#37 Texte : Sucreries II

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Amer. Amer. Amer.
Tous les regards sont braqués sur moi. Des regards amusés. Dégoûtés. Je tente de disparaître tant bien que mal dans toutes mes couches de vêtement, rentrant les épaules dans mon écharpe. Leurs yeux se détournent peu à peu tandis que les cliquetis de mon sac s'arrêtent et que je m'assois. Ma main passe machinalement dans mes affaires pour y trouver du réconfort. Pour effacer ce goût âcre qui depuis quelques semaine ne quitte que peu ma bouche.
Je bouffe. Sans savourer, j'engloutis ma dose de sucre du matin. La saveur se dépose doucement sur mes papilles et m'apaise. Ma respiration, doucement, ralentit, mes muscles de décontractent. Je me laisse glisser sur ma chaise tandis que le goût amer revient petit à petit. Dans quelques heures à peine, il faudra à nouveau calmer ce besoin compulsif de douceur.
Et puis, pourquoi n'irais-je pas chercher un chocolat chaud après tout ? Par ces froides matinées d'hiver, rien de plus réconfortant. Tandis que le doux liquide s'écoule, je sens le regard des autres qui me juge, et ma langue devient pâteuse. Je frissonne et m'encouble dans mes propres pieds.
Un peu de chaleur, et un goût sucré qui ravit chacune de mes papilles. Un sourire s'esquisse malgré moi sur mes lèvres. Toute l'amertume résiduelle est partie, lavée par ce merveilleux liquide chaud.
Puis viennent les cours. Des heures de torture qui renforcent l'aigreur dans ma bouche. Mes mains se plaquent sur mes lèvres dans une convulsion.
Amer. Amer. AMER.
Tout se tord autour de moi. J'ai besoin de plus de chaleur. J'ai besoin de plus de douceur. J'ai besoin de réconfort. Alors je sors de la salle discrètement, ma lame cachée dans une de mes manches.
La porte des toilettes se ferme dans un cliquetis caractéristique. Puis, assise à même le sol, la tête contre le mur, je dénude ma peau.
Tchik. Tchik. Tchik.
La chaleur commence à se répandre en moi. Une douce douleur injectée en intraveineuse. Ma tête tourne et je regarde mon avant bras.
Une couleur si vive, presque criante, dans un monde si terne. Des gouttelettes ou la lumière se reflète tendrement.
Je me lève et reviens à ma place. Des regards amers viennent me cueillir dès mon entrée. Mais, shootée à ma propre douceur, plus rien ne peut m'atteindre. Du moins, pour quelques heures.

Cat, Sue et BellaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant