner ses cours du second semestre et prendre de l'avance.

Dans une impulsion, il se leva du fauteuil et se dirigea vers son armoire qu'il ouvrit. Debout face aux vêtements tous alignés au cordeau, il attrapa l'une de ses vestes, suspendue à un cintre avec les chemises rangées par nuance chromatique, ferma les portes de l'armoire et ramassa portable et clés de voiture posés sur le bureau puis sortit, sans oublier de fermer la porte de sa chambre derrière lui. 




L'Amour, Par-delà le Temps (en cours de réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant