Klaim passion ne pas garder le suspens très longtemps.
Il était seul dans la nuit. Les réverbères éclairaient son dos long et fin, courbé vers le sol. Il avait les mains dans les poches et marchaient d'un pas rapide, ignorant le sang coulant de son bras et de son nez. Son visage était bleui de coups, ses habits déchirés et ensanglantés, mais il continuait sa marche. Sans ciller. Son esprit déjà tournait à mille a l'heure, cherchant, fouillant chaque recoin de sa pensée.
La silhouette disparut dans un immeuble, puis réapparut à une fenêtre du dernier étage. Assise sur le lit près de la vitre, sa forme se découpa dans la lumière de la lampe de chevet. Il tourna la tête vers le bureau, et on aperçut alors le profil fin de Sherlock Holmes. Il se leva et s'y dirigea. Penché sur le bois, il griffonna sur un papier, le contempla un instant puis le déchira. Il envoya valser la chaise d'un geste rageur, puis reprit une autre feuille et retenta d'écrire. Quelques gouttes de sang coulèrent de ses cheveux dessus, mais il ne s'en formalisa pas. Il relut, plusieurs fois, ce qu'il avait écrit puis la glissa dans une enveloppe qu'il reposa au milieu du bureau. Il retourna s'asseoir sur le lit, pressa ses mains entre elles, sous son menton, et ferma les yeux. Il inspira profondément, souffle, répéta la procédure trois fois, mais il semblait toujours fébrile, alors il rouvrit les yeux. Il regarda par la fenêtre un moment, s'attendant sûrement à voir quelqu'un arriver du bout de la rue, mais rien ne se passa. Personne ne retenait son attention, pas même les quelques touristes tardifs dont il aurait pu tirer quelques déductions pour se changer les idées. Pendant sa contemplation, la pluie commença à tomber. Puissante, bruyante, elle ressemblait à un torrent que la mer venait recracher sur la ville. Cette distraction ne suffit pas, non plus, à lui changer les idées. Au contraire : il ne s'inquiétait que plus, faisant les cent pas d'un bout à l'autre de sa chambre.
Le détective décida finalement qu'il devrait dormir, s'occuper de ça le lendemain, et se coucha donc. Mais, pour la première fois de toute sa carrière, le problème ne partait pas. Il restait là, au premier plan de ses pensées, le tenant éveillé.
La lettre fut postée très tôt le matin. Il pleuvait toujours, laissant la ville dans un brouillard humide et sous un ciel gris. Holmes n'avait pas réussi à dormir, bien qu'il l'eut voulu. Il n'avait qu'une idée en tête : retourner au Castro Club et retrouver son Watson. Au diable Lestrade ! Mais le souvenir douloureux de la balle contre son épaule et des coups du policier l'en empêchait. Peut être des inspecteurs étaient toujours sur place, et ils le reconnaîtraient, il en était sûr. La veille, il avait laissé son assaillant assommé avant de s'enfuir, mais ça ne serait qu'une question de temps avant qu'il soit arrêté s'il se baladait en ville. On le reconnaîtrait, il le savait.
Dès ce jour, ce ne fut qu'attente. Il ne partirait pas tant qu'il n'aurait pas retrouvé son ami, mais les seuls indices qu'il pourrait obtenir étaient trop dangereux. Son esprit était empoisonné, le venin étendait sa toile dans son esprit, contaminant ses idées et le spleen n'avait jamais été plus fort que lors de ces quelques jours. Et sans cocaïne, il sombrait dans une apathie dépressive, une atrophie de l'esprit qu'il n'avait pas la force de réprimer. Il était amorphe, fumant à longueur de journée, ne se nourrissant presque pas, faisant seulement le chemin entre le bureau et le lit. Et il y avait, au fond de lui, la pensée de Watson qui désapprouverait ce quotidien. Mais il n'était pas là pour le faire, et ça le blessait d'autant plus.
Plus d'une semaine passa ainsi, et déjà Holmes ressentait les effets de son apathie, mais il ne voulait pas en changer. Le courrier s'amassait sur le bureau, des lettres de madame Hudson, Hopkins, encore madame Hudson... Un coup à la porte le fit sursauter. Il se leva et se dirigea vers la porte. Ses membres atrophiés le portaient par miracle à ce stade-là. Il ouvrit la porte sur un inspecteur aux joues rouges emmitouflé dans un large manteau. Gregson sursauta en voyant le détective affligé ainsi, et son air devint suspicieux quand il aperçut la fumée ambiante derrière.
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Les Invertis
FanfictionLorsqu'un certain inspecteur de Scotland Yard disparaît, c'est Gregson qui vient voir le grand détective et son ami, paniqué. D'Europe en Amérique, Sherlock Holmes et John Watson mèneront l'enquête mais celle-ci les mènera jusqu'aux tréfonds d'un mo...