Chapitre 8*

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Pdv de Rye

Je vois qu'il lutte contre le sommeil, je sais très bien pourquoi : il ne veut pas nous laisser, pas si tôt. Ça me fait mal de le voir comme ça, à ne pas savoir quoi faire entre rester pour nous ou partir.

«-Eh, dis-je pour attirer son attention. Ne culpabilise pas . Tu n'y peux rien. Tu as fait tout ce que tu as pu, cette maladie a été plus forte que toi. Mais je sais que tu as lutté de toutes tes forces, tu t'es battu autant que tu as pu. Mais maintenant, ne lutte plus contre cette garce que l'on appelle la mort pour rester avec nous et te battre encore de plus en plus. Si tu te sens partir, c'est que le moment est arrivé. Je... Je ne t'en voudrais pas, je sais que ce n'est pas ce que tu veux. »

Il releva la tête, les yeux fatigués et pleins de larmes.

"Je suis tellement désolé Rye. Tellement désolé que ça soit tombé sur toi. Que tu souffres autant à cause de moi. Je t'aime de toute mon âme et je m'en veux tellement de te faire du mal"

Les larmes me montèrent aux yeux.

"-Ce n'est pas de ta faute." Ce sont les seuls mots qui réussissent à franchir ma bouche.

"-Je t'aime Rye. Je t'aime tellement."

Aucun mot ne peut décrire ce que je ressens en entendant ces derniers mots. Il remet sa tête sur ma poitrine, et nous continuons à regarder le film que Mikey adore, dont je ne connais pas le nom, et je m'en fiche. Je ne regarde même pas le film, perdu dans mes pensées. Je repense à cette conversation que nous venons d'avoir, à la façon qu'Andy a de culpabiliser alors qu'il n'y est pour rien. Puis une dizaine de minutes plus tard, je m'endors, trop épuisé par ces deux semaines à pleurer.

****

Je me réveille et tout est noir. Aucune lumière entrant comme dans la « Mindy room » comme on l'appelle, à part un réveil et les quelques voyants de la télé, seules lumières parmi cet océan d'obscurité. Je ne sais pas quelle heure il est, mais on doit être en plein milieu de la nuit, car il n'y a aucune lumière dehors. Les garçons ont dû aller se coucher il y a quelques heures et Mikey doit sûrement dormir dans mon lit, mais je n'ai rien entendu, je dormais trop bien. Beaucoup trop bien. Tellement bien que j'en ai oublié Andy. Je me tourne vers la droite et le vois, les yeux fermés. Je caresse doucement sa joue, mais aucun mouvement de sa part. Je secoue doucement son bras, mais rien non plus. J'embrasse alors rapidement ses lèvres, elle sont congelées. Alors ça y est. Ce moment que j'ai tant redouté est arrivé. L'amour de ma vie n'est plus de ce monde, et je n'ai même pas été présent pour lui. Enfin si, physiquement j'étais là, mais je n'ai pas été là pour le voir pendant ses derniers instants. Et je m'en veux terriblement. Je n'ai pensé qu'à dormir, qu'à moi, encore une fois. Une douleur terrible traverse mon coeur, si terrible que je tombe par terre. Un cri sort de ma bouche, provenant du plus profond de mes entrailles. Mon coeur est comme transpercé par des centaines de lames, et ça ne s'arrête pas. Les larmes dévalent mes joues, je tire mes cheveux avec mes mains, si fort que mes pleurs redoublent d'intensité. Mon âme soeur, mon frère, ma moitié, l'une des seules personnes qui me comprenne est partie à jamais, et me laisse là, seul et détruit.

Les garçons, automatiquement alertés par mes cris, se précipitent à la porte. Ils restèrent quelques secondes plantés là, ne sachant pas quoi faire, alors que je suis toujours par terre, n'ayant pas la force de me relever, ou même de regarder le corps sans vie d'Andy. Puis d'un coup, tout commence à ralentir. Comme si le temps avait été mis sur pause, et que l'on avait oublié de rappuyer sur play.

Mikey qui vient me voir et mamène dans une autre pièce, Brook qui appelle les urgences pendant que Jack lui, panique beaucoup trop. Les pompiers qui arrivent et déclarent la mort d'Andy. L'attente interminable du médecin, seule personne à pouvoir prononcer l'heure du décès. Puis l'embarquement d'Andy vers les chambres funèbres. Tout s'est passé en à peine deux heures, et portant c'est comme si ça avait pris des jours.

Je n'avais rien prévu de tout ça. Je savais comment ça se passait, la mort, je pensais m'y être préparé, mais on ne peut vraiment s'y préparer. On ne sait ce que c'est qu'une fois que l'on le vit, et on ne devrait jamais vivre une chose aussi douloureuse. C'est une chose qui vous prend au dépourvu, ne vous lâche jamais, vous suit toute votre vie. Mais on ne le sait que trop tard. Une fois qu'il nest plus possible de dire à la personne à quel point on l'aime et elle est importante à nos yeux, une fois qu'elle ne nous entend plus. Une fois qu'elle est morte. Qu'elle est dans un autre monde, que j'espère être meilleur.

Don't leave me alone/Randy Story/FRENCH/TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant