Quel merveilleux nom, n'est-ce pas ? À peine rassurant hum... Moins de deux mille mots pour celui-là mais beaucoup de rebondissement !
Le Castro Club était un établissement capable d’accueillir plus d’une centaine de personnes. Il se situait sur à l’intersection de Rayburn Street et Liberty Street. Deux vitrines donnaient sur l’intérieur qui était l’image parfaite d’un bar américain : des banquettes larges, un comptoir aussi long que la salle avec une rangée de tabouret, une scène au fond avec un petit espace vide devant. Il y avait une porte à droite qui menait aux loges.
Un soir d’automne, deux hommes entrèrent. Le premier était grand et fin, des cheveux noirs gominés et deux yeux perçants, l’air scrutateur. L’autre était plus petit et fort, blond, une moustache surmontant une bouche souriante, ses yeux bleus pétillaient. Ils observèrent la salle un moment, pleine comme chaque samedi soir. Des musiciens jouaient sur la scène devant laquelle étaient amassées quelques personnes qui dansaient. Les deux hommes s’assirent au bar, là où deux places venaient d’être délaissées.
« Que faisons-nous là Holmes ? demanda le blond.
-Du repérage mon cher Watson, répliqua le susnommé à son oreille. Je ne m’attends pas à trouver Lestrade tout de suite, mais au moins des gens qui le connaissent. »
Watson avait rougi, son cœur s’était emballé et il faillit jurer. Il n’avait pas l’habitude d’une telle proximité avec son ami, aussi intime soit-il que de vivre sous le même toit pendant plusieurs années. Il acquiesça pour montrer qu’il avait compris afin que Holmes recule, mais il n’en fit rien.
« Holmes ? »
Le détective retenait son souffle. Ça ne présageait rien de bon.
« Un homme nous fixe, à côté, lui explica-t-il enfin. Je ne crois pas que ce soit Lestrade mais c’est un policier. Faites attention. »
Ce serait plus simple si vous ne vous colliez pas à moi, pensa son interlocuteur.
« Très bien, lâcha Watson en se reculant légèrement. »
Il retint un soupir de soulagement quand son ami s’écarta.
Le barman vint à eux, son torchon sur l’épaule et leur demanda ce qu’ils voulaient boire. Le criminologue demanda à la place où se trouvait les toilettes. L’homme le regarda, cligna des yeux, puis hocha la tête.
« C’est pourquoi ? demanda-t-il à voix basse. »
Holmes se rapprocha de lui et lui répondit si bas que Watson ne put l’entendre :
« Une soirée très privée, je ne suis pas un policier. En revanche l’homme au whisky derrière moi en est un. »
Le barman le fixa un instant, les sourcils froncés.
« La porte au fond, à gauche dans la cour, indiqua-t-il, puis il se tourna vers d’autres clients. »
Holmes attrapa le poignet de son compagnon et se dirigea vers ladite porte. Il n’hésita pas à la pousser et traversa le couloir. Une seconde porte mena les deux hommes dans une petite cour extérieure fleurie et pavée. Il y avait un portail à gauche qui menait à des escaliers. Holmes les descendit avec excitation, mais il se stoppa devant la dernière porte et se tourna vers Watson.
« Watson, vous vous souvenez de ce que j’ai dis à Londres ? interrogea-t-il.
-Que ‘’nous sommes un couple qui cherche à rencontrer des gens semblables’’ ? cita le médecin. »
Le sourire satisfait de son ami lui répondit.
« Ça vaut pour ici également, précisa le détective. »
Un hochement de tête et il ouvrit la porte, laissant entrer Watson avant lui.
La salle n’était pas très grande, mais elle était remplie. Les gens discutaient, s’embrassaient ou buvaient. Il prit le temps de regarder autour, l’ambiance générale. Tout le monde semblait heureux. Il n’y avait même pas de crainte, alors qu’à Londres c’était plus discret, plus intime… La différence le frappa. Ce qui le frappa encore plus, c’est qu’il se sentait à l’aise, et il réussit même à ne pas rougir quand Holmes lui prit le bras et l’emmena s’asseoir sur une banquette en demi-cercle. Il y avait, semblait-il, deux autre couples qui formaient en tout un groupe de trois femmes et d’un homme. Watson les salua avec un signe de tête et un sourire alors que le détective était plus froid, assis au bout. Lui n’était apparemment pas à l’aise, et son ami le remarqua. Se pourrait-il qu’il soit contre… ? L’enquête l’oblige, mais qu’est ce qui le retiendrait de rentrer à Londres, de dénoncer Lestrade, Gregson, Roberts… lui ? Il se mordit la lèvre et éloigna ces pensées, se détournant de l’homme froid à ses côtés pour regarder ses nouveaux compagnons. L’homme, qui était à côté de lui, se rapprocha jusqu’à coller son torse contre son flanc et passer un bras autour de son épaule. Il sentit la gêne monter en lui.
« Bonsoir jeune homme… lança l’homme d’une voix languissante.
-Attention chéri, je crois que tu lui fais peur, rit la femme à côté de lui. »
L’homme s’écarta alors, mais garda son bras autour du médecin.
« Vous êtes nouveaux ici, non ? demanda l’une des deux autres femmes en s’approchant avec intérêt. »
Elle semblait avoir à peine vingt ans.
« Oui, nous sommes venus sur les conseils d’un ami, Gregory, répliqua Watson. Nous venons de Londres mais.. nous sommes en vacances ici, à San Francisco.
-C’est une magnifique ville, n’est-ce pas ? demanda l’homme en le dévorant du regard.
-Nous ne sommes arrivé qu’aujourd’hui, fit le médecin. Nous n’avons pas encore eu le temps de visiter. »
Holmes s’approcha à ce moment là de son cher Watson et retira la main déplacée.
« Et nous comptions le faire demain, intervint-il avec un regard noir. Holmes. »
L’homme se recula contre sa femme face à l’air du détective. Elle se mit à rire.
« Walters, se présenta-t-il.
-Chéri, tu devrais arrêter de toucher les personnes déjà prises et garder tes mains pour moi, lança sa femme en l’enlaçant et posant un baiser sur sa joue. Je m’appelle Anna.
-Vous feriez mieux, continua Holmes en fixant toujours Walters. »
L’homme se racla la gorge pour reprendre contenance.
« Je vous demande pardon, s’excusa-t-il.
-Donc vous êtes venu sur les conseils d’un ami ? reprit la deuxième fille, amusée, qui ne devait pas être beaucoup plus vieille. Et l’endroit vous plaît ? »
Elle semblait impatiente. Sûrement avait-elle attendu la fin de l’altercation pour parler. Se fut Holmes qui acquiesça.
« Oui, Gregory Lestrade. Il n’est pas ici depuis longtemps mais nous a déjà conseillé cette endroit.
-C’est bien différent de ce qu’on trouve à Londres, renchérit son ami. Plus libre je dirais. »
Anna leur sourit.
« Ça doit être un peu le choc des cultures pour vous…
-Oui, plutôt, rétorqua l’ex-soldat. Même si nous voyageons beaucoup avec.. mon cher Holmes. »
Il espérait que personne n’aie remarqué son hésitation.
« Mais c’était seulement en Europe, poursuivit-il. C’est la première fois que nous partons aussi loin.
-Le Nouveau Continent n’a rien à envier à l’ancien, croyez moi, répliqua Anna.
-Excusez nous, nous devons y aller, coupa Holmes en regardant sa montre. »
Il attrapa le poignet de Watson et se leva pour disparaître dans la foule. Il se glissa dans une alcôve pour faire le point.
« Ces gens-là ne nous apprendrons rien sur Lestrade, expliqua-t-il en premier lieu. Mais je suis convaincu qu’il est déjà venu ici. Nous ferions mieux de parler à d’autres personnes. Faites attention cependant, j’ai remarqué plusieurs regards insistants de la part du groupe derrière moi, au centre de la pièce. »
Holmes jeta un regard par-dessus son épaule, se tendit et revint à son ami. Ce dernier, qui avait remarqué le changement d’attitude, allait demander ce qui n’allait pas mais il fut coupé par une paire de lèvres fines contre les siennes. Il sursauta et gémit de surprise, considérant l’homme qui l’embrassait, ses yeux à peine fermés et sa main, si parfaite, qui vint se loger dans sa nuque. La sensation était aussi excitante qu’avait pu l’imaginer le médecin qui se laissa faire face à un Holmes autoritaire qui les fit se tourner légèrement et approfondit maladroitement le baiser. Watson avait chaud, terriblement chaud, et son cœur battait follement dans sa poitrine. Il ferma les yeux, lui aussi, mais rien n’y faisait. Il sentait le plaisir grimper, autant qu’un désir qu’il avait toujours su taire. Après tout, il avait toujours aimé les hommes, presque plus que les femmes, mais ne s’était jamais accordé un égarement en leur compagnie.
Quand le détective s’écarta, son compagnon ne fut soulagé que pour une courte durée vu que le criminologue pressa son visage au creux de son cou, comme s’il l’embrassait.
« Désolé de vous avoir pris de court, Watson, s’excusa-t-il, mais le groupe nous suspecte justement…
-Nous suspecte de quoi ? questionna le susnommé en cachant son excitation comme il le pouvait.
-D’être des policiers, précisa alors Holmes. Ce serait contre-productif que quiconque le pense. »
L’ancien soldat acquiesça et soupira discrètement de soulagement quand l’autre se redressa. Ils se regardèrent un instant dans les yeux, en silence, avant que Holmes ne sourit et ne tende la main.
« Vous sentez-vous prêt à repartir ? demanda-t-il galamment. »
Watson prit sa main en souriant également, rougissant malgré lui.
« Toujours, répliqua-t-il. »
Son ami l’entraîna alors à l’opposé des trois femmes et de l’homme qu’ils venaient de quitter. Ces dernières leur lancèrent un regard rempli de sous entendus accentué par le rougissement toujours plus évident du docteur.
Un cri retentit. Pas comme un appel à l’aide mais comme un avertissement. La salle se raidit de concert, puis se fut la panique. La plupart se ruèrent vers l’entrée. Un claquement sec suivit, comme un coup de matraque, et l’agitation se tut. Il y avait apparemment une lutte dans les escaliers. Un coup de feu fut tiré, et un homme retomba, ensanglanté, au bas des marches. Des exclamations d’horreur fusèrent et quelques personnes s’évanouirent. Un policier entra dans la pièce, suivit de nombreux autres, et rapidement une vingtaine d’entre eux arrêtaient les clients du Castro Club. Watson lança un regard effrayé à Holmes, qui le lui rendit. Il y avait une porte qui menait à une sortie de secours que certains et certaines avaient empruntés pour éviter la prison. Le détective attrapa la main de son ami et voulut courir, mais ce fut si soudain que celui-ci, à cause de sa jambe invalide, trébucha et s’étala au sol. Holmes se précipita à ses côté et le releva, passant son bras à ses épaules pour qu’il s’appuie sur lui. Un policier, qui les avait remarqué, leur lança une injonction à rester bien sage et avança vers eux. Watson se sentit alors poussé en avant et manqua de s’écraser de nouveau. Deux bras fins mais assez puissants pour le relever l’attrapèrent. C’était Anna. Il lui lança un sourire chaleureux avant de se retourner : son ami se battait avec le policier qui essayait de le maîtriser. Il voulut aller l’aider mais la femme le poussa d’autorité vers la sortie de secours. La porte fut scellée derrière eux et ils montèrent les escaliers qui menèrent à une maison. Avant d’arriver en haut, ils entendirent un nouveau coup de feu, et le cœur du médecin se serra d’effroi. Il imaginait déjà son cher ami mort ou blessé en prison et se maudit.
« Ça doit être rempli de policiers au dehors, lança Anna qui, ayant remarqué la détresse de son nouvel ami, essayait de lui changer les idées. Mais je connais ce quartier comme ma poche, je vais nous sortir de là. »
Elle tenait Watson fermement. Ils montèrent au troisième étage de la maison puis accédèrent tant bien que mal aux combles grâce à une échelle. De là, ils pouvaient passer d’une maison à une autre car il n’y avait pas de séparation. Ils descendirent dans ce qui ressemblait à un refuge puisqu’une dizaine de personnes se trouvaient déjà là, dont certaines qui venaient de s’installer. Il y en avait une que le médecin reconnut tout particulièrement.
« Lestrade ?! »Est-ce réellement Lestrade ? La fanfiction se terminera-t-elle au chapitre six ? En vaut-il la peine de continuer à lire s'ils l'ont déjà trouvé ? Eh bien, lisez la suite pour le savoir !
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Les Invertis
FanfictionLorsqu'un certain inspecteur de Scotland Yard disparaît, c'est Gregson qui vient voir le grand détective et son ami, paniqué. D'Europe en Amérique, Sherlock Holmes et John Watson mèneront l'enquête mais celle-ci les mènera jusqu'aux tréfonds d'un mo...