[YOUTH]

XVI

PDV Kim Namjoon 

Nous suivons tous les 8 l'ambulance, dans le van de Jin. Ils ont réussi à repêcher le corps de notre ami. Yun nous a présenté Yoongi, le garçon chez qui elle travaille. Il n'a pas beaucoup parlé, mais éprouve de la compassion pour nous. Il m'a l'air sympa.

Le père de Ji Min s'est fait embarquer par les flics. Je n'aurais pas supporter qu'il s'en sorte après ce qu'il a fait. La dernière image qu'on a eue de Ji Min, c'est quand ils l'ont tiré du fleuve, complètement inconscient et couvert de toute sorte de marques faites par son père. Je m'en veux tellement, on n'a pas su réagir à temps et maintenant il est entre la vie et la mort, dans un brancard qui l'emmène à l'hôpital. Jin me sort de mes pensées.

- Nam, on est arrivés. Me dit Jin d'une voix incertaine. Je crois qu'il ne réalisait pas ce qui se passait.

Je sors de la voiture, toujours aussi inquiet que quand on y est entré. Yun pousse Yoongi dans son fauteuil. Ses mains sont crispées sur les poignées du fauteuil, il la regarde le pousser, elle a toujours les yeux aussi mouillés. Je regarde tout le monde, les autres ne sont pas dans un meilleur état. Les gens autour de nous, nous regardent avec tristesse. Eux aussi, peut être, attendent que quelqu'un vienne leur annoncer une bonne nouvelle ? Ils ont tous le regard vide, plein de peines. Peut-être que derrière ces grandes vitres, un de leur proche est sur le point de mourir ou peut-être l'est-il déjà ? Je n'aime pas cet endroit, tout est triste et sans vie, silencieux et mort.

Morbide.

Mon cœur rate un battement en voyant le sourire rassurant d'Hoseok disparaître. Il parle avec une infirmière. Qu'est-ce qu'elle a pu lui dire ?! Hein ?! Qu'a-t-elle dit ? Comment est l'état de Ji Min ?! Il va s'en sortir, hein ?!

- Evidemment qu'il va s'en sortir. Dit Jin pour me rassurer.

- J'ai encore pensé à haute voix ?

- Nan, mais c'est ce que tout le monde veut entendre... Il esquissa un faible sourire.

- C'est vrai... J'ai peur Jin... Dis-je, tandis qu'une larme coulait le long de ma joue.

Il mit son bras sur mes épaules, ce geste se voulant réconfortant.

- Ji Min est un battant, il va s'en sortir avec succès, une fois que tout sera rentré dans l'ordre, on s'organisera un truc, tous ensemble !

- C'est gentil, mais je ne sais pas. Imagine que ce ne soit pas le cas, ses blessures n'arrangent rien à son état, j'ai peur qu'il ne se réveille pas.

- Il va se réveiller, j'en suis convaincu...

Je levai la tête, surpris par la personne qui venait de prononcer ces paroles. J'étais toujours assis sur un de leurs bancs, Yoongi se tenait devant moi, me fixant avec insistance. Il avait dit ça avec tellement de conviction que cela me donnait du courage pour y croire à nouveau. Je connaissais ce garçon depuis quelques heures mais lui agissait comme si nous nous connaissions depuis des années. Son calme et sa force d'esprit m'impressionnaient beaucoup. Je lui souris faiblement pour lui montrer qu'il m'avait un peu remonté le moral.

Taehyung quant à lui était inconsolable. Il faisait les mille pas en tournant en rond. Il s'énerva brusquement et tapa du poing sur le banc. Le bruit résonna dans le couloir qui était calme. Après avoir tapé violemment son poing, il tomba à genoux sur le sol, la tête baissée et son visage caché par ses cheveux, prononçant des jurons de plus en plus grossier. À l'écouter, on entendait qu'il s'en voulait, il s'en voulait de ne pas s'être aperçu de ce que vivait Ji Min, surtout quand il l'a croisé à la banque.

Je ne disais rien, j'avais remis ma tête dans mes mains en réfléchissant à des choses positives. Ils avaient fait l'effort de me remonter le moral, je n'allais pas perdre la face maintenant. Je devais rester confiant et calme, pour ne pas que les autres me voient effondré.

Hoseok revint enfin vers nous après avoir discuté avec l'infirmière. Il souffla un bon coup puis se lança pour parler.

Hoseok : actuellement, il est dans le coma. Son état peut redevenir instable, mais pour l'instant sa vie n'est plus en danger. Ils ne savent pas quand il va se réveiller. Ça peut être dans deux jours, trois mois, un an ou plus. Ils disent qu'il faut un élément déclencheur pour qu'il se réveille. En gros, que quelque chose d'extérieur, réveille en quelque sorte, son cerveau. Comme la présence d'une personne ou un geste, comme lui caresser le visage, un bisou sur la joue, ou d'autres choses. Il faut qu'il se sente entouré et vivant.

Il baissa la tête. Au moins, sa vie n'était plus en danger. Taehyung se calma, Jungkook soupira de soulagement, Jin essaya d'esquisser un petit sourire, Yun serra plus fort la main de Yoongi qui lui, caressait le dessus de sa peau avec son pouce, May-Leen frottait vivement le dos de Kookie, tandis que moi je posais ma tête sur l'épaule d'Hoseok, cherchant qu'on me réconforte.

LA VIE DE JI MIN N'ÉTAIT ACTUELLEMENT PLUS EN DANGER, DIEU MERCI !

Une fois qu'il serait réveillé, on organiserait une grande fête en son honneur et tout rentrerai dans l'ordre, dans le meilleur des mondes.

Ji min, réveille-toi vite, on a tellement de choses à partager tous ensemble, il faut que tu rencontres Yoongi en plus, ta vie est encore longue et belle, alors ne reste pas trop longtemps dans le coma, réveille-toi, fais ça pour nous...

****

PDV Jung Hoseok

Un mois s'est écoulé depuis cette nuit horrible où notre quotidien a basculé. Nous essayons de le voir le plus possible à l'hôpital, le soir après les cours, et de créer des réactions pour réveiller son cerveau actuellement toujours endormi. Sa mère est sortie de l'hôpital et a été placée dans un endroit spécial pour les femmes battues par leur mari. Je suis allé la voir une fois, elle se remet doucement de ses émotions et est apparemment de plus en plus joyeuse chaque jour. C'est ma mère qui me l'a dit, elle travaille là-bas. Je suis content pour elle, vraiment. Je pris mon écharpe puis sortis de ma maison, dans le calme pour ne pas réveiller ma mère qui est rentrée tard de son travail hier. Je pris le bus pour aller jusqu'à l'hôpital. Je retrouvais le nombre de sa chambre puis entrais. Il n'était toujours pas réveillé, à chaque fois que j'ouvrais la porte, j'avais ce petit espoir qu'il soit là, à attendre patiemment que quelqu'un arrive s'occuper de lui. Je m'asseyais sur le tabouret à côté de son lit et le regardais "dormir".

Il est tellement mignon quand il dort, son visage enfantin paraît serein. Il n'imagine sans doute pas la panique et la peur qu'on a pu ressentir pendant qu'il était entre la vie et la mort. Ce n'est pas plus mal comme ça. J'ai essayé par tous les moyens de le réveiller, les autres aussi, je lui ai tenu la main, lui ai fais des bisous, des câlins, caresser les cheveux, je lui ai même fait des chatouilles, mais rien. C'est l'infirmière qui m'a conseillé de faire tout ça, mais visiblement, ça n'a pas marché. Depuis quelques jours, je voudrais faire quelque chose, mais je n'ose pas. Ça me trotte dans la tête. Si je le faisais ça ne marcherai sans doute jamais. De toute façon, il ne sentirait rien. Allez Hoseok, essaye, imagine ! Nan, n'imagine pas, tu vas te défiler encore si tu le fais.

Et puis, la vie n'est pas un conte de fées.

Je m'approche doucement de son visage, un peu hésitant, puis me décida à le faire vraiment. Je pris son visage entre mes mains, le regardais une dernière fois, toujours les yeux clos, puis posais délicatement mes lèvres sur les siennes. Je fis passer toutes mes émotions de ce dernier mois dans ce baiser. Il était à la fois puissant et doux. Je saisis ce moment avec beaucoup de douceur et me décollais finalement de lui. C'est lui qui m'avait fait réaliser que j'étais gay, sans le savoir évidemment. Tombé amoureux de l'un de ses meilleurs amis, on se croirait dans un drama !

Je regardais ma montre, je devais déjà y aller. Je lui fis un dernier bisou sur le front et parti. J'allai être en retard. Ce soir, Jungkook nous avait tous invités pour qu'on passe la soirée ensembles, histoire de souffler un peu par rapport aux derniers événements.

J'arrivai avec trente minutes de retard. Jungkook m'ouvrit la porte.

- Ah, Hoseok ! Je commençais à m'inquiéter ! Dit Jungkook en souriant.

J'entrais dans sa grande maison. Je n'y étais pas retourné depuis l'épisode de la piscine.